

N'en déplaise à Chantal Jouanno, l'affaire des quotas dans le football français ira en justice. Dans une tribune au Monde daté du 13 mai (lire, lien payant), Louis-Georges Tin, porte-parole du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) annonce porter plainte contre la Fédération Française de Football (FFF).
« A l'évidence, tout a été fait pour enterrer l'affaire. La ministre des sports avait promis une enquête indépendante dont les conclusions devaient être rendues ce 10 mai. Or, si elle a livré ses impressions, Mme Jouanno a affirmé que le rapport serait "rendu public dans cinq à six semaines". Cette formulation est tout à fait étonnante. Pourquoi un tel délai ? Qu'attend donc la ministre ? Que la pression retombe ? » s'interroge le CRAN dans sa tribune.
Le soutien à Laurent Blanc de la ministre avant même la fin de l'enquête a confirmé les soupçons de l'association. « Est-ce une enquête véritable, ou un simulacre, un écran de fumée destiné à faire illusion ou à cacher la vérité ? Ces interrogations légitimes suffisent à justifier à nos yeux un dépôt de plainte. Car nous voulons faire la lumière et, à ce jour, seule une enquête judiciaire nous permettrait d'y voir plus clair, quand tout est fait pour jeter un voile d'ombre sur l'affaire » explique Louis-Georges Tin.
Le Cran s'insurge aussi sur le fond de l'affaire, l'esquisse d'un projet de quotas à la FFF : « Si l'on en croit le verbatim, certes, le tri se fonde sur une base nationale, mais l'objectif, lui, a clairement une visée raciale. Le problème, c'est les "Blacks". Les Espagnols n'ont pas de Blacks, les Espagnols n'ont donc pas de problèmes. A ce stade, on le voit, si le verbatim est véridique, les personnes mises en cause seraient à la fois xénophobes et racistes ».
Si l'association se garde d'accuser les dirigeants de la FFF de racisme, elle note que « les idées du Front national sont aujourd'hui si banalisées qu'elles se sont installées dans l'esprit de personnes, au plus haut niveau, que l'on aurait pu croire à l'opposé des valeurs de ce parti ». « Quand Mme Jouanno affirme qu'"il n'y a pas lieu de saisir la justice", nous croyons, bien au contraire, qu'il y a lieu de le faire. Et de le faire sans délai » conclut Louis-Georges Tin.