L'ambiance toujours aussi tendue à Canal+. Depuis le licenciement, en novembre dernier, de l'humoriste Sébastien Thoen suite à un sketch parodiant l'émission phare de CNews, "L'heure des pros", plus d'une vingtaine de personnes ont quitté, ou vont quitter le groupe Canal+. Lundi, l'AFP apprenait que 25 personnes travaillant au service sport allaient quitter, si ce n'était pas déjà fait, bon gré mal gré, la chaîne cryptée du groupe Vivendi, confirmant ainsi une information du site "Les Jours" .
À Canal, depuis l'affaire Thoen, la tension est palpable... En témoigne cette vague de départs, certains volontaires, d'autres beaucoup moins. Pour rappel, Sébastien Thoen avait été viré à l'automne dernier après un sketch diffusé sur les réseaux sociaux par Winamax. Il avait parodié l'émission de Pascal Praud sur CNews, chaîne appartenant au groupe Canal, avec ses anciens collègues de l'émission humoristique "Action discrète". Ce qui n'avait pas du tout plu à la direction de Canal+. Mais, le directeur des antennes et des programmes de la chaîne, Gérald-Brice Viret, avait affirmé sur Europe 1, que le licenciement de Sébastien Thoen allait "au-delà du sketch". En effet, si celui-ci a dû quitter la chaîne de Vincent Bolloré, selon les dires du dirigeant, c'est "parce qu'il s'est affiché avec des personnes qui dénigrent constamment la direction des sports et le service des sports de Canal+", semblant viser Julien Cazarre, sans clairement le nommer.
À l'époque, près de 150 salariés avait signé une tribune en soutient au présentateur du "Journal du Hard", dont 48 de façon anonyme. Un geste que la direction de la filiale du groupe Vivendi a interprété comme un clair manque de loyauté envers la chaîne cryptée. Très vite, les départs forcés s'enchaînent : le commentateur vedette de Canal+, Stéphane Guy, après avoir rendu hommage à son collègue à l'antenne, se fait renvoyer fin décembre, suivi deux mois plus tard du licenciement de trois pigistes signataires à la mi-février.
"Les Jours" dévoilent aussi le départ de 5 journalistes menacés de renvoi en avril à cause de leur signature de la pétition et/ou des fuites concernant le documentaire "Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste", qui dénonçait le sexisme dans la profession, notamment dans le milieu du journalisme de sport. Présenté par Marie Portolano, ce documentaire mettait aussi en cause le comportement de Pierre Ménès à l'égard de ses collègues femmes. Parmi ces journalistes menacés : Guillaume Priou, co-réalisateur du documentaire, et Solange Tricaud, membre de la Société des journalistes (SDJ) et élue du personnel (+Libres) ont vu leur licenciement suspendu grâce à l'inspection du travail. On trouve aussi parmi les signataires poussés vers la sortie : Marie Portolano, désormais chez M6, et Laurie Delhostal.
Laurent Jaoui, le directeur adjoint de la rédaction des sports de la chaîne, a décidé de quitter la chaîne cryptée au terme de la saison de Ligue 1 et de Top 14, suivi de la directrice adjointe de la rédaction des sports de Canal+, Agathe Roussel, qui était en poste depuis 2016 et a également mis un terme à ses fonctions en mai. Tout deux étaient membres de la hiérarchie, mais non-signataire de la pétition.
À l'occasion d'un Comité Social et Economique (CSE) exceptionnel, la direction a annoncé "une nouvelle organisation fin juin pour pallier" ces départs, et l'obtention de nouveaux droits TV pour la saison prochaine, a affirmé une source syndicale à l'AFP. Selon une autre source, l'enquête interne concernant les révélations sur les agissements de Pierre Ménès envers ses collègues femmes, sera terminée fin juin. En effet, depuis fin mars, le chroniqueur est absent de l'antenne.
De son côté, l'inspection du travail mène une enquête pour "atteinte aux libertés individuelles", en conséquence de la pétition pour le documentaire, et pour "danger grave et imminent", à la suite des dégradations des conditions de travail au sein du groupe Canal.