Musique
Dany Brillant : "Je m'en fous, je fais ce que je veux"
Publié le 18 mars 2010 à 16:38
Par Julien Mielcarek
Entretien inédit sur Ozap.
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Il ne fait pas partie des artistes qu'on le voit le plus à la télévision. Et pourtant, Dany Brillant poursuit sa carrière avec succès. Après les 300..000 exemplaires de son album consacré à la danse de couple, c'est avec la salsa que le chanteur est actuellement à l'affiche du Casino de Paris pour pas moins de quinze représentations. Pour Ozap, Dany Brillant revient sur sa carrière et évoque le fait qu'il n'a jamais été une coqueluche des médias. Entretien.

Ozap : Votre précédent album était consacré à la danse en couple. Cette fois, c'est un album consacré à la salsa. C'est important de proposer des albums à thèmes plutôt que de simples albums de variétés ?
Dany Brillant : Oui car finalement, on n'a pas grand chose à dire quand on sort un énième album en studio à Paris, il n'y a pas d'histoire. Je suis un fan de cinéma et je m'aperçois toujours que quand quelqu'un vient avec un film, il a une histoire à raconter et des personnages à défendre. J'ai voulu faire un peu le parallèle dans la chanson. Je vais dans un endroit, je change de décor, je rencontre de nouvelles personnes, je raconte une histoire et ça me donne des angles pour moi, la promotion. J'ai besoin de raconter une histoire. Je n'aurais pas un univers si riche si j'enregistrais à Saint-Cloud. Ma créativité est plus stimulée à l'étranger parce que je suis avec des gens qui ne me connaissent pas. Je dois faire mes preuves et les gens n'ont pas d'à priori sur moi.

J'imagine que c'est plus compliqué de monter un enregistrement à l'étranger. Comment réagit votre maison de disques ?
C'est plus excitant parce qu'on ne sait pas vers quoi on va. J'ai toujours eu de la chance, mes maisons de disques n'ont toujours accompagné et m'ont laissé carte blanche. Ils savent très bien que je ne suis pas un artiste formaté et que je ne fais pas des chansons pour passer à la radio. Après, elles n'ont pas de choix car on ne pourrait rien m'imposer ! On ne l'a jamais fait donc ça ne va pas commencer à 40 balais.



Faire des albums concept, c'est aussi une réponse à la crise du disque ? Lors de nos interviews sur Ozap, plusieurs artistes nous ont expliqué que c'était important pour qu'un album ne meure pas quelques jours après sa sortie.
Je ne fais pas ça pour trouver des idées. C'est que ça s'impose à moi, ce sont des albums qui se suivent. Par exemple, je fais cet album de danse de couple et je m'aperçois lors de la tournée que, parmi tous les rythmes que je propose, ce sont les rythmes latins qui ont la ferveur du public, notamment chez les jeunes. Ils préféraient la salsa donc, logiquement, je me dis que je vais me concentrer uniquement aux rythmes latins. Et ensuite, j'ai écrit les textes puisqu'on m'avait reprochés de faire des reprises. Quand on fait des reprises, on a tendance à dire "Ah tiens, le mec n'a plus rien à dire". Non, ce n'est pas ça. Comme je voulais que les gens dansent, il fallait que je chante des trucs connus.

Vous parlez beaucoup de vos tournées où vous avez installé des pistes de danse pour le public. La tournée, c'est devenue plus important que les albums dans votre métier ?
Je l'ai toujours pensé. Je suis un chanteur de cabaret, c'est là que j'ai commencé, de 18 à 25 ans. J'avais un public à tenir tous les soirs. Je me suis aperçu que j'avais un contact avec le public et je me suis dit que j'allais construire mon métier là-dessus et non pas sur les médias. Les médias sont des gens censés donner les tendances mais ils se trompent souvent. Le public se trompe moins donc j'ai toujours fait des centaines de dates pour ne pas être à la merci de gens qui doivent dire ce qu'il faut écouter ou non aujourd'hui.

C'est ce qui vous a permis de durer ?
Oui. Les grands artistes aujourd'hui, ce sont des mecs de scène. Je ne me compare pas à eux mais que ce soit Johnny Hallyday, Charles Aznavour... Ils ont tout fait sur la scène. Encore plus aujourd'hui où le disque devient un accessoire plus qu'une finalité, j'ai toujours construit tout mon univers sur la scène.



