L'aventure "Esprits criminels" a été chaotique pour A.J. Cook. Connue dans le monde entier pour son rôle de Jennifer Jarreau, alias J.J. dans la série policière de CBS, elle a été virée à l'issue de la cinquième saison. Puis, elle a été rappelée au début de la saison 7 et s'apprête désormais à entamer la dixième à la rentrée sur CBS.
Présente au Festival de Télévision de Monte-Carlo pour assurer la promotion de la série, dont TF1 entame ce soir la diffusion de la saison 9 inédite, l'actrice canadienne évoque ces hauts et ces bas, l'évolution de son personnage, mais aussi la noirceur de la série et ce qui lui pose problème à la télévision aujourd'hui.
Propos recueillis par Charles Decant.
A la fin de la cinquième saison, vous et Paget Brewster, les deux actrices principales de la série, avez été virées. Bellamy Young disait ce matin que les rôles féminins sont parfois utilisés pour mettre en valeur les hommes des séries. Vous avez eu ce sentiment à ce moment-là ?
A.J. Cook : Toute cette histoire est tellement bizarre. C'est presque comme un mauvais rêve, comme si je m'étais réveillée et que je vous parlais aujourd'hui. Mais ça me semble si loin. Et Dieu merci les fans se sont plaints. C'est vraiment ça qui m'a surprise, plus encore que d'être virée. Je ne pense pas qu'ils se soient manifestés parce qu'ils adoraient J.J. ou parce qu'ils m'adoraient moi, mais parce qu'ils ne voulaient pas voir l'équipe séparée. C'est ça qui fait le succès de la série. Et les gens qui ont pris ces décisions avaient besoin de le comprendre.
Est-ce que le fait de voir à quel point le public était derrière le personnage a été bénéfique à moyen terme ? Est-ce qu'elle est plus intéressante à jouer aujourd'hui ?
Je ne me suis jamais ennuyée dans ce rôle, mais elle est effectivement plus riche aujourd'hui. Elle a plus de facettes. Je ne changerais rien si je pouvais revenir en arrière. Je ne vis pas ma vie comme ça. J'aime apprendre, et cette situation m'a beaucoup appris. J'avais besoin de grandir, d'ouvrir les yeux sur certaines choses que je ne voulais pas voir mais que j'ai été forcée de voir. Ca rejoint un peu la fiction d'ailleurs et mon personnage ! Mais j'ai énormément de chance. Aucune raison de me plaindre.
Plus globalement, comment J.J. a-t-elle évolué au fil des saisons ?
Elle n'a cessé de changer, et c'est aussi le cas dans la vraie vie. C'est mon cas notamment. On grandit, on apprend, on évolue. Quand on a commencé, J.J. était tellement jeune et tellement immature et tellement marquée par tout ce qui se passe autour d'elle. Mais même si elle a beaucoup changé, le coeur de sa personnalité n'a pas changé : elle reste celle qui s'occupera toujours davantage des autres que d'elle-même.
Il vous reste beaucoup d'années sur votre contrat ?
Tous nos contrats arrivent à échéance à la fin de la saison 10. Ca va être très intéressant de voir ce qui se passe ! (Rires) Peut-être que c'est la dernière ! Mais en tout cas, on est tous de retour pour la saison 10. Pour la saison 11, qui sait ce qui va se passer... !
Comment vous gérez de travailler sur une série aussi sombre ? C'est facile de laisser tout ça derrière soi quand on quitte le plateau ?
J'ai appris à compartimenter. Avant, ça m'affectait beaucoup, notamment les histoires qui touchaient aux enfants. Je suis une maman. J'ai envie de rentrer chez moi et d'être présente, pas d'être en train de réfléchir à tout ce qui pourrait arriver. La série m'a évidemment rendue un peu parano, je suis plus attentive. Mais j'essaie de laisser tout ça derrière moi quand je quitte le plateau. Je ne regarde plus les infos. J'essaie de me protéger de tout ce qui est négatif. Mais on parle trop de la noirceur et pas assez de la lumière apportée par les héros, ces gens qui poursuivent les tueurs.
Depuis le tout début, on vous interroge sur la noirceur de la série, qui a longtemps été considérée comme la plus sombre des grandes chaînes, et seul le câble allait plus loin. Aujourd'hui, ça semble plus acceptable, avec une série comme "Hannibal" sur NBC par exemple. Vous pensez que "Esprits Criminels" a ouvert la voie ?
Ce qui est intéressant, c'est qu'on nous dit souvent que c'est trop violent, trop visuel. Mais on est sur une grande chaîne. On n'a pas le droit de montrer quoi que ce soit ! J'en suis arrivée à la conclusion que c'est l'effet Hitchcock. Ce qu'on s'imagine est bien pire que ce qu'on peut voir à la télé. C'est pour ça que certains sont repoussés. Mais je pense sincèrement qu'on serait moins critiqué si on pouvait tout montrer. Si on était "Dexter", qu'on montrait les coups de couteaux, le sang qui éclabousse... Et je ne pense pas qu'on ait ouvert la voie... Notre série est finalement assez modérée comparée à d'autres. J'espère qu'on n'y est pour rien !
Pourquoi, vous pensez qu'il y a trop de noirceur à la télévision ?
Je ne sais pas, je ne regarde pas assez pour le savoir ! (Rires) C'est le cas ? Tout est dark ?
On a l'impression que tout doit être sexy, dark, edgy...
Ca, ça me pose davantage problème, plus que le côté sombre. Notre série parle de psychologie, on essaie de comprendre pourquoi les gens sont comme ils sont. Mon problème, c'est qu'on enseigne à nos enfants à porter des jupes hyper courtes, à être odieux avec ses amis... La télé-réalité me pose beaucoup plus problème...