Nouvelle défaite judiciaire pour Vincent Bolloré et Vivendi. Le site "Les Jours" annonce que le groupe médias vient d'être condamné par le tribunal de grande instance de Paris à verser 3.000 euros au journaliste indépendant Nicolas Vescovacci, au titre des frais de justice, ainsi que 8.000 euros pour "procédure abusive". Selon la juridiction, Vivendi "apparaît avoir agi avec une particulière témérité". Dans "Les Jours", Olivier Baratelli, avocat de l'industriel d'origine bretonne, annonce l'intention de Vivendi de faire appel de ce jugement qualifié de "surprenant". Il dit par ailleurs espérer que la cour d'appel verra différemment "le comportement inacceptable de monsieur Vescovacci".
Co-auteur du livre "Vincent tout-puissant" (éditions Lattès), paru en janvier 2018, Nicolas Vescovacci, par ailleurs co-auteur du documentaire sur le Crédit mutuel censuré par Canal+, était attaqué par Vivendi pour "dénigrement", "négligence fautive" et "harcèlement". Le groupe lui réclamait 750.000 euros dont 350.000 euros pour préjudice moral, 350.000 euros pour préjudice d'image et 50.000 euros pour les frais engagés. Il était reproché au journaliste d'avoir, dans le cadre de son enquête, envoyé des questions jugées accusatoires à plusieurs cadres du groupe Vivendi. En décembre, selon des propos rapportés par "L'Obs", l'avocat de Vivendi avait accusé Nicolas Vescovacci lors de la première audience de vouloir "détourner les téléspectateurs de Canal+", "déstabiliser le groupe" et "influencer le cours de ses actions en Bourse".
"C'est une première que Bolloré soit condamné pour procédure abusive !", s'est réjouit maître William Bourdon, avocat de Nicolas Vescovacci, dans les colonnes des "Jours". Pour l'avocat, ce jugement pourrait marquer "un coup d'arrêt à l'instrumentalisation judiciaire intarissable du groupe Bolloré". Vincent Bolloré est en effet coutumier des procédures contre les journalistes, qualifiées de "procédures baillon" par de nombreux représentants de la profession.
Vincent Bolloré attaque ainsi quasi-systématiquement, le plus souvent en vain, les enquêtes le concernant lui ou ses activités. En juin dernier, le tribunal correctionnel de Nanterre avait relaxé le groupe France Télévisions et le journaliste Tristan Waleckx, assignés par Vincent Bolloré pour un reportage de l'émission "Complément d'enquête", récompensé du prix Albert-Londres, portant sur ses activités en Afrique. L'homme d'affaires avait poursuivi le groupe audiovisuel public pour "diffamation" avant donc d'être débouté. Une semaine après le tribunal correctionnel de Nanterre, le tribunal de commerce de Paris avait à son tour débouté l'homme d'affaires dans une procédure concernant le même reportage diffusé en 2016. Dans les deux cas, la défense de Vincent Bolloré a fait appel. Les décisions seront rendues le mois prochain.
En janvier 2018, un collectif de journalistes et d'ONG avait signé une tribune pour dénoncer les méthodes de employées par Vincent Bolloré. Une quinzaine de procédures en cours engagées en France et à l'étranger contre des journalistes ou ONG pour "diffamation" ou "dénigrement" avaient à l'époque été recensées selon les signataires de la tribune. Ceux-ci avaient par ailleurs rappelé que, sur la vingtaine de procédures lancées par le groupe Bolloré ces dernières années, seule deux condamnations avaient été prononcées, l'une contre "Libération" pour la légende d'une photo et l'autre contre France Inter pour un reportage. L'auteur de ce reportage, Benoît Collombat, est d'ailleurs attaqué par le groupe Bolloré en "diffamation" pour avoir raconté le procès dans un livre.