L'humour à tout prix. Samedi soir, comme toutes les semaines dans "Les Terriens du samedi" de Thierry Ardisson sur C8, Yann Moix décernait ses "Moix d'or", chronique dans laquelle il fait part des événements qui l'ont interpellé au cours des derniers jours. Il est revenu notamment sur la blague polémique de Jean-Marie Bigard, racontée dans "Touche pas à mon poste" lundi dernier. La scène décrite, entre une patiente et son médecin, se concluait par un viol. Face aux réactions outrées de nombreux téléspectateurs, la chaîne avait coupé la séquence de la rediffusion de l'émission dès le lendemain. De son côté, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a reçu plusieurs centaines de signalements suite à cette blague douteuse.
A contre-courant, Yann Moix a décidé de remettre un "Moix d'or" à l'époque actuelle et à sa "médiocrité, sa pleutrerie". Pour lui, on a oublié la fonction première de l'humour. "L'humour a pour fonction de s'emparer de la réalité, de la dire avec son langage, de la tordre dans tous les sens... Et il ne peut pas y avoir d'humour choquant, pour une raison simple : c'est une tautologie. L'humour doit être choquant", a estimé le chroniqueur.
Pour lui, il conviendrait plutôt de s'indigner du problème du viol en règle générale plutôt que de la blague de Jean-Marie Bigard en particulier. "Je voudrais défendre Jean-Marie, parce que moi, c'est le viol que je déteste et non pas Jean-Marie Bigard et ses blagues sur le viol", a-t-il résumé. Et de poursuivre : "L'humour choquant n'existe pas, ce qui existe, c'est l'humour raté. (...) Reprocher à Jean-Marie Bigard d'être vulgaire, c'est comme reprocher à Marcel Proust d'utiliser des imparfaits du subjonctif, ça n'a aucun sens".
Enfin, Yann Moix a dit tout le bien qu'il pensait du verbe "enculer", qualifié de "très joli verbe" qu'on retrouve "chez le marquis de Sade, chez Georges Bataille...". Le polémiste a fait sienne la phrase de Pierre Desproges : "un homme seul et vulgaire vaut mieux qu'une meute nombreuse et débile". Le sniper des "Terriens du samedi", Laurent Baffie, a lui aussi pris la défense de Jean-Marie Bigard pour rappeler que l'humoriste avait raconté la fameuse blague "une dizaine de fois" sans que cela n'émeuve personne. "L'époque a décidé qu'une blague sur le viol c'était beaucoup plus grave qu'un viol", a soupiré Yann Moix en fin de séquence. puremedias.com vous propose de revoir ce passage.