Un "rideau de fumée". Voilà comment Jérôme Fenoglio, directeur du "Monde", qualifie les récentes attaques contre son journal émanant de plusieurs cadres du Front National. Cette semaine sur M6, Marine Le Pen a notamment annoncé qu'elle allait porter plainte contre le quotidien après la publication, le 30 mars, de nouveaux éléments de l'enquête sur les attachés parlementaires européens du FN soupçonnés d'emplois fictifs.
Interrogés par plusieurs médias, Florian Philippot, David Rachline ou Wallerand de Saint Just ont eux aussi pris pour cible l'enquête du "Monde", insinuant notamment que le journal aurait payé pour obtenir ses informations.
Sur le site du quotidien, Jérôme Fenoglio a décidé de leur répondre aujourd'hui. "Les dirigeants du Front national ont invariablement recours à la même tactique lorsqu'ils sont confrontés à des informations qui les embarrassent parce qu'elles dévoilent leur vraie nature et leurs agissements. Aux faits, qu'ils ne peuvent démentir, ils opposent d'obscures manoeuvres de diversion qui visent à discréditer les enquêteurs", écrit d'abord le directeur du "Monde".
Dans son texte, Jérôme Fenoglio dénonce ensuite l'attitude "ridicule" et "diffamatoire" des cadres du Front national. "Incapables d'apporter une contradiction de fond à ce travail, précis et étayé, de nos journalistes, ils laissent entendre que ces informations ont été obtenues en 'corrompant' un informateur. Et ils reprennent un argument développé depuis plusieurs semaines : 'Le Monde' chercherait à nuire à Marine Le Pen pour avantager l'un de ses concurrents", déplore-t-il.
"Aucun d'entre eux ne croit à ces fables, mais ces mensonges sont devenus tellement systématiques qu'il convient, une fois pour toutes, de leur opposer la vérité", explique Jérôme Fenoglio.
Et d'affirmer : "Non, 'Le Monde' ne paye jamais pour obtenir des informations. Affirmer que nous pourrions corrompre une source est une pure diffamation à laquelle nous nous réservons de donner toutes les suites nécessaires. Non, dans cette campagne présidentielle, 'Le Monde' n'est engagé dans un aucun camp. La liberté de nos journalistes est totale, et elle n'est engagée en rien par les déclarations publiques de nos actionnaires". Avant de lâcher : "'Le Monde' n'achète personne et n'est vendu à aucun candidat".