A situation exceptionnelle, décision exceptionnelle. Mercredi, pour la troisième semaine consécutive, aucun film n'a pu sortir au cinéma en France en raison de la fermeture des commerces non essentiels en vigueur depuis le 15 mars pour répondre à la crise sanitaire. Dans ce climat d'incertitude pour les professionnels du 7e art, appelé à durer au moins jusqu'au 15 avril, le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) a décidé d'autoriser une exception dans la sacro-sainte chronologie des médias, qui contraint les producteurs et distributeurs à attendre quatre mois (trois pour les films ayant réalisé moins de 100.000 entrées), avant de pouvoir proposer leurs oeuvres sur les plateformes de vidéo à la demande (VOD).
Une décision prise mercredi par les représentants du Parlement, des juridictions et de l'Etat, réunis à distance autour de leur président Dominique Boutonnat. Mieux, comme le rapporte "Libération", les films sortant directement en VOD ne seront pas contraints de rembourser l'aide dont ils ont bénéficié pour une sortie en salles.
Le CNC promet d'étudier les dossiers au cas par cas. "Pour l'heure, impossible de savoir quel film en fera la demande", précise une source interne auprès du quotidien. Mais les revenus générés par une sortie sur une plateforme étant sans commune mesure comparés à ceux d'une exploitation en salles, tous les professionnels ne devraient pas opter pour cette solution.
Un autre cas de figure concerne les films qui étaient encore à l'affiche avant la fermeture des cinémas et qui pourraient trouver une audience supplémentaire grâce à la VOD. Un article de la loi d'urgence du 23 mars 2020 pour faire face à l'épidémie de Covid-19 précise que le président du CNC peut décider de réduire les délais des oeuvres "qui faisaient encore l'objet d'une exploitation en salles de spectacles cinématographiques au 14 mars 2020". Le Centre national du cinéma et de l'image animée a donné aujourd'hui son feu vert à 31 films pour une mise en ligne anticipée parmi lesquels figurent "Birds of Prey", "Sonic le film", "Selfie", "Invisible man" ou encore "1917".
"Ces deux dispositifs ne remettent en cause en aucune manière la chronologie des médias : ils tendent simplement, à titre exceptionnel et pendant la période de fermeture des salles de cinéma et de confinement des citoyens, à permettre au public de pouvoir accéder à des oeuvres nouvelles", résume le CNC dans un communiqué paru ce jour.