Dans la nuit de samedi à dimanche, Wilfred de Bruijn et son compagnon Olivier ont été victimes d'une attaque homophobe dans le 19e arrondissement de Paris. En sortant de l'hôpital, l'homme de 38 ans a pris des photos de son visage tuméfié et a décidé de les publier sur Facebook. Très vite les médias ont relayé le témoignage, à commencer par Le Nouvel Observateur qui a publié hier matin un long article sur son site internet. Wilfred de Bruijn a été invité hier soir sur le plateau de "C à vous", et a été interrogé ce matin, par Pascale Clark, dans la matinale de France Inter.
Dans l'hebdomadaire, l'homme originaire des Pays-Bas estime que, même à Paris, pèse un lourd climat d'homophobie. Selon lui, celui-ci est amplifié par le débat enflammé sur le mariage pour tous, dont le premier article vient d'être adopté cette nuit au Sénat. "Ce qui m'est arrivé a éminemment à voir avec la façon dont le débat sur le mariage pour tous se déroule, explique Wilfred de Bruijn. Bien sûr, ce n'est pas Henri Guaino qui m'a tabassé mais on a vu des gens qu'on peut respecter pour leur intelligence, des hommes politiques, des évêques, s'exprimer de manière violente, inouïe, rejeter des gens comme un danger pour la société, les enfants, c'est très choquant".
L'article du "Nouvel Obs", qui souligne l'importance du climat politique dans ce fait divers, est titré par une citation lapidaire : "Ce n'est pas Guaino qui m'a tabassé, mais...". Un titre qui n'a pas du tout plu à Henri Guaino, farouche opposant à l'ouverture au mariage aux couples homosexuels. Invité ce matin de la matinale d'Europe 1, le député UMP, ancienne plume de Nicolas Sarkozy, a violemment dénoncé l'attitude du Nouvel Observateur, qu'il a qualifié de "journal abject".
"Je veux bien que les deux jeunes victimes de cet attentat abominable - que personne ne peut approuver, excuser, personne n'est indifférent à ce qui s'est passé - soient sous le coup de l'émotion, je veux bien. Que le journaliste, que le journal, qui donnent des leçons à tout le monde, aient publié sur son site un tel article est une abjection. Le journaliste est abject, le journal est abject", a-t-il déclaré au micro de Bruce Toussaint.
Le député des Yvelines a ensuite alerté les auditeurs sur les conséquences de cette pratique qui mènerait, selon lui, au fascisme : "De cette abjection-là, comme de ce que fait François Hollande en jetant l'opprobre sur les hommes politiques, comme de ce que fait le juge avec les abus de pouvoir, vous savez ce que ça crée ? De cette abjection naît toujours le fascisme. Tout le monde s'y met ! (...) Le fascisme ou ce qui lui ressemble, tout le monde est en face de ses responsabilités aujourd'hui, c'est très grave", a-t-il déclaré, très énervé.