On ne l'avait pas entendue depuis le début de l'affaire des notes faramineuses de taxi quand elle dirigeait l'INA et le Centre Pompidou. Agnès Saal sort de son silence dans une interview au journal Le Monde. Elle assume sa "faute" mais dénonce un emballement médiatique et politique, "une petite apocalypse" qui a transformé sa vie "en miettes".
"La faute, je l'ai commise. Il ne s'agit ni de la nier, ni de la sous-estimer, ni de tenter de me disculper ou de trouver des circonstances atténuantes, explique-t-elle. Je n'ai pas l'intention de former un recours. J'assume cette faute, je la regrette à un point infini, j'y pense jour et nuit depuis huit mois. Mon regret est sincère, profond". Sur le fond du dossier, sa défense n'a pas varié : un seul chauffeur ne lui permettait pas de gérer tous ses déplacements, d'où le recours à la compagnie de Taxis G7, qui lui permettait "de travailler davantage".
Agnès Saal reconnaît aussi avoir donné les codes à son fils. "Mon emploi du temps faisait que j'étais très peu à la maison et pas toujours joignable. J'ai eu le réflexe de laisser ce code à mon fils en cas d'urgence. Et j'ai commis l'erreur de ne vérifier à aucun moment la manière dont ce code était utilisé", explique-t-elle. Elle reconnaît une "faute" mais explique qu'à aucun moment, les services de l'INA ne l'ont alertée sur ces dépenses, 6.700 euros pour les déplacements de son fils.
Agnès Saal estime que cette affaire est tombée au pire moment. "Je suis devenue un dérivatif, un symbole, l'incarnation d'une trahison des élites, alors que je suis à l'opposé de cette image de haut fonctionnaire cupide qui dilapide les fonds publics", déclare-t-elle. Elle ne compte pas contester la sanction. François Hollande a prononcé par décret son exclusion de deux ans, dont six mois ferme. La sanction prononcée par le Chef de l'Etat intervient à l'issue d'une longue procédure administrative. La Commission administrative paritaire interministérielle (Capi) saisie de l'affaire n'est pas parvenue à se mettre d'accord.
Par ailleurs, deux enquêtes préliminaires visent l'ancienne haute-fonctionnaire. La première, ouverte par le parquet de Créteil, concerne 40.000 euros de frais de taxi accumulés en dix mois, dont 6.700 euros pour son fils qui possédait son code de réservation. Une seconde enquête dirigée cette fois par le parquet de Paris concerne 38.000 euros de notes présentées entre janvier 2013 et avril 2014 par Agnès Saal lorsqu'elle était directrice générale du centre Pompidou.
> Lire l'intégralité de son entretien au journal Le Monde (payant)