Interview
Alexandra Redde-Amiel (FTV) : "Nous voulons des divertissements 100% création française"
Publié le 16 juillet 2020 à 16:57
Par Benjamin Meffre
La patronne des divertissements de France Télévisions décrit à puremedias.com ce qui attend les téléspectateurs la saison prochaine.
Alexandra Redde-Amiel Alexandra Redde-Amiel© FTV
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Le divertissement, chantier permanent de France Télévisions. Depuis plusieurs saisons, le service public est engagé dans une vaste oeuvre de renouvellement de ses divertissements. Objectif : rajeunir et élargir le public de ces émissions particulièrement difficiles à imposer dans le PAF d'aujourd'hui, en particulier pour un groupe chargé d'une mission de service public. En charge de cette transformation : Alexandra Redde-Amiel, professionnelle expérimentée passée par Endemol, Lagardère, Sony ou encore Studio 89, et désormais patronne des divertissements de France Télévisions depuis l'année dernière. Alors que les premiers programmes portant sa patte ont connu des fortunes diverses lors de leur mise à l'antenne, Alexandra Redde-Amiel a accepté de faire le bilan de la saison écoulée et de dévoiler quelles nouveautés attendent les téléspectateurs de France Télé la saison prochaine.

Propos recueillis par Benjamin Meffre.

puremedias.com : Quelle est votre ambition pour la saison prochaine en matière de divertissements à France Télévisions ?
Alexandra Redde-Amiel : Nous voulons des divertissements 100% création française. C'est l'un de nos enjeux majeurs. Nous avons par ailleurs défini trois piliers pour notre offre de divertissements : le spectacle, l'humour et la musique. Nous sommes aussi dans une continuité de renouvellement de nos programmes : nous avons lancé six marques - des créations pures - en 2019, et nous allons en lancer une dizaine en 2020. Dans cet après-Covid, les divertissements ont un rôle plus important que jamais alors que nombre d'activités divertissantes sont encore perturbées par la nouvelle donne sanitaire.

"Spectaculaire", l'un de vos gros lancements de la saison prochaine, est produit par ITV, une société britannique. Ce n'est pas très "made in France"...
L'émission est co-produite par ITV France, pilotée par des créateurs français, Franck Firmin-Guion et Matthieu Grelier, et Kiosco, une société française dirigée par le réalisateur Tristan Carné ! Et "Spectaculaire" est une création pure, pas un format ! Les divertissements de France Télévisions font aussi travailler une trentaine de producteurs différents, dont beaucoup d'indépendants.

Que verra-t-on justement dans "Spectaculaire", annoncé en prime time sur France 2 la saison prochaine ?
Notre idée est de redonner une place de choix aux arts de la scène, aux disciplines populaires que sont le cirque, la magie, la danse ou le music-hall, dans un contexte où le public est privé d'un certain nombre de spectacles. Nous voulons les redonner aux Français, leur donner "les billets pour le premier rang" comme j'aime à dire. Nous proposerons donc les meilleurs numéros du monde entier, dont des numéros créés spécialement pour cette émission, avec des chanteurs, des comédiens et des humoristes. A la fin de l'émission, le public décernera le prix du numéro le plus spectaculaire. Une technologie dite de "mapping" sublimera le spectacle.

"'Eurovision France' sera incarnée par Stéphane Bern" Alexandra Redde-Amiel

Qu'apportera concrètement ce "mapping" ?
C'est une mise en abyme des numéros avec une création et un univers spécifique, dans un monde de réalité augmentée.

Est-ce que "Spectaculaire" sera un croisement entre "Le plus grand cabaret du monde" et "La France a un incroyable talent" ?
Quand on crée, on ne regarde pas ce que fait le voisin. Nous nous demandons surtout ce que nous voulons apporter au public.

"Spectaculaire" sera LE gros lancement de France 2 la saison prochaine ?
Ce ne sera pas le seul. La saison de France 2 sera notamment marquée par le retour de l'Eurovision et de la sélection du candidat français pour ce concours à travers un programme rebaptisé "Eurovision France, c'est vous qui décidez". Nous aurons aussi le retour de "Surprise sur prise, nouvelle génération". L'idée est de ré-installer la marque sur la chaîne après un retour à l'antenne réussi.

Concernant l'incarnation de "Spectaculaire", s'agira-t-il de Daphné Bürki ?
Je ne donne pas aujourd'hui de précisions sur l'incarnation. Ce que je peux vous dire, c'est que nous avons une grande famille de visages à France Télévisions et que celle-ci peut encore s'agrandir...

Comme vous le disiez, la saison prochaine sera marquée également par le retour d'un prime de sélection du candidat français à l'Eurovision, baptisé "Eurovision France". Qui l'incarnera ?
Ce sera une grande soirée évènement produite France TV Studio. L'idée est de faire toute la lumière sur l'Eurovision ce soir-là. Nous tournerons ce prime dans une grande salle en régions et la soirée sera incarnée par Stéphane Bern, le maître de cérémonie de l'Eurovision.

