Le bruit des glaçons : Quand le cancer s’appelle Albert
Publié le 2 septembre 2010 à 12:31
Par puremedias
"Le bruit des glaçons" est un film à voir, mais pas forcément à revoir, et risque d'en laisser plus d'un sur le bord de la route.
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Une comédie sur le cancer, rien que l'initiative vaut le détour. D'autant plus quand on sait qui est aux commandes, et qui est au générique. Le concept de base est attrayant : prendre le contre-pied de la vision que l'on a du cancer, et lui donner corps en la personne d'un visiteur, quelqu'un qui vient vivre avec nous.



Et quand ce cancer a la tête d'Albert Dupontel, c'est que du bonus. Teigneux, virulent, collant, il ne lâche pas d'une semelle son client, un écrivain (Jean Dujardin) traînant partout son mal de vivre et son à seau à glaçons avec lui. Alcoolique, râleur, renfermé mais surtout seul, il erre dans cette grande maison sans écrire une ligne, rongé par la solitude au point de devenir ami avec son cancer.

Continuellement présente, cette maladie va jusqu'à squatter des situations intimes comme les retrouvailles de Dujardin et de son fils, et même les ébats de l'écrivain avec sa maîtresse. Ponctué de situations comiques du même style - le cancer de la servante n'est pas mal non plus dans le genre encombrant - le film sait aussi s'ouvrir à un côté plus triste, plus mélancolique.

La servante, sorte de miroir et bien que plus discrète, porte également le poids de l'isolement, envahie par son propre cancer. Ces deux êtres, en se rapprochant, vont donner du fil à retordre à leur tumeur respective.



Le film ressemble à une pièce de théâtre qui aurait été adaptée à l'écran. Ce style théâtral qui envahit le jeu des acteurs est surprenant au début - voire gênant, empêchant de se laisser totalement aller - mais finit par se faire oublier. Le principe de huis clos, la suprématie des dialogues, les décors sobres, nous enferment dans un petit monde hors du temps et parfois un peu suffoquant, à caser entre l'étiquette "film français" avec toutes les idées préconçues qui s'y rapportent, et film "ovni" grâce à son côté fantaisiste.

Laissant la part belle aux acteurs, on sent chez eux une aisance naturelle dans l'univers Blier. Ainsi, après le très réussi Le Convoyeur, Albert Dupontel et Jean Dujardin se retrouvent une nouvelle fois ensemble en tête d'affiche. Rôle à sa mesure pour Dupontel. On sent à chaque seconde le plaisir qu'il a eu à le composer. Grinçant à souhait, il joue voire surjoue le côté tête à claque, accentuant les expressions de son visage, ressemblant à un sale gamin espiègle. Il joue à être le cancer - jouer dans le sens enfantin du terme - et devient le personnage comique majeur.

Jean Dujardin, presque méconnaissable, prend 10 ans, et forme avec Dupontel un duo qui fonctionne plus que bien.
Les rôles féminins ne sont pas en reste, entre la servante dévouée ([personnalite_ozap%]Anna Alvaro[/personnalite_ozap%]), dont l'amour pour son employeur va tout changer, la maîtresse russe paumée (Christa Theret) et le cancer version féminine (Myriam Boyer).



Ne laissant présager que du bon, un certain sentiment de déception nous poursuit pourtant en sortant de la salle. S'égarant dans des détours qui nous font lâcher le fil, le récit semble oublier où il va. Malgré le sujet et les acteurs, l'ennui gagne parfois, nous laissant un peu à côté, hermétique à ce qui se passe à l'écran. Les quelques dialogues savoureux et répliques percutantes ne suffisent pas à garder notre attention à son maximum. Perdant de la vitesse et de l'intérêt dans la seconde partie, le film s'encombre par ailleurs d'histoires secondaires pas vraiment passionnantes.

Fable qui navigue entre humour noir et tendresse, le dernier Bertrand Blier est donc fait de hauts et de bas. Inégal dans sa narration, et pourtant habité par un je-ne-sais-quoi d'attachant, ce film est du Blier tout craché : drôle, étrange, et pas fait pour plaire à tout le monde.

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Albert Dupontel
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