Chaque semaine, retrouvez "Médias le mag, l'interview", en partenariat avec France 5. Julien Bellver, co-rédacteur en chef de puremedias.com et chroniqueur dans "Médias le mag" le dimanche à 12h35 interroge une personnalité des médias toutes les semaines. Pour ce 17e numéro, Julien Bellver reçoit Alessandra Sublet, qui présente ce soir sur TF1 en prime "La grande histoire de la télévision".
Votre année démarre ce soir sur TF1 avec "La Grande histoire de la télévision". L'idée, c'est de montrer le patrimoine extraordinaire des archives de l'INA, qui est partenaire de l'émission ?
Oui, parce qu'à la base ce sont les 40 ans de l'INA, l'Institut National de l'Audiovisuel et c'est vrai que cet institut en France est vraiment un organisme très important. C'est celui qui stocke, façon de parler, toutes nos archives télé et radio. Et quand on creuse, il y a de vraies pépites.
Il y aura des archives inédites ? On a souvent l'impression de voir toujours les mêmes dans ce genre d'émission...
On voit toujours les mêmes parce qu'elles sont sollicitées par les téléspectateurs. C'est vrai qu'on ne se lasse pas de voir Christophe Dechavanne dans "Coucou, c'est nous" ou les bêtisiers d'"Intervilles" ou de "Tournez manège". Mais l'avantage de ces 40 ans, c'est que l'INA a vraiment fait l'effort de nous donner les pépites et les rushs qu'on n'avait pas encore vus. Le producteur de l'émission est un enfant de la télé, c'est Arthur, et c'est lui qui s'est amusé vraiment à regarder tout ce que l'on n'avait pas forcément encore vu. Et il y a encore beaucoup de choses.
L'archive, c'est le fond de commerce des "Enfants de la télé" d'Arthur. Ca sera différent ce soir ?
Les Enfants de la télé, je suis bien placée pour le savoir, ça repose beaucoup sur les casseroles des animateurs. Là, il y a les débuts des animateurs et il y a des choses qu'on n'a jamais vues. Je n'avais jamais vu, par exemple, la première télé de Patrick Sébastien, où il chante avec un groupe. Elle est énorme ! Il y a aussi l'ancêtre des jeux, de la danse, du dating... Dans les années 60, il y avait déjà des émissions comme celles-ci donc finalement, notre télé-réalité n'a rien fait de neuf par rapport à ce qu'on faisait déjà. Il y a presque un côté pédagogue où l'on explique d'où vient quoi.
Justement, l'émission est produite par Arthur. C'est votre nouveau pygmalion ?
Non ! C'est drôle ! C'est flatteur parce qu'Arthur est un très bon animateur et un très bon producteur, c'est un des fournisseurs officiels de TF1 et ce n'est pas pour rien, c'est parce que ses émissions marchent. Mais en fait, c'est lui qui a récupéré ce beau package des 40 ans de l'INA et quand je suis arrivée à TF1 il m'a dit "J'adorerais que tu la présentes".
Il vous a pris sous son aile ? On a l'impression que vous êtes le nouveau talent qu'il a envie de développer sur TF1...
Tant mieux s'il a envie de le faire. Moi, en tous cas, je ne rechigne pas à la tâche quand il me propose de faire des choses. On a fait pour l'instant les 40 ans de l'INA, s'il y en a d'autres, tant mieux, mais ma principale préoccupation va vers d'autres programmes attendus dans quelques temps.
Vous n'allez pas échapper à une archive, celle de votre casting pour votre première télé...
Il y a une époque où on se reconnaît moins, c'est comme ça ! (Rires)
C'était pour "Combien ça coûte" en 2003. La boucle est bouclée, vous avez démarré sur TF1, et vous y retournez, 12 ans plus tard...
C'est vrai ! Ce qui est drôle, sur ce casting, c'est que les producteurs ne sont pas forcément présents mais ce jour-là, Christophe Dechavanne regardait et il m'a dit "Il y a quelques efforts à faire, et du travail physiquement", il m'avait dit pour rigoler, "mais j'adorerais qu'on bosse ensemble". Comme quoi, la vie est bien faite ! C'est vrai que la boucle est bouclée. Je suis restée à peine trois mois sur TF1. Du coup, j'ai fait toutes les autres après ! Cette chaîne-là, on ne va pas se mentir, et plusieurs animateurs me l'ont dit, ça reste la première chaîne d'Europe. Je pense qu'il faut y aller armé, il faut avoir suffisamment d'expérience pour pouvoir se balader tranquillement dans les couloirs de TF1 et savoir ce qu'on a envie d'y faire et éviter la plantade.
