Interview
Jean-Michel Tinivelli ("Simon Coleman") : "On a gagné en rythme et en puissance en passant à des épisodes de 52 minutes"
Publié le 13 septembre 2024 à 11:15
Par Laura Bruneau | Journaliste
Laura Bruneau se passionne très tôt pour le petit écran et c’est devant Des Chiffres et Des Lettres qu’elle apprend à lire. La fièvre des jeux ne la quitte plus : plus tard elle participe à Slam ou Questions pour un Champion. Elle aime aussi les séries - les franchises de Dick Wolf, voyageant jusqu’à Chicago sur les traces de Chicago Fire.
Jean-Michel Tinivelli incarne "Simon Coleman" sur France 2. Le comédien se confie sur ce rôle principal et, plus généralement, sur sa carrière, dont son incarnation de Marquand dans "Alice Nevers" pendant 15 ans.
Bande-annonce de l'épisode 3 de "Simon Coleman" © François Lefebvre / JLA / France Télévisions
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La série policière "Simon Coleman" est de retour, sur France 2 , pour une deuxième saison, à partir du vendredi 13 septembre. Son interprète principal, le comédien Jean-Michel Tinivelli, s'est entretenu avec puremédias.com. Il a notamment évoqué son personnage de Simon Coleman mais aussi le possible retour d' "Alice Nevers".

Propos recueillis par Laura Bruneau

puremedias.com : Qu'est-ce qui vous a plu dans le rôle de Simon Coleman ?
Jean-Michel Tinivelli : J'ai beaucoup parlé à mon banquier... (Rires). Il fallait briser ce grand moment de Covid, ça s'est passé à ce moment-là. J'étais très content, car c'était, un flic de plus, peut-être, mais il y a cette famille qui est arrivée derrière et c'est ce qui m'a convaincu. Un cinquantenaire, avec trois enfants, flic. Ce qui m'a plu aussi, c'est casser le côté urbain, arriver en province avec ce tonton solo et ses trois enfants, avec l'éducation à laquelle il ne connaît rien, il ne comprend rien. J'étais aussi flatté qu'on me fasse confiance en me proposant ce héros, ou anti-héros. Les enfants, la comédie, tout cela m'a bien plu, j'ai été séduit par ça.

Ce Simon Coleman, qui est un flic de plus par rapport à ceux que vous avez joué dans "Alice Nevers" ou "Rivière-Perdue", qu'est-ce qu'il a de si singulier ?
Avec lui, on n'est pas dans la police, on n'est pas dans l'enquête, on n'est pas que dans le professionnel. Il y a toute cette part familiale qui rentre en jeu. Ce gars, qui était un peu un bourru, fermé, allait tout à coup, avec cette rencontre avec les enfants, s'ouvrir et faire ressortir ses failles et son hyper sensibilité. C'est un terrain de jeu qu'on continue à exploiter dans cette saison. Ce qui est marrant c'est de voir ce gars se dépatouiller, se débattre, même s'il a pris un petit peu d'assurance depuis la saison dernière. Ce qui est rigolo c'est de le voir se planter, joyeusement, avec toujours sa bonne volonté. Je trouve qu'il y a quelque chose de touchant et de profond chez ce mec là, avec ses failles, avec cette hypersensibilité.

J'étais aussi flatté qu'on me fasse confiance en me proposant ce héros. Jean-Michel Tinivelli

Vous partagez beaucoup de scène avec les jeunes acteurs qui jouent le neveu et les nièces de Simon Coleman. Est-ce plus difficile de tourner avec des enfants ?
En gros, c'est fatigant, parce qu'on est souvent dans la maison, on est dans un endroit clos, on n'est pas beaucoup à l'extérieur. On a des scènes assez lourdes, qui sont difficiles. Le rythme de la télévision est soutenu. Et, on rencontre très peu de chaises. À l'époque, on pouvait s'asseoir entre deux scènes. Maintenant tu bombardes, c'est vraiment le mot. Ceux qui ne connaissent pas notre métier, ils se disent, "ah bon, ils sont fatigués..." Oui, on est un peu crevés en fin de journée, parce qu'il y a une certaine concentration à garder tout au long de ces heures qui défilent. Avec les mômes, déjà, on n'a pas beaucoup de temps parce que tout est cadré, et heureusement, par la DDASS. C'est que pendant les vacances, il y a les parents qui sont là, la DDASS qui surveille, etc. Heureusement parce que sinon je pense qu'il pourrait y avoir quelques dérives. J'essaie de leur dire "Amusez-vous, ne restez pas trop sur le texte". Mais, eux, sont assez bons élèves. C'est-à-dire qu'un mot peut les troubler. Si tu changes un mot, à défaut de dire "excellent", tu dis "magnifique", le petit peut te reprendre, "Attends, c'est ça qu'on doit dire". C'est plus difficile d'improviser avec des enfants. Ils se fatiguent assez rapidement. Ils sont très bons très vite, c'est à toi de les suivre, de prendre la bonne vague, la bonne énergie parce que ça peut très vite aller à côté, devenir du perroquet, une répétition sans âme.

