Les contours de la future loi sur l'audiovisuel public se précisent. Alors qu'un certain flou entourait la question depuis plusieurs mois, Franck Riester, le ministre de la Culture, semble sortir du bois. Interrogé par nos confrères du "Journal du Dimanche", le titulaire de la rue de Valois annonce "une réforme profonde, à 360 degrés" qu'il espère présenter en conseil des ministres "au plus tard en juillet" avec une entrée en application à l'été 2020.
Comme attendu, cette réforme sera articulée autour de trois axes principaux : L'avenir de l'audiovisuel public, la régulation du secteur et le financement de la création française. Côté régulation, le ministre plaide pour un rapprochement du CSA, qui chapeaute l'audiovisuel, de l'ARCEP, l'autorité de régulation des télécoms, et de l'HADOPI, qui lutte notamment contre le piratage sur le web. Tout en conservant leur spécificité et leur terrain d'action, les trois institutions seraient placées sous l'autorité d'un seul et même président.
Après s'être dit, en janvier dernier, favorable à la création d'un conseil de déontologie des journalistes et qui fait l'objet d'une mission confiée à Emmanuel Hoog (ex-patron de l'AFP, ndlr), Franck Riester semble faire marche arrière. Le ministre, qui se dit "prudent", reconnaît qu'il s'agit d'un "sujet sensible". Pour rappel, dans un sondage réalisé par Viavoice et publié par le même "JDD" ce matin, 74% des Français se disent favorable à la création d'une telle institution.
Concernant le financement de la création, Franck Riester plaide pour un assouplissement global des règles en vigueur. Il entend "redéfinir" les relations entre "les créateurs et les producteurs" et entre "les producteurs et les diffuseurs". Le ministre veut notamment placer les plateformes de partage de vidéos, dont Netflix et Amazon, au coeur de sa réflexion. "Ce sera une étape déterminante dans la modernisation des réglementations de toute une industrie" indique-t-il. Comme le préconisait le rapport Bergé, la question de l'ouverture au marché publicitaire de la télévision de secteurs interdits comme la grande distribution ou le cinéma sera par ailleurs étudiée.
Sur le financement de l'audiovisuel public, l'instauration d'une redevance universelle, évoquée par Françoise Nyssen en septembre dernier et également préconisée par le rapport Bergé, est à priori écartée, selon "Le JDD". L'adossement de la redevance sur l'impôt sur le revenu ou l'impôt foncier n'est en revanche pas acté. Enfin, concernant l'audiovisuel public, Franck Riester plaide pour la création d'une BBC à la française, vieille idée qui suit son chemin depuis déjà plusieurs années. Le ministre confirme qu'il veut rassembler les différentes entités - France Télévisions, France Médias Monde, Radio France, Arte, l'INA et TV5 Monde - au sein d'une seule et même holding présidé par un patron unique, désigné non plus par le CSA mais par un conseil d'administration.
Mise à jour dimanche 10/03 à 14h : Dans un tweet publié suite à la parution de ses propos dans "Le JDD", Franck Riester rappelle que "rien n'est décidé" concernant la réforme, réfutant dévoiler "(son) plan pour une ambitieuse réforme". "Je poursuis les consultations des acteurs sur les différents scenarii possibles" écrit le ministre.