Il y a de la friture sur la ligne entre Free Mobile et le gouvernement. Alors que ce mardi, l'opérateur a étendu la disponibilité sans surcoût de la 4G à son forfait 2 euros, Arnaud Montebourg dénonce "les excès low cost" du quatrième opérateur français. Tout a commencé ce matin, quand Xavier Niel, patron de Free, répondait à un (très vieux) tweet d'Arnaud Montebourg. Il n'était pas encore ministre du Redressement productif et saluait à l'époque l'initiative de Free, avec son forfait tout-illimité à 19,99 euros par mois :
.@montebourg Toujours plus pour le pouvoir d'achat : la #4G pour 2€ grâce à #FreeMobile :-)
- Xavier Niel (@Xavier75) 10 Décembre 2013
Un petit jeu de tweets qui n'a visiblement pas beaucoup plu au ministre. Quelques heures plus tard, il répond au patron de l'opérateur, l'accusant de détruire des emplois :
@Xavier75 Toujours plus de destruction d'emplois dans les telecoms grâce aux excès low cost de #freeMobile :-(
- Arnaud Montebourg (@montebourg) 10 Décembre 2013
Xavier Niel, d'ordinaire peu bavard sur Twitter répond une nouvelle fois, chiffres à l'appui :
.@montebourg Telecom: 124K emplois directs en 2009, 129K en 2012 + 5K emplois créés grâce à #FreeMobile. Et votre bilan M. le Ministre ? :-)
- Xavier Niel (@Xavier75) 10 Décembre 2013
Ce n'est pas la première fois que le gouvernement critique publiquement les offres commerciales de Free. Il y a une semaine, quand le trublion des télécoms annonçait le lancement de la 4G à prix cassé, Fleur Pellerin, ministre de l'Economie numérique et Benoît Hamon, ministre délégué en charge de la Consommation, se fendaient d'un communiqué dans lequel ils invitaient les consommateurs à consulter les cartes de couverture des opérateurs avant de faire leur choix. En clair, à se méfier de la couverture réseau de Free Mobile, moins importante que ses concurrents.
La guerre de la 4G fait rage depuis plusieurs jours, tous les opérateurs accusant Xavier Niel de casser le marché avec une offre alléchante mais dépourvue de réseau. Certains comme Bouygues Telecom jouent la bagarre, en s'alignant sur Free. D'autres, à l'instar de SFR ou Orange, préfèrent agiter le chiffon rouge de l'emploi et de la destruction de valeur.
En 2012, année où Free est arrivé sur le marché du mobile, l'Arcep dénombrait dans son rapport annuel 129.000 emplois dans le secteur des télécoms, en progression de 0,1% sur un an. "Depuis trois ans, la tendance est à une légère amélioration de l'emploi salarié des opérateurs", note le gendarme des télécoms. Si l'emploi progresse sur la période, le chiffre d'affaires des opérateurs chute lourdement (18,9 milliards d'euros, en recul de 6,8%), en raison notamment de la baisse du revenu moyen mensuel par abonné imposé par Free Mobile. Mais les investissements, boostés par le déploiement de la 4G, continuent de croître : 4 milliards d'euros en 2012 contre 2,4 milliards un an plus tôt.
La coupe est pleine pour les opérateurs historiques (Orange, SFR et Bouygues Telecom) qui comptaient sur la 4G pour se refaire une santé et redresser leurs marges. C'était sans compter sur la nouvelle tornade Free, qui les prive d'une valorisation de la 4G auprès de leurs clients. "Ils ont lancé la 4G afin d'augmenter leurs prix et d'engranger toujours plus de bénéfices (...) Ne vous inquiétez pas, on arrive", s'amusait il y a peu Xavier Niel sur France 2. Il a tenu parole...