Ca ne pouvait arriver que maintenant ?
Pour moi, oui.
Quitter France Télé pour TF1 en juin dernier, c'était sur un coup de tête ?
C'était beaucoup plus réfléchi que ça n'y paraît. D'abord, je n'avais pas trouvé ma place en tant qu'animatrice sur "Un soir à la Tour Eiffel". La deuxième partie de soirée de France 2 supporte mal le divertissement. Je pense qu'elle est plus faite pour l'info, même si c'est de l'infotainment, et du coup je pense que je n'avais pas trop ma place. Ensuite, je pense que c'est très compliqué les deuxièmes parties de soirées, sur toutes les chaînes. Citez-moi à part "Envoyé spécial" ou l'émission de Nicolas Poincaré des émissions qui marchent vraiment bien en seconde partie de soirée en semaine...
Aujourd'hui c'est Frédéric Lopez qui a repris votre case le mercredi soir avec "Folie passagère". Après un bon démarrage il fait moins d'audience que vous. Ca vous inspire quoi ?
C'est un constat d'abord. On en parlait tout à l'heure en off, on ne peut pas juger le programme des autres. On peut dire si on aime ou on n'aime pas. Moi, je l'ai déjà dit dans des interviews, c'était pas forcément ma came. Mais je connais Frédéric Lopez, il est l'un des rares animateurs-producteurs qui créent à l'antenne, donc j'imagine ô combien ça doit être compliqué de voir que les gens accrochent moins à cette création-là.
C'est un OVNI, cette émission...
Oui, c'est un OVNI, mais il y en a qui arrivent à faire leur chemin et je lui souhaite de le trouver. Je sais à quel point il est difficile de s'installer sur cette case-là.
Vous avez justement un projet de deuxième partie de soirée sur TF1. Ce sera pour quand, en février ?
C'est l'affaire de quelques semaines. TF1 a validé le projet, c'est à TF1 d'annoncer le programme quand il arrivera. Nous, on travaille encore. D'abord, je suis heureuse parce qu'il y a un côté beaucoup plus divertissant dans ce que je vais proposer là, parce que je le produis en co-production avec TF1 Productions. Je pense que je vais pouvoir vraiment m'amuser !
Ce sera entre le talk show et le comedy game... ?
Oui, c'est difficile en fait aujourd'hui... Un talk show, on met tout et rien dedans. Les talk shows, c'est les access que vous voyez aujourd'hui, c'est Laurent Ruquier aussi, c'est Thierry Ardisson. Mais il y a un vrai côté divertissement dans ce qu'on va apporter.
Le nom, vous l'avez ?
On l'a en tête mais il n'est pas encore validé juridiquement, c'est la raison pour laquelle je ne peux pas vous le donner. Une fois que ça le sera, je pense que je pourrai vous le dire.
Ce sera un one shot ou un programme hebdomadaire ?
C'est simple, on en a signé deux, parce qu'à TF1, il y a une règle, c'est l'audience. D'ailleurs, cette règle vaut pour toutes les chaînes mais surtout pour TF1 !
Ca vous change de France Télévisions !
Ca, c'est clair ! Mais en même temps, c'est le jeu ma pauvre Lucette. Les règles sont claires. "Je t'en prends deux et si les deux marchent, ça continue". Evidemment, j'aspire à ce que ça marche.
Vous êtes heureuse à TF1 ?
Je suis très sereine, surtout. Oui, j'arrive dans une grande maison mais elle m'accueille à bras ouvert depuis le départ. Oui, j'ai commencé par du prime divertissement, mais c'est aussi ce que j'ai envie de faire. Et ce n'est pas rien que cette chaîne me fasse confiance pour de la deuxième partie de soirée.
Certains laissaient entendre que votre intégration à TF1 s'était passée difficilement... C'est faux ?
C'est la presse people, oui, on peut en parler. Closer, mais Voici aussi. Ils se sont ligués ! Au lieu de me prendre à la plage, cette année... Je pense qu'on ne peut pas faire une carrière pérenne sans qu'on soit jugé dans le bon ou dans le mauvais sens. Jusqu'à maintenant, tout était plutôt cool pour moi. Depuis "Un soir à la Tour Eiffel", j'ai vu aussi l'autre côté, plus Dark Vador, de la télévision. Il faut jouer le jeu. C'est comme ça. Si on s'expose, c'est aussi pour être critiqué, dans le bon ou dans le mauvais sens. Ca a été dur pendant "Un soir à la Tour Eiffel". Je crois que cette expérience a été salvatrice pour moi.
