Daniel Psenny, journaliste au "Monde" a tourné vendredi soir une des premières vidéos des événements au Bataclan. Mise en ligne sur le site du journal, la vidéo filmée depuis son domicile, situé derrière la salle de spectacle, a été reprise par les chaînes de télévisions et les sites d'informations pendant le week-end qui a suivi. Dans une interview vidéo publiée aujourd'hui sur le site du journal, il livre un témoignage très fort. Et fait le récit de cette soirée pendant laquelle il a été touché par une balle en portant secours aux spectateurs qui évacuaient la salle par une sortie de secours.
Vendredi soir, alors qu'il travaillait en regardant "Le Passager" sur France 2, Daniel Psenny entend des "bruits de pétards" et pense que cela vient de la télévision. Intrigué par la persistance du bruit, il se rend à la fenêtre. Il pense à ce moment-là qu'il assiste à "une bagarre" ou qu'il y a eu "un réglement de comptes". "Par réflexe professionnel", il filme alors la scène, se disant que ça peut "servir à quelque chose". On l'entend sur la vidéo demander ce qu'il se passe. Il comprend finalement la gravité de la situation à la suite d'un coup de fil de Benoît Hopquin, un rédacteur en chef du journal.
"Quand ça s'est calmé, je suis descendu dans le hall de mon immeuble pour ouvrir la porte aux gens qui fuyaient. (...) En regardant à droite, il y avait un homme allongé en t-shirt rouge, face contre terre. Donc avec une autre personne qui était là, on a tiré cet homme et on l'a ramené dans le hall, on l'a mis à l'abri. A un moment donné, j'ai dû ressortir et en ressortant, la balle m'a fait comme un bruit de pétard dans l'épaule, une très grosse douleur et le sang qui jaillit", raconte le journaliste.
A partir de ce moment-là, sa seule préoccupation devient l'urgence d'aller à l'hôpital. Il décrit alors l'angoisse de se retrouver blessé dans un quartier bouclé par les forces de l'ordre avec la sensation qu'on ne va pas s'en sortir. Finalement évacué et conduit à l'hôpital, il y a retrouvé Matthew lundi dernier. "La vie est plus forte que la barbarie. On sauve une vie, on sauve l'humanité comme on dit, ça sert à quelque chose. On peut être témoin et acteur aussi. Vive la vie", conclut le journaliste.