"Le concours de cuisine de France 3 sera animé par Stéphane Bern" Alexandra Redde-Amiel

Pourquoi ce retour à une soirée de sélection du candidat français par le public alors que vous aviez abandonné ce mode de sélection avec Tom Leeb ?
Il faut se remettre dans le contexte. Tom Leeb avait été sélectionné par voie interne. La Covid est arrivée et l'Eurovision a été annulé. L'Eurovision est l'une de nos marques les plus fortes. Nous ne pouvions pas laisser notre public attendre plus d'un an sans elle. Nous en avons parlé avec Tom et avons décidé de rassembler de nouveau le public autour de cet évènement en créant "Eurovision France, c'est vous qui décidez".

L'Eurovision junior reviendra-t-il sur France Télé ?
Bien sûr ! Nous repartons le 29 novembre et annoncerons l'artiste sélectionné à la rentrée.

A quoi ressemblera "On est en direct", le nouveau format de Laurent Ruquier le samedi soir ?
Le titre résume assez bien le projet. Nous voulons retourner au direct et à ce "tout peut se passer" qui lui est associé. "On est en direct", produit par ADLTV et Philippe Thuillier, sera un peu "tout peut arriver chez Laurent Ruquier en deuxième partie de soirée". Vous y retrouverez de la culture, du divertissement, de l'humour, tout ce qui fait la richesse de Laurent. Nous aurons aussi du live, de la scène. Ca va être un moment très différent de ce qu'on a pu voir jusqu'à présent.

Avec des interviews d'artistes ?
Il y aura de tout. On vivra une véritable expérience.

Que verra-t-on dans la case du vendredi soir de France 3 la saison prochaine ?
Dans le cadre de notre renouvellement de cette case imaginé avec Delphine Ernotte et Takis Candilis, nous avons décidé de lancer la saison prochaine trois émissions sous une même marque ombrelle : "Le grand concours des régions". Il s'agira de trois créations 100% française avec un concours de cuisine, produit par Kitchen Factory (la société de Cyril Lignac, ndlr) et animé par Stéphane Bern, un concours de danses régionales produit par Ah Production et présenté par Cyril Féraud. Enfin, nous proposerons aussi un concours d'humour produit par Wemake et pour lequel nous affinons encore notre incarnation. Nous veillerons bien entendu à créer une unité de fabrication entre ces trois programmes qui auront aussi pour point commun de donner le pouvoir au public.

C'est justement l'un de vos axes de création, cette volonté de faire participer le public ?
Oui, c'est d'ailleurs aussi le cas avec "Eurovision France" ou "Spectaculaire". Nous voulons mettre en lumière le public dans nos divertissements.

"Nous proposerons un documentaire événement sur le dernier road-trip de Johnny Hallyday" Alexandra Redde-Amiel

Vous aviez un projet de divertissement autour de l'humour avec Jean-Luc Lemoine. L'arrivée de ce concours d'humour signifie-t-elle que ce projet est abandonné ?
Nous sommes en train de travailler sur une émission d'humour produite par Carson.

Sur France 3 le vendredi soir, vous proposerez aussi "Symphonissime". De quoi s'agit-il ?
C'est une création Morgane Production. L'émission se passera au théâtre du Châtelet, un écrin magique, et reprendra les plus grands tubes de la chanson française avec un orchestre symphonique. Les artistes les plus populaires, de Gims à Adamo, nous accompagneront.

Continuerez-vous à proposer le vendredi soir des documentaires sur des grands artistes de la chanson ?
Oui bien sûr ! Nous travaillons d'ailleurs actuellement sur un documentaire événement avec Warner et le réalisateur François Goetghebeur, qui a suivi Johnny Hallyday lors de son fameux dernier road trip dans le désert américain, quelques mois avant sa mort, en 2016. Ce documentaire évènement sera proposé sur France 3 en exclusivité à la fin de l'année.

Vous vous apprêtez à diffuser les deux derniers épisodes de "La course des champions" cet été. Quelles leçons tirez-vous de cet échec d'audience ?
Ce qu'il faut retenir, c'est qu'il y a eu un public jeune très réceptif à ce programme. "La course des champions" s'inscrivait dans une offre plus globale autour des Jeux Olympiques de Tokyo. En matière d'écoute conjointe, le programme était extrêmement intéressant, même si le score en 4+ était effectivement insuffisant. Il n'y aura donc pas de nouveaux numéros.

L'écoute conjointe, c'est votre objectif prioritaire ?
Mon objectif est de réunir toute la famille devant la télévision, de 7 à 77 ans. Nous voulons conserver notre coeur de cible et élargir à de nouveaux publics plus jeunes.

