François-Xavier Bellamy ne se résout pas à jouer le rôle du commentateur. Invité de "L'événement" ce jeudi 23 mai 2024 sur France 2, la tête de liste Les Républicains aux élections européennes du 9 juin prochain a fermement désapprouvé le débat entre le Premier ministre Gabriel Attal et Jordan Bardella, la tête de liste Rassemblement national, qui a ouvert l'émission. Et il a tenu à le faire savoir. "Je voudrais tout d'abord vous dire que j'ai hésité à venir ce soir", a-t-il rétorqué d'entrée de jeu face à Caroline Roux qui l'avait invité quelques secondes plus tôt à commenter la confrontation entre ses deux adversaires politiques.
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"Je crois que ce qu'il s'est passé est en réalité le signe d'une crise démocratique assez profonde qui finalement se révèle dans la mise en scène à laquelle nous avons assisté. Parce que c'est une mise en scène. Qu'est-ce qui permet d'organiser la confrontation entre ces deux personnes, l'un est le Premier ministre même pas la candidate (de la majorité présidentielle aux élections européennes, ndlr). Où est la candidate (Valérie Hayer, ndlr) ?", a interrogé le candidat du parti de droite.
Caroline Roux de contourner la question : "Ils s'en sont expliqués en début d'émission, ils ne vous ont pas convaincus". "Ce n'est même pas eux qui devraient s'en expliquer", a jugé, pour sa part, François-Xavier Bellamy qui s'interroge sur la décision de la direction de France Télévisions. "Comment est-ce que vous les avez choisis ? Comment est-ce que vous avez choisi d'organiser cette confrontation ? Qu'est-ce qui vous permet de les avoir invités eux ? Est-ce que ce sont les sondages ? Ce sont les intentions de vote qui permettent de faire ce choix ?", a-t-il tenté de comprendre face à l'animatrice de l'émission et Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos.
"Mais alors dans ce cas, vous voyez, je ne plaide pas pour moi. Je dois dire que si on regardait les sondages, il aurait fallu inviter au moins Raphaël Glucksmann (tête de liste Place publique-Parti socialiste au coude-à-coude pour la deuxième position avec son homologue de Renaissance Valérie Hayer dans les sondages, ndlr)", a jugé François-Xavier Bellamy, interrompu par Caroline Roux : "Vous allez quand même venir le 4 juin pour le grand débat sur France Télévisions ?" "Bien sûr", a répondu la tête de liste de droite. "Parce que tous les (principaux, ndlr) candidats seront invités. Vous voyez quand même la différence. Où est Valérie Hayer ? Moi, j'ai du respect pour Valérie Hayer, elle mène cette liste, elle est courageuse. Mais qui est tête de liste de la majorité présidentielle ?".
Inarrêtable, François-Xavier Bellamy a poursuivi sa réflexion : "Je voudrais que l'on s'arrête là-dessus parce que c'est extrêmement grave. On nous a fait le coup déjà tellement de fois. En 2017, Macron/Le Pen, en 2019, Macron/Le Pen, en 2022, Macron/Le Pen, en 2024 à nouveau, on va nous expliquer que c'est ça le sujet", s'est-il étonné. "Vous parlez de quoi ? Du résultat des élections ?", a fait mine de ne pas comprendre la journaliste.
La tête de liste Les Républicains de porter l'estocade : "Rien ne justifie que ce soir, le service public mette en scène ce débat. Rien. Ni les sondages et surtout pas la réalité du débat européen". "On respecte l'équité du temps de parole. Vous êtes là ce soir avec nous", a soutenu Caroline Roux. Avant de répliquer plus fermement : "Je pense que vous avez dit ce que vous aviez à dire. Est-ce que maintenant, cela vous intéresse de parler de votre projet ou pas ? Parce que c'est le happening permanent votre campagne. Donc là, vous êtes venu faire un happening, très bien c'est fait, on a compris."
"Je suis venu essayer d'expliquer ce qui est en train de se jouer", a répliqué François-Xavier Bellamy. "Moi, mon travail, c'est de montrer aux Français la réalité de cet enjeu européen. La vérité, c'est qu'il y a la moitié des Français qui ne se reconnaissent pas dans le débat auquel on vient d'assister. Moi, je suis venu par respect pour eux parce qu'ils ont le droit à la parole. Mais ces Français ne sont pas invités à commenter un match que l'on a écrit à l'avance", a conclu le candidat. puremedias.com vous propose de visionner la séquence vue plus de 2 millions de fois à l'heure où nous publions ces lignes rien que sur le compte X du candidat.
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Comme François-Xavier Bellamy, plusieurs voix, parmi lesquelles celle de Jean-Michel Aphatie, éditorialiste dans "Quotidien" sur TMC, se sont élevées ces derniers jours pour dénoncer le débat organisé par France 2. "Tout le monde fait semblant de trouver ce débat normal. C'est un très étrange débat (...) mais c'est le face-à-face qu'on attend depuis des mois !", a analysé l'éditorialiste. Et de poursuivre : "Sauf qu'il n'y a rien qui va dans ce débat parce que Jordan Bardella est candidat aux élections européennes. Il y a 37 listes officielles pour le scrutin du 9 juin. Mais du coup, cette promotion de Jordan Bardella au niveau de Gabriel Attal, ça fait qu'il y a une liste et 36 autres !".
Pour le journaliste, "c'est un coup de projecteur formidable", "un cadeau extraordinaire fait à Jordan Bardella pour ce scrutin". "Les 36 autres devraient crier au scandale mais ils font comme si c'était normal. Moi, je serais Marion Maréchal, je dirai : 'Ca ne va pas du tout cette histoire'. Dans les sondages, elle est au ras des pâquerettes (...) Si un électeur national veut voter Marion Maréchal (Reconquête !), mais en même temps, le vote utile, le vote efficace, le vrai opposant, c'est Jordan Bardella. La preuve, il va faire le débat ! Le même raisonnement vaut pour François-Xavier Bellamy", a estimé Jean-Michel Aphatie dont le coup de gueule a peut-être résonné à l'oreille du candidat Les Républicains.
Le débat entre le Premier ministre, Gabriel Attal, et la tête de liste Rassemblement national, Jordan Bardella, a réuni 3,61 millions de téléspectateurs ce jeudi 23 mai 2024 entre 20h14 et 21h36, soit 18,0% du public et 11,5% des Femmes responsables des achats âgées de moins de 50 ans.