Une erreur dont on parle encore. Samedi après-midi, de nombreux médias français ont annoncé par erreur la mort de Martin Bouygues, patron du groupe Bouygues et propriétaire du groupe TF1. En cause, une dépêche erronée de l'AFP, suite à un malentendu entre le journaliste de l'Agence France Presse et sa source. Trente minutes plus tard, la vérité était rétablie, mais la page est loin d'être tournée.
Quelques heures après son erreur, Emmanuel Hoog, le PDG de l'agence, s'est officiellement excusé, via son compte Twitter, de cette "faute inacceptable". Au même moment, l'Agence France Presse annonçait l'ouverture d'une enquête pour déterminer l'origine de la publication de cette fausse information.
Et le feuilleton continue cette semaine. Alors que TF1 a organisé une réunion de crise hier pour définir la chaîne de responsabilités dans chaque média du groupe, un syndicat de journalistes de l'AFP prend la parole cet après-midi. Dans un communiqué reproduit par le portail Acrimed, le SNJ-CGT de l'AFP s'agace en effet du tweet d'excuse envoyé par Emmanuel Hoog et pointe du doigt la responsabilité du dirigeant dans ce crash éditorial.
"Craignant sans doute que cet incident entache sa campagne pour France Télévisions, notre PDG, avec une grande élégance, se défaussait donc de toute responsabilité dans ce que nous préférerons qualifier d'erreurs humaines induites par la désorganisation de la rédaction mise en place par la direction depuis plusieurs années", écrit le syndicat qui s'interroge à haute voix : "L'AFP doit-elle céder toujours davantage au mirage de l'instantanéité des réseaux sociaux, ou bien ne lui revient-il pas, plus que jamais, le rôle d'être un repère pour une information sérieuse ?"
"Mais à qui la "faute" en effet, M. Hoog ? Qui désorganise la rédaction de l'agence par sa gestion lamentable depuis des années ? Qui a éclaté la rédaction compliquant les échanges entre les services ? Qui a dit il y a quelques semaines "ne soyez pas prisonniers de vos sources" dans une critique à peine voilée du temps pris pour donner de source sûre le nombre de morts à Charlie Hebdo ? Qui a amené l'agence à une situation financière catastrophique et taillé dans les moyens humains et techniques de l'AFP ? Qui a écarté des postes de responsabilité des journalistes chevronnés parce qu'ils osaient ne pas adhérer totalement aux projets contestables de la direction ? Qui est responsable de la dégradation accélérée des conditions de travail, de l'augmentation intenable de la charge de travail et du stress des équipes sur le terrain ?", écrit, sévère, le SNJ-CGT dans son communiqué.
Le syndicat termine en s'interrogeant sur les conclusions de l'enquête interne. "Nous espérons (qu'elles) relèvent d'une meilleure organisation rédactionnelle et d'une clarification des règles et non pas de sanctions contre des journalistes pour permettre à la direction de se dédouaner de ses responsabilités", écrit le syndicat.