Edito. Il faut relire plusieurs fois le communiqué de réponse de C8 au CSA dans l'affaire Hanouna. Un traitement "inéquitable", un "acharnement". Des sanctions au caractère "disproportionné", "discriminatoire". Jamais une chaîne de télévision n'avait réagi avec une telle véhémence à une décision prise par la très respectée institution indépendante. Car si dans les chaînes et les dîners en ville, on critique volontiers en off ses décisions, sa lenteur ou son archaïsme, en on, on se tait. Pour ne pas se mettre en difficultés dans d'autres dossiers stratégiques, il ne faut pas se fâcher avec lui, ménager ses Sages, sous peine d'hypothéquer l'avenir.
C8 a clairement pris le contrepied, choisi la contre-attaque mode bazooka. Une réaction d'orgueil, après le choc et la déflagration de la sanction. Il faut dire que personne ne l'avait vue venir. Le Conseil a malignement choisi de ne pas sanctionner les fidèles téléspectateurs de l'émission mais ceux qui la fabriquent et la financent. Dans son communiqué, la chaîne nomme à deux reprises son président, Olivier Schrameck. Ce n'est pas anodin. Depuis plusieurs mois, elle n'a cessé de s'affranchir de ses remontrances, pour TPMP bien sûr mais dans d'autres dossiers, comme celui d'iTELE. Le CSA, même pas peur ! Les nouveaux dirigeants de Canal+ contestent depuis des mois l'autorité de cet empêcheur de tourner en rond.
Mais C8 oublie un petit détail. Sa fréquence, sur la TNT, est gratuite. Elle appartient à l'Etat, aux Français. Le groupe Canal+ peut l'exploiter à condition de respecter un certain nombre d'obligations. Elles ne sont pas insurmontables, tous les diffuseurs s'en accommodent depuis plusieurs années. Le coup de poing du CSA au tiroir-caisse de C8 était donc une bonne réponse, la bonne réponse proportionnée. La preuve : jamais la chaîne n'avait été aussi prompte à réagir. Il lui aura fallu moins de 24 heures pour s'indigner, quand la direction de la chaîne avait mis plusieurs jours pour reconnaître son dérapage.