Deux ans après le prix du jury décroché par "Polisse" de Maïwenn, le producteur de cinéma Alain Attal s'apprête à revenir sur la Croisette. Lors du 66e festival de Cannes, il présentera, hors compétition, "Blood Ties" de Guillaume Canet avec Clive Owen, Marion Cotillard, Billy Crudup, Mila Kunis et James Caan. Il s'agit du remake américain des "Liens du sang" de Jacques Maillot dans lequel Canet jouait aux côtés de François Cluzet.
Quelques jours avant son départ pour Cannes, le producteur de "Populaire", "Radiostars", "Les petits mouchoirs", "Le Concert" ou "Ne le dis à personne" était ce matin l'invité de la matinale d'Europe 1. Au micro de Benjamin Petrover, Alain Attal s'est longuement exprimé sur les problèmes de financement qui agitent le cinéma français depuis la tribune assassine de Vincent Maraval sur les salaires abusifs des stars tricolores, et celle plus constructive de Michel Hazanavicius.
"Notre cinéma a peut-être entretenu quelques abus sur des grandes vedettes qui venaient de sortir d'énormes succès et à qui, sans même regarder la qualité du film suivant, se voyaient proposer des cachets importants, a reconnu Alain Attal. Maraval a remis un peu ça en place. Je pense qu'il a été entendu et que ça a eu du sens de réfléchir à tout ça".
Alain Attal estime donc que "le coup de gueule a été utile" et que la polémique a fait réfléchir les acteurs et leurs agents. "J'espère qu'on va arriver maintenant à faire ce que font les Américains, qui ont deux vitesses dans les cachets des acteurs : films indépendants, cachets moindres ; films de majors, gros cachets. Et on peut essayer d'intéresser les acteurs à la réussite d'un film, leur permettre de s'enrichir si le film est un carton". Le producteur indique que, pour "Blood Ties", Guillaume Canet n'a pas pu avoir le salaire qu'il pouvait prétendre après le très gros succès de "Les Petits Mouchoirs". "Il a accepté de baisser considérablement son cachet de réalisateur et de scénariste, a-t-il expliqué. Mais si le film marche, il gagnera du fric !".
Le producteur a également dénoncé l'ingérence des chaînes de télévision, qui financent une part importante du cinéma français, dans le contenu des films. "Souvent les chaînes m'ont fait remarquer que mon casting n'était pas assez tendance pour une diffusion en prime time. (...) C'est notre travail de les convaincre et si on n'y arrive pas, on doit faire sans elles", a-t-il indiqué en se souvenant de la préparation de "Ne le dis à personne".
"Sur ce film, seule M6 m'a suivi quand j'ai décidé de prendre François Cluzet. A l'époque, François Cluzet était dans le creux de la vague. Personne ne voulait de lui. Guillaume Canet et moi étions complètement décidés que ce serait lui qui aurait le rôle principal. De très nombreux partenaires, des chaînes de télévision mais aussi des distributeurs, nous ont dit non car ils considéraient Cluzet comme un toquart. On n'a failli pas faire le film", se souvient Alain Attal. Ce film, qui a fait plus de 3 millions d'entrées a permis à François Cluzet de décrocher le César du meilleur acteur. Depuis le succès de "Intouchables", il est l'une des personalités les plus demandées du cinéma français.