Philippe Poutou met les pieds dans le plat. Invité ce matin du "Live Toussaint" sur BFMTV, le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) à la présidentielle a révélé en direct la date du débat d'avant premier tour sur lequel planche la chaîne d'information du groupe Altice.
"Est-ce qu'il y aura un grand débat ? On a reçu une information de BFM selon laquelle la date serait le 23 mars je crois", a lancé Philippe Poutou, devant un Bruce Toussaint, un brin gêné aux entournures. "C'est ce qu'on souhaite", s'est contenté de répondre le présentateur de BFMTV au sujet de cette date. Philippe Poutou ne s'est pas arrêté en si bon chemin et a révélé de nouvelles informations sur le format de cette émission. "On sait déjà qu'on ne va pas vers un grand débat avec tout le monde. Il n'y a pas que Macron qui ne veut pas débattre. Beaucoup ne souhaitent pas se retrouver devant des candidats comme nous, avec une liberté de parole, qui ne sommes pas du même milieu social. Il y a quelque chose qui les déstabilise. C'est toujours plus facile de discuter entre eux, entre riches, entre collègues. Arriver à discuter avec des gens d'un autre monde, c'est plus compliqué", a taclé le candidat NPA.
Comme en 2017, BFMTV et d'autres chaînes souhaitent proposer à leurs téléspectateurs une grande confrontation entre les candidats à la présidentielle avant le premier tour prévu le 10 avril. N'ayant toujours pas officialisé sa candidature, Emmanuel Macron fait toujours planer le doute sur sa participation à d'éventuels débats télé d'avant-premier tour. Après avoir fermé la porte, son entourage laisse désormais entendre que le chef de l'Etat pourrait descendre dans l'arène cathodique, à condition que ce débat se fasse entre les seuls principaux candidats. "Une émission 'Le Maillon faible' à 12 ou 14, il ne le fera pas", assurait ainsi une source anonyme à "Libération" lundi.
De quoi peut-être encourager BFMTV et ses concurrentes à miser sur une formule resserrée pour tenter de convaincre le locataire de l'Elysée de participer à leur émission. Mais elles s'attireraient alors immanquablement les critiques des "petits candidats" comme lorsque le 20 mars 2017, TF1 avait organisé un débat entre les seuls cinq candidats les mieux placés dans les sondages : François Fillon, Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon. Si cette confrontation avait été un carton d'audience - 9,8 millions de téléspectateurs (47,9% du public) -, elle avait aussi été attaquée par les laissés-pour-compte, mais aussi par les participants. "On est 11 candidats à l'élection présidentielle, il y en a 5 ici. Ca pose une question démocratique", avait par exemple lancé en direct François Fillon, rejoint par Emmanuel Macron et Marine Le Pen à l'époque.
Fidèles à leur stratégie de challengers, BFMTV et CNews avaient le 4 avril 2017 pris le contre-pied de TF1 en organisant un "débat à 11" avec tous les candidats à la présidentielle. Ce dernier, animé par Laurence Ferrari (CNews) et Ruth Elkrief (BFMTV) avait été suivi à l'époque par 6,3 millions de téléspectateurs en moyenne sur les deux chaînes, soit 32% de l'ensemble du public. BFMTV avait signé un véritable carton d'audience avec à elle seule 5,5 millions de fidèles (28% de PDA) ce jour-là. Elle se payait alors le luxe d'être leader de la soirée devant "Capitaine Marleau", à l'époque diffusée sur France 3.