L'histoire d'amour entre Abdellatif Kechiche et ses comédiennes est finie ! En mai dernier, "La Vie d'Adèle : chapitre 1 et 2" a été le coup de coeur de l'édition 2013 du festival de Cannes. Le film a remporté la palme d'or, décernée à l'unanimité par le jury présidé par Steven Spielberg. Première dans l'histoire du festival, le jury a tenu à associer Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, les deux actrices principales, à la récompense attribuée au réalisateur franco-tunisien.
Le sourire affiché ce soir-là par les trois artistes sur la scène semble être un vieux souvenir. Alors que le film sort le 9 octobre prochain, soit 9 jours trop tard pour les Oscars, les deux actrices reviennent sur la très mauvaise ambiance qui régnait sur le tournage, qui a duré plus de 5 mois. "Cela a été horrible", se souvient Léa Seydoux dans une interview au site The Daily Beast. "A chaque prise, il se passait des choses imprévues. Chaque génie a sa part de compléxité. Kéchiche est un génie mais il est torturé. Nous voulions donner tout ce que nous avions mais parfois, il y avait une forme de manipulation qui était dure à gérer", a précisé sa jeune partenaire.
En mai dernier, les techniciens du film avaient déjà dénoncé les très difficiles conditions de tournage du long-métrage, adapté de la très touchante bande dessinée "Le bleu est une couleur chaude" de Julie Maroh. Certains avaient même parlé de "harcèlement moral". Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos ne vont pas jusque-là mais elles dénoncent la dureté du réalisateur, notamment lors des scènes de sexe. Léa Seydoux se souvient surtout du tournage de la scène de rencontre, qui a necéssité plus de 100 prises : "A la fin, Kechiche a explosé de colère parce qu'après cent prises, j'ai marché vers Adèle en riant un peu [...]. Il est devenu fou, s'est emparé du moniteur sur lequel il contrôlait l'image, et l'a jeté dans la rue en hurlant : Je ne peux pas travailler dans ces conditions !"
L'actrice à l'affiche cette semaine de "Grand Central" évoque également une scène violente dans laquelle les deux personnages se battent. "Pendant la scène je devais la pousser dans une porte en verre. Elle est passée à travers, elle était coupée et saignait partout, elle s'est mise à pleurer quand Kechiche a dit : Non on n'a pas fini. On la refait", raconte-elle. Adéle Exarchopoulos confirme : "Elle m'a frappé tellement de fois... Et Kechiche hurlait : Frappe-la, frappe-la encore !. Pendant la prise, elle a essayé d'empêcher mon nez de couler. Et Kechiche a crié : Non, embrasse-là, lèche sa morve !".
Léa Seydoux a confié qu'elle ne voulait "jamais" retourner avec Kechiche. Moins catégorique, sa partenaire a indiqué "ne pas savoir" si elle en avait envie... L'ambiance au sein de l'équipe d'"Adèle" risque d'être particulière jeudi prochain à Toronto, où le film est projeté en ouverture du festival international du film. Une manifestation importante qui doit accompagner le lancement de la carrière américaine du film.