Depuis hier, les condamnations sont nombreuses, qu'il s'agisse de membres du gouvernement comme Manuel Valls, de personnalités publiques ou de médias. Dans le cadre de son magazine "Sept à Huit", TF1 a en effet diffusé de longs extraits des discussions entre Mohamed Merah et les forces de l'ordre lors du siège de son appartement en mars dernier. Un siège qui s'était conclu par la mort du tueur, qui avait fait sept morts lors de tueries à Montauban et Toulouse.
Ces extraits n'auraient pas dû être diffusés selon le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, qui a regretté que TF1 les diffuse parce qu'"aucune précaution n'a été prise pour respecter les familles des victimes". Reprises dans un premier temps sur BFM TV et i-TELE, les images ont ensuite été remplacées par des illustrations, suite à "l'émotion suscitée par la diffusion de ces images" selon Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM TV, interrogé ce matin par puremedias.com.
En face, TF1 se défend. Invité ce matin d'Europe 1, Harry Roselmack a avoué ne pas être d'accord avec les critiques quant au manque de respect pour les familles. "On ne peut pas nous accuser de ne pas avoir pensé aux familles. Je maintiens que ce document a une forte valeur ajoutée" a ainsi affirmé le journaliste, expliquant que la décision d'utiliser ces bandes avait été prise au bout de plusieurs jours de réflexion. "Ce document nous donne des informations, des confirmations : sur son embrigadement, sur le déroulement de la négociation elle-même, sur le fait que la police a tenté jusqu'au bout de le faire sortir vivant...", a ajouté le présentateur de l'émission.
Et cet après-midi, TF1 a décidé de prendre la parole en répondant au courrier de téléspectateurs sur son site internet, dans un billet baptisé "Une bande son qui divise". "Nous avons choisi de montrer ces extraits dans le seul but d'informer nos téléspectateurs. Les citoyens ont le droit de savoir. (...) Beaucoup de rumeurs avaient circulé sur "le tueur au scooter", sur son passé et sur les négociations des hommes du Raid avant l'assaut final. Ce document communique des informations précises", se défend la chaîne, évoquant ses contacts avec Al Qaïda ou encore sa détermination.
S'agissant de la réaction des familles, la chaîne avoue comprendre leur douleur. "Les familles des victimes sont choquées par la diffusion de cet enregistrement, c'est bien normal et nous en avons pleinement conscience. Mais ce document n'insulte pas la mémoire des victimes et renseigne davantage sur le cynisme de Mohamed Merah", répond TF1. "C'est quelque chose de très douloureux pour les familles, nous le savions. Mais tous les journalistes des rédactions du monde travaillent pour sortir des informations", précise Catherine Nayl, directrice de l'information du groupe.