Là, vous devez être efficaces rapidement...
Oui, il ne faut pas se planter. D'ailleurs, je préfère les premières prises, c'est toujours là qu'on trouve la bonne énergie. Il faut être sur le coup et il faut vraiment leur dire : "Nous sommes quatre sales mômes, vous en êtes trois, j'en suis un quatrième, et nous avons la chance d'être payés pour jouer, il ne faut jamais l'oublier, jouez la comédie, amusez-vous, faites les cons quoi en gros". C'est dans le dictionnaire "con".

Je trouve qu'il y a quelque chose de touchant et de profond chez ce mec là, avec ses failles, avec cette hypersensibilité. Jean-Michel Tinivelli

Pour la 2ème saison, la série change de format. Est-ce que ça change quelque chose pour vous en tant que comédien de tourner des épisodes de 52 minutes et non plus de 90 ?
Oui, ça m'évite de répéter trois fois la même chose en enquête, déjà. Je pense que c'est plus concis. On gagne en rythme, on tourne moins autour du pot, du coup on est beaucoup plus efficaces. Je pensais qu'on allait perdre en famille, eh bien pas du tout. Je me suis dit : 'comment on va pouvoir rentrer en 52 minutes le côté familial ?'. Bizarrement, j'ai l'impression qu'on n'est pas déçu, qu'on en voit plus qu'en 90 minutes. On a l'impression d'être en totale immersion avec la famille. Là, je trouve que les 6 épisodes ont fait une espèce de magie, c'est normal on s'est beaucoup plus vus et ça a fonctionné et pour la famille, et pour le commissariat. On est devenu une bande de potes et je pense que ça s'est vu. On a gagné en puissance en passant à des épisodes de 52 minutes. Je pense que c'est le bon format pour nous.

Outre le changement de format, quelles sont les autres nouveautés de la saison 2 ?
Il n'y a pas réellement de nouveautés, il y a surtout un mec qui a pris ses marques, mais ça reste compliqué pour lui cette mission. C'est rigolo de le voir se planter. Les enfants ont grandi, les petits problèmes avec les petits enfants deviennent des plus grands problèmes avec des grands enfants. Il est toujours dans ses soucis d'éducation, pour mon plus grand plaisir à moi dans un premier temps, et j'espère pour les autres aussi. Le voir se vautrer, c'est quand même assez agréable. Ce qui a changé aussi, c'est qu'ils voient venir cette menace extérieure. On est sur des enquêtes bouclées sur chaque épisode et on est aussi sur cette tante qui est une menace extérieure. Ils ont fait du feuilletonnant sur le privé, ça c'est plutôt pas mal. Mais, pour le moment, il n'y a aucune raison de changer de recette. On est quand même au début de quelque chose.

Votre personnage répète souvent "Ou pas" après les phrases du personnage de Flavie Péan. Est-ce vous qui avez apporté cela au personnage ou était-ce déjà écrit ?
Non, c'est moi ça. C'est mes petites conneries. C'est drôle, parce que sur "Alice Nevers", je disais "Ou bien". Je crois que c'est les Suisses qui disent ça. On m'a souvent demandé si j'étais Suisse. J'ai balancé ce tic à mon Simon. Il y a plein de choses qu'on rajoute. Je disais qu'avec les enfants il fallait être droit, mais on tente, heureusement, des choses. Il faut garder et conserver, imposer par moment, une certaine liberté. Je déteste être enfermé dans les rails de quelque chose. Pour garder une certaine spontanéité, qui mieux que toi pour te dialoguer. Ce sont tes propres respirations que tu balances dans un personnage.

Il faut garder et conserver, imposer par moment, une certaine liberté. Jean-Michel Tinivelli

A part ce tic de langage, est-ce que vous avez rajouté d'autres caractéristiques à Simon Coleman, qui n'étaient pas écrites ?
Oui, bien évidemment. Je ne les ai pas en tête là, mais on repasse derrière, en accord avec les auteurs et la production. J'ai une façon de salir un peu le texte, si je puis dire. Par moment, il est un peu trop droit, trop propre, je le casse un peu. Je ramène plein de mots, de phrases, même des choses qui ne se disent pas.

