Il avait fallu attendre quatre jours pour un premier mea culpa, hier dans "Touche pas à mon poste". Un mea culpa partiel. Ce soir, alors qu'il est confronté à la fuite de plusieurs dizaines d'annonceurs qui refusent d'être associés à son talk show, Cyril Hanouna prend la parole dans "Libération". L'animateur-producteur y publie une lettre ouverte, dans laquelle il présente ses excuses et fait un examen de conscience. Le quotidien ne se prive pourtant pas de souligner "un habile tour de passe-passe, (par lequel il) renvoie sa propre homophobie à celle de la société toute entière".
En effet, l'animateur revient sur sa ligne de défense numéro un, son désir de pouvoir "rire de tout avec tout le monde", "meilleure manière de respecter toutes les différences, d'inclure, de rapprocher, de rassembler, bref de s'aimer" selon lui. "J'avais tort", concède-t-il, pointant du doigt le manque de tolérance... des autres. "Nous n'en sommes malheureusement pas encore là en France. Certains ont besoin de plus de précautions, de bienveillance et de soutien que d'autres", affirme-t-il ainsi, assurant en conclusion que ce type de dérapage "ne se reproduira plus".
Chers toutes, cher tous, et à toutes mes petites beautés,
Je suis bouleversé à la lecture de certains témoignages ou commentaires, sur les réseaux sociaux ou encore d'autres sur le plateau, hier, de Touche pas à mon poste, après la diffusion du sketch dans mon émission RADIO BABA.
Tout cela m'a fait réfléchir en profondeur à la conséquence de certaines de mes attitudes.
Aussi, si ce canular n'a pas fait rire chacun avec tous et au contraire est apparu comme pouvant accentuer l'homophobie alors, c'est qu'au final, ce sketch n'avait pas lieu d'être.
Je le regrette donc et je présente encore une fois toutes mes excuses et en premier lieu, à toutes celles et ceux qui ont été blessés, peinés ou choqués par mes propos.
Je suis entier et vais parfois trop loin, emporté par ma fougue.
J'aime charrier c'est même devenu ma marque de fabrique.
J'aime qu'on me charrie aussi.
Mais cette fois-ci, mes lazzis et mes quolibets n'ont pas laissé froid ceux qui les ont reçus.
Cette fois-ci, ma liberté d'expression, celle que je chérie par-dessus tout et que je revendique comme mon emblème, a porté atteinte à autrui.
Je n'ai donc pas, pour cet instant, mérité ma liberté d'expression.
Ma motivation était certes comme toujours de vous divertir et de partager avec vous ce que j'ai cru, dans un instant de passion, drôle.
Cela ne l'était pas et je ne me suis pas mis à la place des personnes que j'associais à mon canular.
Touche pas à mon poste est conçu et animé avec l'idée d'être ouvert à toutes et tous, à toutes les différences et autour des valeurs de joie, et de partage qui rassemblent sans distinction. Nous nous retrouvons chaque soir avec l'idée que personne n'est épargné car évidement personne n'est exclu.
Ce qui se passe depuis quelques jours autour de ce sketch me fait prendre conscience qu'aujourd'hui, en 2017, ce n'est pas vrai partout et pour tous en France. Qu'aujourd'hui, en France, des homosexuels souffrent encore trop du rejet. Ce sketch est allé trop loin. Je n'ai jamais voulu les stigmatiser d'aucune manière.
Je n'ai jamais voulu être malveillant, porter atteinte à quelque dignité humaine ou à quelque vie privée que ce soit.
Au contraire. J'ai toujours pensé que rire de tout avec tout le monde était la meilleure manière de respecter toutes les différences, d'inclure, de rapprocher, de rassembler, bref de s'aimer. J'avais tort.
Nous n'en sommes malheureusement pas encore là en France. Certains ont besoin de plus de précautions, de bienveillance et de soutien que d'autres.
J'ai décidé de me rapprocher des associations, pour que ces derniers jours nous servent à toutes et tous pour avancer. Pour voir comment je pourrai m'engager, plus efficacement que nous l'avons fait jusqu'à présent, pour que recule l'insupportable exclusion. Pour que la différence cesse d'être une souffrance. Mon soucis premier dans toutes mes émissions a toujours été de divertir le public et de rire avec eux et jamais à leur dépend. Dans ce cas précis ça n'était pas le cas et cela ne se reproduira plus.
Je vous embrasse mes petites beautés et tous les autres.
Cyril Hanouna