On termine avec un petit quizz médias "Mon ancien employeur"... Garanti sans langue de bois puisque vous ne travaillez plus sur France Télé... Julien Lepers remplacé par Samuel Etienne, vous validez ?
Ca a surpris beaucoup de gens. Maintenant, je la valide parce que c'est un choix qui a été fait par Mme Hastier et c'est difficile de le remettre en doute. J'adore Julien Lepers et je me dis qu'il doit être très triste, d'ailleurs c'est ce qu'il a souligné, mais je souhaite bon vent à Samuel Etienne.
C'est du racisme anti-vieux ou il faut laisser la place aux jeunes ?
Ca c'est Michel Drucker qui l'a dit ! France Télévisions en a besoin, c'est une évidence folle. Mais ça ne veut pas dire qu'il faut mettre les vieux dehors et dérouler le tapis rouge aux jeunes. Regardez Michel Drucker, ses audiences continuent à grimper le dimanche ! Donc je pense que c'est un juste équilibre et je pense que ça va être un vrai casse-tête pour Delphine Ernotte.
Il y a beaucoup de papis à la télé mais pas beaucoup de mamies... C'est plus dur quand on est une femme de vieillir à la télé ?
Je n'ai pas envie d'être que féministe en face de vous, mais est-ce qu'on ne peut pas dire aussi que les garçons vieillissent un petit peu mieux physiquement que les femmes ? Peut-être. Moi, je le reconnais. Si je prends une photo de mon père à 20 ans et aujourd'hui... il est vachement mieux aujourd'hui ! Et c'est moins évidemment pour les femmes dans la famille ! (Rires) En même temps, regardez Sophie Davant, elle est super fraîche ! Moi, je vais arriver à un âge plus compliqué, j'ai 40 ans... Mais ça ne me choque pas. Par contre, qu'il y ait plus de femmes à la télévision, oui, et tant mieux ! On voit arriver Anne-Sophie Lapix, Léa Salamé, et d'autres encore. Tant mieux !
Claire Chazal, ce n'est pas une mamie, mais elle remplace Laurent Goumarre sur France 5. C'est une bonne idée ?
De toute façon, elle n'avait plus de boulot donc elle était disponible ! Il y a deux choses : j'adore Laurent Goumarre, donc là vous touchez personnellement quelqu'un que je connais et que j'aime beaucoup. Maintenant, c'est difficile de vous dire "c'est mieux" ou "c'est pas bien". De toute façon, on n'a pas le choix, il y a des gens qui décident...
C'est la dure loi de la télé ?
Oui, c'est la dure loi de la télé et ça m'arrivera certainement un jour !
Anne-Sophie Lapix vous a remplacé à la tête de " C à vous ". Qui voyez-vous pour lui succéder ?
Est-ce qu'elle a vraiment décidé de partir ?
Je ne pense pas qu'elle ait décidé de partir mais ça arrivera forcément un jour... !
Vous voulez que je vous dise, ça a été très difficile pour elle au départ et je pense que c'est de plus en plus confortable pour elle. J'en veux pour preuve qu'elle se révèle vraiment, elle devient celle qu'on connaît dans la vie. Je pense qu'elle va rester un bon bout de temps ! S'il fallait lui trouver un successeur, je mise sur Anne-Elisabeth Lemoine, mais elle le sait déjà.
Dernière question. Vous avez quelques ennemis dans le métier. Christophe Conte des "Inrocks" pour ne citer que lui. Maintenant que vous êtes sur TF1, une chaîne privée, vous pensez qu'il va se calmer ?
D'abord, il faut expliquer qui est Christophe Conte. On souligne qu'il a fait un merveilleux doc il y a pas très longtemps un merveilleux doc sur David Bowie, moi j'arrive à reconnaître à mes pires ennemis leurs qualités. Mais qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? C'est sûr que les émissions d'Alessandra Sublet, elles sont moins "Inrocks" ou "Télérama" que "Télé 7 Jours" et "TV Mag". Le but du jeu, ce serait de faire une couv aux "Inrocks" avec une interview de Christophe Conte !