Un monument du cinéma français s'en est allé. Comme le rapporte l'AFP, la famille de la cinéaste, documentariste, photographe et plasticienne Agnès Varda vient d'annoncer le décès de cette dernière, survenu ce vendredi 29 mars 2019. Selon le communiqué de la famille, elle est décédée chez elle, des suites d'un cancer. La réalisatrice était âgée de 90 ans. Née Arlette Varda le 30 mai 1928 en Belgique, Agnès Varda était l'une des rares réalisatrices de la Nouvelle vague, mouvement cinématographique où se sont illustrés des monuments du cinéma français du XXe siècle, de Claude Chabrol à Jean-Luc Godard en passant par François Truffaut, Eric Rohmer, Alain Resnais et, bien sûr, Jacques Demy.
C'est en 1954 qu'Agnès Varda tourne son premier long-métrage, "La Pointe courte", avec Philippe Noiret et Silvia Monfort. Malgré le manque de moyens, le long-métrage est un succès, et le talent de sa réalisatrice est salué. En 1958, elle rencontre Jacques Demy, son futur époux avec lequel elle aura un fils. Quatre ans plus tard, elle présentait son deuxième film à Cannes : "Cléo de 5 à 7". Une comédie dramatique culte portée par Corinne Marchand et mise en musique par le compositeur Michel Legrand, disparu en début d'année.
Installée aux Etats-Unis entre 1968 et 1970, elle s'attelle à la réalisation d'un film d'inspiration hippie, "Lions Love", un court-métrage à mi-chemin entre le documentaire et la fiction dans lequel elle fait tourner Viva, une égérie d'Andy Warhol. Toujours depuis les États-Unis, elle réalise divers documentaires, dont "Black Panthers" sur le procès de Huey P. Newton. De retour en France, elle signe le téléfilm documentaire "Daguerréotypes", diffusé sur la première chaîne en 1976. Suit, deux ans plus tard, le drame "L'une chante, l'autre pas", avec Valérie Mairesse et Thérèse Liotard.
En 1984, elle rafle le César du meilleur court-métrage documentaire pour "Ulysse". L'année suivante, le film "Sans toit ni loi" était récompensé du Lion d'Or à la Mostra de Venise. En 1990, elle réalise "Jacquot de Nantes" en hommage à son époux Jacques Demy qui disparaît juste après le tournage. Ce n'est qu'en 2008 qu'Agnès Varda révélera la véritable raison de la mort de son époux, terrassé par le SIDA. En 1995, elle réalise "Les Cent et Une Nuits de Simon Cinéma", film pour lequel elle réunit une pléiade d'acteurs, dont Michel Piccoli, Marcello Mastroianni, Julie Gayet, Catherine Deneuve, Fanny Ardant, Jean-Paul Belmondo, Alain Delon ou encore Robert de Niro et Gérard Depardieu. Échec, ce film célébrait les 100 ans du cinéma.
En 2001, Agnès Varda est la première femme à recevoir un César d'honneur. D'autres récompenses du même type suivront dont une Palme d'honneur à Cannes en 2015 et un Oscar d'honneur en 2017. En 2008, "Les plages d'Agnès", auto-portrait de la photographe et réalisatrice, rafle le César du meilleur film documentaire. Neuf ans plus tard, le documentaire "Visages, villages", qu'elle co-réalise avec l'artiste JR, présenté hors compétition à Cannes, est nommé aux Oscars. Son dernier documentaire, une introspection intitulée "Varda par Agnès", avait été présenté en février au Festival du film de Berlin et diffusé récemment sur Arte.