Depuis l'annonce de son interview de DSK dans son JT de 20 heures, on assiste à un déferlement de commentaires pas très confraternels de ses justement confrères journalistes. Confrères qui auraient pour la plupart rêvé d'être sa place, ce soir. Pour l'interview de l'année, le coup médiatique de 2011, l'entretien que tout le monde décortiquera, analysera, commentera.
Claire Chazal est une proche d'Anne Sinclair, ce n'est un secret pour personne. Voilà une parfaite raison de la condamner, avant même d'entendre les questions de la journaliste de TF1 à Dominique Strauss-Kahn. Chazal a pourtant aussi droit à sa présomption de bonne professionnelle ! Une dépêche AFP avait d'ailleurs cru bon de le rappeler vendredi : Claire et Anne sont copines comme cochons depuis des années. Tout est sous-entendu, rien n'est assumé sur "cette journaliste à qui certains reprochent son côté lisse". Claire Chazal n'est probablement pas l'intervieweuse la plus redoutable du PAF. Mais comment peut-on la décrédibiliser avant l'heure ? C'est faire insulte à sa conscience journalistique vieille de plusieurs décennies et à toute la rédaction de TF1 qui informe, chaque soir, des millions de téléspectateurs.
Audrey Pulvar a été l'une des premières à dégainer. Celle qui s'évertue à défendre son indépendance d'esprit vis à vis de son compagnon député PS Arnaud Montebourg lâchait dans "Telle est ma télé" : "Je compte sur Claire Chazal pour faire le boulot mais je suis assez sûre qu'il ne restera rien de cette interview à part une image améliorée voire restaurée de Dominique Strauss-Kahn". Comprenez : le probable manque de pugnacité de Chazal aboutira à une interview insipide et sans la moindre révélation. Pulvar a la mémoire courte. Notamment quand Chazal prenait sa défense dans les médias suite à sa mise à l'écart d'i-TELE en novembre dernier. Elle disait à l'époque : "Je considère que ces journalistes, et c'est aussi vrai pour Audrey, sont sérieuses et crédibles. Elles font leur travail en toute indépendance".
Caroline Fourest, autre consoeur (appréciez la solidarité féminine !) n'a pas été plus maligne ce midi sur France 2 en remettant une nouvelle fois en cause le professionalisme de la journaliste de la Une. Sans que Laurent Delahousse ne bronche ! Même la très féministe Clémentine Autain s'est déclarée "choquée" par cet exercice mettant en doute l'indépendance de la journaliste face à un invité qu'elle connaît en dehors des caméras. Mais chers lecteurs, si les journalistes amis des politiques ne peuvent plus mener d'interview... vous n'auriez plus grand chose à vous mettre sous la dent ! Sur les réseaux sociaux aussi, depuis quarante-huit heures, le ton est parfois plus drôle mais Claire Chazal n'est pas épargnée. Le groupe de féministes "La barbe" a même lancé le hashtag #questionsDSK pour "toutes les questions qui ne seront pas posées à DSK". C'est à se demander si ces féministes n'auraient pas préféré qu'il soit interrogé par un homme !
La gent masculine n'est pas en reste. Dès hier soir, le parfois un peu trivial Laurent Ruquier ironisait sur la redoutable intervieweuse que pouvait être Claire Chazal. L'appel à la raison vient d'un mec, un vrai, un journaliste homme, Thomas Sotto, nouveau présentateur de Capital sur M6 : "Arrêtons ce procès d'intention fait a Claire #Chazal ! Laissons-la mener son itv. Ensuite les critiques éventuelles seront légitimes". Et elles viendront, quoi qu'il se dise ce soir. Aphatie, Duhamel & co décortiqueront dans vos matinales plus les questions que les réponses. Un exercice qu'ils adorent mener au lendemain d'une interview à laquelle ils n'ont pas été conviés.