Héros culte des années 90 et 2000, Dana Scully et Fox Mulder sont de retour ce soir sur M6 avec les deux premiers épisodes d'une dixième saison inédite, treize ans après la fin de "X-Files". Un mois seulement après la diffusion américaine, la Six dégaine en effet cette mini-saison événement, qui a signé d'excellentes audiences outre-Atlantique et pourrait bien donner lieu à d'autres salves d'inédits dans les années à venir.
A l'occasion de la première projection mondiale de la série fin 2015, puremedias.com a rencontré Chris Carter à Cannes, au MIP, le salon international des programmes. L'occasion d'évoquer ce qui l'a convaincu de se relancer dans l'aventure "X-Files", le retour de David Duchovny et Gillian Anderson, le troisième film envisagé ou encore la fin de la série.
Propos recueillis par Charles Decant.
On a longtemps entendu parler d'un troisième film "X-Files", et voilà que vous proposez finalement six épisodes inédits. Que s'est-il passé ?
Tout simplement, l'idée de faire la série est arrivée à un moment où on réfléchissait à faire ce film. Mais faire six épisodes d'une heure plutôt qu'un film de deux heures semblait plus intéressante. C'était l'occasion de raconter une histoire sur un temps plus long, et potentiellement de donner naissance par la suite à d'autres épisodes.
Le premier et le dernier épisodes sont des épisodes basés sur la mythologie de la série. Est-ce qu'ils correspondent à ce que vous auriez raconté dans ce troisième film ?
Pas tout à fait. J'avais imaginé autre chose et écrit autre chose pour le film. Mais j'ai mis tout ça de côté pour créer quelque chose de nouveau et d'original.
Le fait de n'avoir que deux épisodes sur la mythologie implique qu'il y a beaucoup d'informations à intégrer et peu de temps pour le faire. C'était l'un des challenges de ce format de mini-saison ?
Oui, absolument. Quand on regarde le premier épisode, on voit qu'on a montré une autre facette de cette mythologie, et on va encore plus loin dans le dernier des six épisodes. On peut avoir l'impression que Mulder est rapidement convaincu dans le premier épisode, mais il a un peu un comportement d'addict. C'est un expert, donc il voit des conspirations un peu partout.
Gillian Anderson a reconnu qu'elle avait été un peu décontenancée de reprendre ce rôle, de retrouver cette époque, cette atmosphère... Ca a été le cas pour vous ?
Non, pour moi ça a été fantastique ! C'était naturel. J'ai le sentiment que c'était vraiment le bon moment pour revenir, donc ça a participé à ce que ça semble naturel. Vancouver, où nous avons tourné, m'était encore très familier, les gens avec qui on a travaillé aussi, j'occupais le même bureau que sur le tournage du deuxième film...
La série était culte dans les années 90 et 2000. Comment ces nouveaux épisodes s'adressent-ils au téléspectateur d'aujourd'hui ?
On raconte des histoires à une époque qui correspond à la nouvelle génération, et qui évoquent les espoirs, les peurs et même la paranoïa actuels. Le fait de raconter ces histoires aujourd'hui fait qu'on parle au public actuel, tout simplement.
Les neuf saisons de la série originale constituent une oeuvre fermée, terminée. Vous êtes-vous inquiété du fait que l'ajout de nouveaux épisodes pourrait modifier l'ensemble de la série ? Que ça puisse éventuellement lui nuire ?
J'essaie de ne jamais rien faire en raison de ma peur. Je préfère saisir les opportunités et j'ai vu cette suite comme une opportunité d'offrir un nouvel éclairage à la série. Si j'avais eu le sentiment que ce n'était pas possible, je n'aurais pas fait ces épisodes. Mais ça ne faisait pas partie de mes craintes. C'était plutôt une chance.
Vous dites souvent que vous voyez un scénario potentiel pour un épisode de "X-Files" chaque matin dans le journal. Vous n'aviez que quatre épisodes bouclés cette saison pour les raconter. Comment avez-vous fait pour choisir ?
J'en ai écrit une, mais les autres scénaristes m'ont proposé des idées, et ces trois idées étaient tout simplement bonnes !
Pourquoi seulement six épisodes, au final ?
On avait parlé de la possibilité d'en faire huit, mais au final, personne n'avait assez de temps pour en faire plus de six. David Duchovny est dans une série, "Aquarius", et Gillian est dans une série au Royaume-Uni. Elle a beaucoup de travail, elle a tourné un film en Inde. Tout le monde est occupé et n'a pas le temps de faire une saison classique de 22 épisodes.
Gillian Anderson et David Duchovny ont dû beaucoup évoluer depuis leurs débuts...
Ils ont désormais beaucoup d'expérience alors qu'à l'époque, ils étaient tout nouveaux, même si David avait un peu plus d'expérience qu'elle. Depuis, ils ont tout essayé ! Ils ont fait des centaines heures de télévision ou de films, ils sont très bons. Il faut donc être à la hauteur et on ne peut pas leur faire perdre leur temps.
Malgré tout, vous avez le sentiment qu'ils ont retrouvé leur personnage rapidement ?
Ils ont porté le costume de ces personnages pendant plus d'une centaine d'épisodes, donc il n'y a pas vraiment eu de problème au moment de les retrouver. Et tant mieux, les deux personnages sont la clé du succès de la série ! On pourrait raconter les meilleures histoires du monde, si on n'avait pas Mulder et Scully pour les vivre, on n'aurait pas rencontré le succès.
La question d'une nouvelle saison se pose évidemment... Avez-vous déjà réfléchi à ce qu'elle pourrait être ?
J'espère que l'opportunité se présentera et j'ai déjà une idée oui, en tous cas une direction. Et j'écris tous les jours des idées de scénarios. J'y réfléchis sans cesse.
Vous avez déjà réfléchi à une fin pour "X-Files" ?
Non, jamais !
Même à l'époque ? Vous ne vouliez pas qu'il y ait une fin ?
Non, mais je ne savais pas que ça allait s'arrêter. Et il y avait toujours la possibilité de faire des films. Donc je ne sais pas si "X-Files" aura un jour une fin, parce que la vérité sera toujours ailleurs.