Une initiative qui n'est pas du goût de tout le monde. Plusieurs médias de premier plan ont fait part ce week-end de leur circonspection après la promotion faite jeudi 30 avril sur Twitter par Sibeth Ndiaye d'une plateforme gouvernementale proposant de lutter contre les infox autour de l'épidémie de coronavirus.
"La crise du #COVID19 favorise la propagation de #fakenews. Plus que jamais, il est nécessaire de se fier à des sources d'informations sûres et vérifiées. C'est pourquoi le site du @gouvernementFR propose désormais un espace dédié", écrivait la porte-parole du gouvernement, renvoyant vers une plateforme préexistante à son tweet, baptisée "Désinfox coronavirus", "et composée d'articles piochés dans les rubriques de vérification des faits de médias comme "Les Décodeurs" du "Monde", "CheckNews" de "Libération", "Le Factuel" de l'Agence France-Presse ou encore "Vrai ou fake" de France Info.
C'est peu dire que cette initiative gouvernementale a été peu appréciée par la plupart des rédactions qui l'ont découverte via le tweet de Sibeth Ndiaye. Le 3 mai, un collectif réunissant les Sociétés des journalistes de nombreuses rédactions comme "Les Echos", Europe 1, "Le Figaro" ou France 2, a ainsi dénoncé l'action du gouvernement, en estimant que "l'État n'est pas l'arbitre de l'information".
"La communication gouvernementale est une chose, le travail des rédactions en est une autre. Cette publication sans autre forme d'explication risque d'introduire une confusion dans l'esprit des lecteurs, d'autant que sa promotion a été faite par Sibeth Ndiaye, qui occupe le poste très politique de porte-parole du gouvernement", a pour sa part estimé Laurent Joffrin dans son journal, "Libération". Vincent Giret, le directeur de France Info, a quant à lui dénoncé dans les colonnes du "Monde" une instrumentalisation du travail de ses journalistes. De son côté, Guillaume Tabard du "Figaro" a regretté un procédé "biaisé" et "d'une naïveté qui conduit à une inefficacité involontaire".
Face à la gronde, le service d'information du gouvernement a tenté de faire valoir que cette initiative partait d'une bonne intention, l'exécutif s'alarmant "du nombre démesuré de 'fake news' qui peuvent mettre en danger la santé des Français" en ces temps d'épidémie. A l'issue du conseil des ministres du samedi 2 mai, Sibeth Ndiaye a par ailleurs assuré que cette page avait "vocation à être supprimée une fois la crise terminée".