Dans Be Bad !, Michael Cera (SuperGrave, Juno, et tout un tas de rôle de jeunes geeks ratés) incarne Nick Twisp, ado looser et boutonneux, onaniste notoire, adepte de la pignole. Le jour où il rencontre la (jeune) femme de ses rêves, le voilà confronté à une bien dure réalité, l’adolescence, ce corps qui n’est pas le sien, cette fille pas faite pour lui. Face au gap qui les sépare, il s’invente un double, François, image du parisien chic ambiance Nouvelle Vague, qu’il imagine être le fantasme de sa bien aimée. Poussé par lui, il ose tout, devient un monstre, prêt à tout pour la séduire.
Le pitch est donc prometteur, et tout y est pour que cette comédie acnéique, comme les Américains savent les faire, vire sur autre chose : un film gentiment trash, osé, et décalé. Malheureusement, Be Bad ! ne tient qu’à moitié ses promesses. Oui, il ose sortir des sentiers battus, loin des films puritains pro-évangélistes pondus chaque année par Hollywood. Ca joue de la main sous la couette, ça dit des gros mots, ça piétine la morale, et ça fait du bien.
Puis arrive François à la moitié du film, et ce qui a sans doute séduit un marché américain pour qui Paris se résume à Doisneau et Truffaut plonge dans la consternation le spectateur français (exactement comme [film%]Les Chansons d’amour[/film%] de Christophe Honoré, qui ont su séduire les Américains mais trop rappelés à beaucoup de Français un cinéma post-Parapluies de Cherbourg). Cigarette fumée avec classe à la Gainsbourg, pantalon trop court sur des mocassins vernis (et sans chaussettes), ce brave François le Français à donner des idées à Omar et Fred casse le rythme d’un film déjà bancale.
Les mauvais coups de Michael Cera sont à jubiler (l’explosion d’un camion citerne, tout ça pour se faire mal voir de son beau père), mais la trame maigrichonne nous passe loin au-dessus. Ce rôle, ce personnage, nous le connaissons par cœur, et c’est d’ailleurs souvent Michael Cera qui l’interprète lui-même (il jouera d’ailleurs encore un jeune geek mal dans sa peu dans le prochain Edgar Wright, Scott Pilgrim vs. the world).
Il restera de Be Bad ! quelques scènes osées (deux couples ados qui s’amusent joyeusement dans des lits superposés), de quoi finalement priver les ados, la cible principale du film, du plaisir de le voir à cause d’un bon gros R sur l’affiche (sexual content, language and drug use) aux USA. Les ados français, eux, peuvent y aller avec plaisir. Les plus vieux risquent de préférer se repasser 40 ans, toujours puceau.
Cinéma
Be Bad ! : 40 films, toujours puceau
Publié le 3 septembre 2010 à 12:39
"Be Bad" sort des sentiers balisés par l’église évangélique, même si Michael Cera y incarne toujours le même geek frustré que dans toute sa filmographie.
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