Stanley Kubrick en avait fait son obsession. Son "film maudit", à l'instar du "Don Quichotte..." de Terry Gilliam. En 1969, peu après la sortie de "2001 : l'odyssée de l'espace", le cinéaste planchait sur une adaptation titanesque de la vie de l'empereur Napoléon Bonaparte. Le script du projet totalisait 186 pages. Le réalisateur avait compilé un dossier iconographique de 17.000 images sur des cartes perforées IBM. Le casting devait compter 50.000 figurants. Le tournage, durer 150 jours. Et le film, au final, durer au moins trois heures. Réalisant l'ampleur démesurée du projet, c'est la MGM qui stoppa l'aventure... avant même qu'elle ait commencé.
Aujourd'hui, c'est ce projet colossal et jamais abouti que Steven Spielberg se propose de reprendre. "Je développe un scénario de Stanley Kubrick sous forme de mini-série - et non de long métrage - sur la vie de Napoléon." Exit la démesure kubrickienne : le réalisateur de "La Liste de Schindler" se tourne vers un format video bien plus en vogue ces derniers temps. Il reste que le projet pourrait tout de même s'annoncer pharaonique. Proche de la famille de Kubrick, qu'il considérait comme son mentor, Spielberg devrait respecter le sens de la mise en scène de l'auteur du "Docteur Folamour".
Ce n'est pas la première fois que Steven Spielberg marche dans les pas de Stanley Kubrick. En 2001, soit deux ans après la mort du réalisateur, Spielberg signait "A.I. Intelligence Artificielle". Ce projet initialement lancé par Kubrick était adapté de la nouvelle de science-fiction de Brian Aldiss, "Les Supertoys durent tout l'été" ("Supertoys Last All Summer Long").