"Il y aura une nouvelle incarnation pour les Victoires de la musique la saison prochaine" Alexandra Redde-Amiel

"Boyard Land", autre lancement de la saison passée, a également enregistré des scores décevants...
Non, ce n'était pas décevant. Nous avons réalisé jusqu'à 39% de part d'audience sur les enfants. Nous croyons à cette marque et sommes pleinement satisfaits. Elle va s'installer.

Plus globalement, quel bilan d'audience faites-vous de la saison passée en matière de divertissements ?
Un bon bilan ! Nous sommes dans une dynamique de renouvellement qui fonctionne grâce à nos marques existantes et nouvelles. Nous avons gagné 1,5 point de part d'audience et un demi-million de téléspectateurs dans la case du vendredi soir sur France 3. Sur France 2, nous élargissons notre public et avons gagné un point de part d'audience sur le public familial cette saison.

Il est dur d'installer des marques télé aujourd'hui. N'est-ce pas encore plus dur pour les divertissements ?
C'est en effet un genre difficile parce qu'il se voit beaucoup et est très attendu. Avec le divertissement, nous sommes aussi dans l'émotion pure, le ressenti. Nous sommes donc jugés très vite.

Ne manque-t-il pas des animateurs référents pour le divertissement sur France Télévisions ?
Il est certes important d'avoir des visages référents mais je pense que la diversité des profils est également un véritable atout. Nous avons de nombreuses marques de divertissements à France Télévisions. Heureusement que nous avons une grande famille de visages pour les incarner.

L'animation pléthorique des Victoires de la musique 2020 n'a-t-elle pas montré ses limites ?
C'était exceptionnel et proposé pour les 35 ans des Victoires. Il y aura une nouvelle incarnation pour les Victoires la saison prochaine, sur laquelle nous travaillons actuellement.

"Michel Drucker fait partie de la 'dream team' des divertissements de France Télévision !" Alexandra Redde-Amiel

Michel Drucker fait-il toujours partie des animateurs de divertissements de France Télévisions ?
Bien sûr, Michel Drucker fait partie de la "dream team" de France Télévisions !

Idem pour Garou ?
Oui, bien sûr. Garou animera d'ailleurs la Fête de la musique la saison prochaine, avec Laury Thilleman. Un vrai bonheur de travailler avec ce duo si solaire.

Comme TF1 avec "Mask Singer" et "Good Singers", travaillez-vous sur des formats de jeux musicaux, très en vogue actuellement sur le marché mondial ?
Nous le faisons déjà avec "Les enfants de la musique" sur France 3, qui reviendra la saison prochaine. Mais bien entendu, nous sommes en train de travailler sur des programmes de ce type.

Que garderez-vous, en matière de production, de cette période de confinement ?
La faculté d'adaptation incroyable des producteurs. Certains d'entre-eux ont été capables de nous livrer des émissions en trois jours seulement. Nous avons vu durant cette période que tout était possible à chaque instant. Je retiendrai aussi de cette période que le divertissement a montré qu'il avait un vrai rôle à jouer et un vrai sens dans la vie des Français.

"Nous allons lancer 'Funny Club', une émission d'humour animée par Tom Villa" Alexandra Redde-Amiel

Selon vous, un divertissement de service public doit-il cultiver ?
Oui, pleinement ! Nous nous efforçons de donner du sens et du fond à nos programmes de divertissement. C'est pour cela que je parle de "divertissements culturels" comme avec "La ferme préférée des Français", nouvelle déclinaison du "Village préféré des Français", qui sera animée par Stéphane Bern la saison prochaine. C'est aussi le cas pour "Le monument préféré des Français" ou pour notre marque "Le patrimoine fait son show" et les concerts à Notre-Dame ou à la Tour Eiffel.

Le délinéarisé est-il un de vos chantiers ?
Oui, nous lançons d'ailleurs deux belles marques inédites de divertissement sur france.tv la saison prochaine. L'une mettra en lumière les nouveaux talents de la musique, avec une expérience unique que nous ferons vivre aux artistes. Ce programme ne sera pas incarné. L'autre marque s'appellera "Funny Club", une émission qui va révéler de nouveaux talents de l'humour, et qui sera animée par Tom Villa. Nous travaillons aussi avec lui sur des programmes linéaires mais je ne peux pas encore vous en dire plus.

Craignez-vous l'arrivée de programmes de divertissement produits par les plateformes de SVOD ?
Nous sommes attentifs et réactifs à ce qui se passe ! C'est pour cela que nous labourons des champs spécifiques et complémentaires sur France 2 et France 3. France 2 est la chaîne des grands évènements qu'on ne pourra pas voir ailleurs. France 3 travaille pour sa part la proximité et le patrimoine, qu'on peut là aussi difficilement retrouver ailleurs. Et puis, notre atout essentiel à France Télévisions est la création 100% française ! Ce sont là des moyens de nous prémunir de cette nouvelle concurrence.

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