Ce soir, dans le cadre du G20 qui se déroule en ce moment à Cannes, Nicolas Sarkozy et Barack Obama accorderont une interview commune à TF1 et France 2. Cette prise de parole du chef de l'Etat intervient une semaine après l'interview qu'il a déjà accordée à la Une et la Deux pour évoquer la crise de la zone euro.
Un choix qui agace la chaîne d'informations en continu BFM TV qui, dans un communiqué, "regrette d'être privée d'interview présidentielle". "Y aurait-il donc en France deux diffuseurs attitrés de la parole présidentielle ? Les chaînes d'information sont absentes du paysage. Elles n'ont pas le droit d'y participer. La parole du Président n'appartient-elle pas à tous les Français ? BFM TV, première chaîne d'information de France avec 9 millions de téléspectateurs quotidiens, n'est-elle pas légitime pour participer à l'organisation des interviews du Président de la République ?" s'interroge la chaîne.
"Alors même que les chaînes d'info consacrent, plus que tout autre, leur antenne à la politique, alors même que retransmettre et analyser la parole politique est l'essence de leur ligne éditoriale et la substance qui, seule, permet de respecter les équilibres politiques, la parole présidentielle leur est interdite. Il y a là une contradiction qui pèse sur l'ouverture du paysage audiovisuel, sur le respect du pluralisme de l'information, sur la diversité des opérateurs de télévision" ajoute BFM TV dans son communiqué.
Par le passé, BFM TV avait déjà déploré ne pas être invitée à la table de l'Elysée lors des interventions du président de la République. En septembre 2007, la chaîne avait même décidé de "pirater" une interview de Nicolas Sarkozy en la retransmettant sur son antenne. La chaîne avait expliqué à l'époque vouloir "une rupture avec des usages d'un autre temps, celui des monopoles de droit. La parole publique appartient à tout le monde. Il en va de l'intérêt général, du respect du pluralisme et du droit à l'information des citoyens".
Pour l'heure, jamais le chef de l'Etat n'a accordé d'entretien à une chaîne d'information en continu : "On a clairement fait savoir que, quand il ne s'agissait pas d'une invitation sur un plateau d'une chaîne mais d'une interview accordée à plusieurs médias à l'Elysée, nous souhaitions pouvoir retransmettre cette interview, ce qui nous parait relever du droit à l'information. Le tout en participant bien sûr aux frais techniques etc. C'est notre souhait et notre autre souhait est de pouvoir aussi interroger nous-mêmes le président de la République" nous expliquait Hervé Béroud, le directeur de la rédaction de BFM TV, dans un entretien accordé en janvier dernier.