Raconter la France d'aujourd'hui. Telle est l'ambition d'un nouveau venu en kiosques et en librairies, "Zadig", un trimestriel créé par Eric Fottorino, en ce premier jour de printemps, cinq ans après l'hebdomadaire "Le 1", qui développe un seul sujet d'actualité par numéro, et deux ans après le trimestriel "America" qui, lui, raconte l'Amérique sous l'ère de Donald Trump. De fait, "Zadig", référence claire et assumée au héros de Voltaire, est un mix entre les deux titres existants.
"Toutes les France qui racontent la France" : la phrase mise en exergue en première de couverture, juste au-dessus du titre, résume l'état d'esprit qui a présidé à ce projet, dont l'idée est née chez Eric Fottorino juste après la dernière élection présidentielle. Grâce à plus de 5.000 contributeurs, une campagne de financement participatif a permis de récolter plus de 270.000 euros sur un objectif initial de... 100.000 euros. Pour ce premier numéro, le tirage s'élève à 70.000 exemplaires, alors que le point d'équilibre sera atteint à partir de 25.000 ventes.
"Zadig" compte déjà 3.500 abonnés. Le dernier-né de la famille du "1" est un beau bébé de 196 pages, vendu au prix de 19 euros. Le prix à payer pour l'indépendance éditoriale et l'absence de publicité. Le nouveau trimestriel s'appuie sur l'équipe du "1" pour la partie administrative et commerciale.
Sur le fond, le rédacteur en chef de ce nouveau trimestriel n'est autre que François Vey, déjà à l'origine il y a quelques années du "Parisien Magazine". Le magazine développe des formats (très) longs et fait appel à de grandes signatures - afin de "proposer une offre éditoriale qu'on n'a pas lue et relue dans d'autres publications", a résumé Eric Fottorino lors de la soirée de présentation de "Zadig". Le titre de Une, "Réparer la France", fait référence au dossier long de 70 pages qui comprend des reportages en immersion, une longue interview de l'historien Pierre Rosanvallon ou encore un reportage dessiné de Matthieu Sapin, déjà remarqué pour ses périples aux côtés de François Hollande ou de Gérard Depardieu. Cette fois, le dessinateur s'attaque à la Macronie et prend pour référence pour cette première le périple du président de la République à Verdun en pleine itinérance mémorielle fin 2018.
Dans cette offre pléthorique, on retrouve également, pêle-mêle, un grand entretien d'une vingtaine de pages avec l'historienne Mona Ozouf, un fait divers raconté par un écrivain - Patrice Trapier s'est intéressé à des "papys dealers" - ou encore une nouvelle "intrigante" de Marie Darrieussecq. "Libération", qui a parcouru ce premier numéro, juge que "le ton général est très bienveillant, plein d'empathie. Un peu sage, à notre goût. Les prochains numéros ne rateraient rien à se doter de quelques papiers plus anguleux".
En optant pour une parution trimestrielle, Eric Fottorino limite la prise de risque dans un contexte économique compliqué pour la presse. Début 2018, deux magazines, "Ebdo" et "Vraiment", lancés à quelques semaines d'intervalle, ont dû cesser leur parution faute d'avoir atteint leurs objectifs de vente.