Une prise de parole attendue. Hier matin, Arnaud Lagardère, propriétaire d'Europe 1, était dans les nouveaux locaux de la station, rue des Cévennes, pour s'adresser aux salariés, inquiets de constater, vague d'audience après vague d'audience, une fuite des auditeurs - 3,2 millions d'auditeurs quotidiens sur la période janvier/mars 2019 selon Médiamétrie (-478.000 paires d'oreilles sur un an) - et qui ne connaissent toujours pas le contenu de la grille de rentrée, à quelques semaines seulement de la trêve estivale.
Au final, que retenir de l'intervention de près de deux heures d'Arnaud Lagardère ? Pas grand chose, selon nos confrères du "Parisien" qui relaient les principaux verbatims de cette allocution. Le grand patron a avant tout rassuré ses salariés : il ne souhaite pas vendre Europe 1. Pour le reste, il faudra patienter : le maintien de Nikos Aliagas à la tête de la matinale à la rentrée ? Pas encore acté. Les deux hommes doivent s'entretenir en tête-à-tête la semaine prochaine. Même incertitude concernant l'avenir du vice-PDG de la station, Laurent Guimier, actuellement en arrêt maladie même si, en interne, il se murmure qu'il est proche de la sortie. Concernant la future grille, Arnaud Lagardère a affiché sa volonté de "valoriser les talents maison" et non plus de faire venir des stars à prix d'or, comme ce fut le cas avec Laurence Boccolini cette saison ou Cyril Hanouna par le passé.
Beau joueur, concernant la motion de défiance dont il a fait l'objet en avril dernier après la publication des nouvelles audiences désastreuses, Arnaud Lagardère a estimé : "C'est bien que des salariés protestent, ça veut dire qu'ils s'investissent dans leur travail". Une observation qui ne l'a pas empêché d'ironiser sur les journalistes "à hauts salaires" qui ont voté cette motion. Se sentant visé au premier chef, Patrick Cohen, lui aussi donné sur le départ, a pris le micro pour protester contre ces propos "inacceptables" et expliquer qu'il se sent "solidaire" des autres salariés. En conclusion, le patron du groupe Lagardère a lancé un vibrant et étonnant "Un pour tous et tous pour Europe 1 !" et promis de revenir deux fois d'ici cet été pour dévoiler la future grille de rentrée.
Mais si Europe 1 est assurée de rester dans le giron de Lagardère, qui s'est défait récemment de la majeure partie de sa branche médias, l'avenir des deux radios musicales du groupe, Virgin et RFM, s'annonce plus incertain. Interrogé à ce sujet lors de sa rencontre avec les salariés mardi matin, Arnaud Lagardère a répondu sans détours que "s'il y a une offre dithyrambique qui m'arrive pour Virgin et RFM, je vous le dis franchement, je regarderai", comme le rapporte "Le Figaro". Selon le quotidien de droite, les groupes TF1 et NRJ seraient intéressés par cette acquisition - même si NRJ ne pourrait, pour le moment, pas intégrer les deux stations à son groupe, en raison du dispositif anticoncentration qui empêche un groupe de détenir des radios dont l'audience cumulée atteint un potentiel de plus de 150 millions d'auditeurs. La valeur des deux stations est estimée à plus d'une centaine de millions d'euros.