"La Vie d'Adèle" est-il un film maudit ? A deux semaines de sa sortie en salles (le 9 octobre), la promotion de la Palme d'or à Cannes vire au véritable fiasco. Les deux actrices du film (Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos) et le réalisateur, Abdellatif Kechiche, n'en finissent pas d'étaler leurs différends dans la presse, mettant en danger la carrière d'un film pourtant promis initialement à un bel avenir.
Tout a commencé par la sortie au début du mois de Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos dans la presse américaine. En pleine promotion du film aux Etats-Unis, les deux actrices avaient notamment qualifié le tournage de "La Vie d'Adèle" d'"horrible" mettant en cause les méthodes d'Abdellatif Kechiche, un "génie torturé" et manipulateur selon leurs dires. Des propos que n'avait pas du tout appréciés le réalisateur qui leur avait sèchement répondu quelques jours plus tard. "On ne vient pas faire la promo à Los Angeles quand on a un problème avec son réalisateur" s'était-il agacé. Avant de tâcler plus directement Léa Seydoux : "Si Léa n'était pas née dans le coton (elle est la petite-fille de Jérome Seydoux, le PDG de Pathé, ndlr), elle n'aurait jamais dit cela".
Visiblement toujours remonté, le réalisateur de "La Graine et le mulet" en a remis une sévère couche, aujourd'hui, dans une interview donnée à Télérama. Ses attaques ont une nouvelle fois visé la même cible. "Léa Seydoux vole la vedette au film, ainsi qu'à Adèle Exarchopoulos" a d'entrée de jeu taclé Kechiche. Et ce dernier de poursuivre, sur le même ton : "Si elle a vraiment vécu ce qu'elle raconte, pourquoi être venue à Cannes pleurer, remercier, monter les marches, passer des journées à essayer robes et bijoux ? Quel métier fait-elle, actrice ou artiste de gala ?" a lâché le réalisateur.
Selon Kechiche, les déclarations de l'actrice ont tout simplement tué le film dans l'oeuf. "Moi, je n'irais pas voir le film du cinéaste sadique et tyrannique dont on fait le portrait aujourd'hui ! C'est comme si on se rendait à un mariage en sachant qu'en vérité, les mariés se détestent" a expliqué le cinéaste. "Ces déclarations, c'est pire que de cracher dans la soupe, c'est un manque de respect pour un métier que je considère comme sacré" a-t-il ensuite dénoncé, dépité.
Abdellatif Kechiche a fini par expliquer que c'était Léa Seydoux qui avait au contraire tout fait pour participer à son long métrage. "Elle a insisté pour venir. Et ensuite pour rester, parce que j'avais des doutes sur notre réussite" a révélé le cinéaste. "Je lui ai proposé plusieurs fois d'en rester là. Dont une après vingt jours de tournage. Mais elle tenait à continuer" a-t-il poursuivi avant de lâcher, assassin, qu'il avait pensé à appeler Sarah Forestier et Mélanie Thierry pour reprendre le rôle. Quant à l'avenir de son film, Abdellatif Kechiche se montre pour le moins pessimiste. "Selon moi, ce film ne devrait pas sortir, il a été trop sali. La Palme d'or n'a été qu'un bref instant de bonheur ; ensuite, je me suis senti humilié, déshonoré, j'ai senti un rejet de ma personne, que je vis comme une malédiction..." a-t-il confié.