La saison 3 est déjà prévue. Est-ce que vous savez pourquoi la saison suivante est déjà prévue alors que, traditionnellement, on attend la retombée des audiences pour passer commande d'une saison supplémentaire ?
Elle est prévue sans être prévue. Ils sont hyper OK pour faire une saison 3. Je pense que si on se vautre, on va pile dans le sens inverse. C'est-à-dire qu'on peut très rapidement en arriver à " Oula, attention on arrête ". On a intérêt à bien se comporter au niveau des chiffres, sinon au-revoir. C'est comme ça.

Est-ce que vous connaissez déjà les futures évolutions de la série et de votre personnage pour cette 3ème saison ?
Absolument pas. On est à l'initiation d'une, peut-être, série sur quelques temps. Je pense personnellement qu'il faut garder les mêmes ingrédients. Pour le moment, on n'est pas encore fatigués de ses exploits familiaux et de sa trajectoire bouleversée. Moi, ça m'amuse de faire ces gaffes perpétuelles. Cet espèce de gars, sûr de lui, qui ne l'est pas du tout, me fait assez marrer. C'est une espèce de gymnastique qui me fait plaisir. On est sur la bonne direction. Il faut garder de la profondeur et de la sincérité, pour pouvoir fédérer.

On a intérêt à bien se comporter au niveau des chiffres, sinon au-revoir. Jean-Michel Tinivelli

En acceptant un premier rôle récurrent et l'implication requise en termes de temps de tournage, est-ce que cela vous prive d'autres projets ou est-ce que vous parvenez à concilier avec d'autres choses ?
Ça dépend. Il y a des choses que tu ne peux pas faire, il y a des choses que tu ne veux pas faire. L'année dernière ça s'est bien passé parce que je venais de terminer et tout à coup je me retrouve sur "Rivière Perdue" donc ça collait, ça a pu se faire. Il y a d'autres moments où c'est plus compliqué. Sur "Alice Nevers", j'ai eu beaucoup de problèmes avec ça, mais je tournais beaucoup plus, je faisais 8 ou 10 épisodes, et je trouve que justement 6 épisodes, ça me permet d'aller ailleurs, me ressourcer, me recréer en tant que Simon Coleman. Mais, évidemment, on ne peut pas être au four et au moulin. Et si vraiment une prod me désire, elle m'attend et on arrive à s'arranger. Là, on m'a proposé un truc au théâtre, je n'ai même pas envie de lire car je sais que je ne peux pas. C'est dommage. C'est compliqué au théâtre. Souvent, on me dit, on ne te voit pas. Mais c'est difficile parce qu'on tourne de plus en plus en province, et de jouer sur une longue période au théâtre et tourner la journée, ma foi c'est difficile.

Est-ce que vous avez d'autres projets télé ?
Non. On m'a proposé des trucs, mais je n'y suis pas allé.

Où en est le projet de retour, le temps d'une soirée événement, d' "Alice Nevers" ?
En toute transparence, on attend de voir si on a un texte qui nous plaît, qui plaît à la chaîne, qui plaît à la prod et on se dit 'Why not'. En tous cas deux épisodes, oui, mais pas plus. Si j'y vais c'est pour faire plaisir aux téléspectateurs qui nous ont suivi pendant toutes ces années avec ma camarade Delterme. On attend un texte et si le texte va bien, ça peut dégainer assez rapidement.

C'est plus difficile d'improviser avec des enfants. Jean-Michel Tinivelli

Pendant 15 ans, vous avez été le visage de Marquand. Comment, en prenant ce rôle de Simon Coleman, on arrive à faire oublier ce Marquand ?
Je ne me suis surtout pas posé la question. Une fois de plus, j'ai même ramené ce manteau [NDLR : celui de Fred Marquand] avec moi. Marquand, il y a des gens qui ne l'oublieront jamais, c'est pour ça que j'ai ramené avec moi une partie de lui, je l'ai pris dans ma valise, aucune question d'oublier ce garçon. Je suis passé à autre chose, parce que le rôle est tellement différent avec cette histoire d'enfants, d'éducation, de tonton solo, tout à coup je me suis appuyé là-dessus pour faire oublier ce Marquand. Le Simon Coleman, je l'ai abordé, dans un premier temps, beaucoup plus feel good que l'autre qui est constamment en train de râler.

On nous voit rarement au cinéma. C'est une question de manque de temps...
Ils ne savent même pas que j'existe. On méprise la télévision assez vivement et fortement à tous les niveaux, à tous les étages, ce ne sont pas que les acteurs qui mangent. J'ai arrêté de me poser la question. Mais si maintenant il se passait un truc, je pense que ça viendrait de l'étranger. Je ne suis pas aigri de cela. Après, si on m'appelle pour un magnifique rôle, bien évidemment...

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