Et j'ai lu que vous produisiez vous-même votre tournée.
Oui, pour être indépendant. C'est toujours ce besoin d'être libre et de ne pas être chez des producteurs qui vont vous pousser en avant parce que votre disque marche ou qui vont vous mettre de côté parce que votre disque marche moins bien. Je ne veux pas donner le pouvoir à quelqu'un sur moi.

Ca vous permet de moins ressentir la crise du disque en prenant, par exemple, moins de musiciens ?
Voilà, exactement. Si j'avais un producteur, il me dirait qu'il y a trop de cuivres ou autre. Je fais un disque de salsa donc il me faut du monde sur scène. Là, je m'en fous, je fais ce que je veux. Ça a commencé quand j'avais fait un disque à La Nouvelle Orléans où c'était un big band. Ca fait beaucoup de monde à emmener en tournée et personne ne voulait me produire. On me disait que c'était trop cher donc je l'ai produit moi-même. J'ai demandé à mon frère qui n'y connaissait rien et je lui ai dit qu'on devait produire nos disques sinon, quand quatre ou cinq ans, on ne ferait plus de tournée vu qu'il y a trois ou quatre producteurs qui ont le monopole. J'ai donc emmené un big band sur scène en tournée, et ça a marché.

On a justement l'impression que cela fait plusieurs années que vous tracez votre route sans vraiment être dans le système. On ne peut pas dire qu'on vous voit beaucoup dans les émissions de télé...
Je ne sais pas... Depuis le départ, je n'ai pas eu ce qu'on appelle « la carte » et comme je ne cherche pas à l'avoir... Je vois des gens qu'on encense quand ils sortent leur album, comme Vincent Delerm, et, quatre ans après, tout le monde s'en fout. Je me suis dit que je ne voulais pas entrer là-dedans. Finalement, ce qui peut apparaitre comme un désavantage est peut-être une chance.



Comment analysez-vous le fait de ne pas avoir eu cette carte ?
C'est parce que les gens pensaient que j'étais rétro alors que j'étais d'avant-garde. Dans les années 70, l'avant-garde était de casser ce qui s'était fait avant. Et, j'ai senti, dans les années 90, qu'il y avait une fin de l'histoire et qu'on allait revenir aux racines. J'ai prévu le retour du jazz, des big bands, de la salsa, de la chanson napolitaine... Je me suis engagé là-dedans. Le seul problème était que j'étais un peu en avance. Le public est en avance sur les médias qui s'emparent d'un phénomène une fois qu'il a pris. Le jazz est revenu et tout le monde l'encense alors que ça fait vingt ans que j'en fais. Ces gens qui ne m'ont pas reconnu ne vont pas dire maintenant que c'est bien.

On n'essaie pas de vous faire venir maintenant que vous avez du succès ?
Non, les gens ne reconnaissent pas d'être passés à côté de quelque chose. A certains moments, j'en ai souffert et, finalement, c'est une chance, c'est la liberté.



Du coup, vous n'attendez pas le moment où la situation pourrait s'inverser. Je pense à Anne Roumanoff par exemple qui n'avait pas non plus « la carte » et il s'est passé un déclic...
Oui mais le déclic ne dépend pas d'elle. On ne sait pas pourquoi ça devient incontournable. Moi, j'ai aussi une théorie qui fait que je méfie beaucoup de la reconnaissance. Souvent, quand les chanteurs sont reconnus, je préfère souvent leur premier album. Dès qu'il y a une reconnaissance, j'ai l'impression que la création s'affadit, comme si la reconnaissance vous endormait. La rage des débuts s'embourgeoise... Je crois beaucoup à cette idée d'être connu sans être reconnu. C'est l'idéal et je pense que ma position est idéale.

Avec votre image de crooner, la presse vous interroge beaucoup sur votre vie privée.
Ah vous trouvez ?

Vous parlez de votre femme...
Ah oui mais c'est parce qu'il s'est passé un événement extraordinaire depuis douze ans, c'est que je ne suis plus célibataire alors que j'étais le mec endurci à qui il ne fallait pas parler de couple.

Ce que je veux dire, c'est que vous répondez directement à ce genre de questions.
Je dévoile ce qu'il faut, pas plus. A partir d'un certain âge, on a vite fait le tour de la vie de garçon. J'ai adoré ma jeunesse et je l'ai vécu à fond mais à, un moment, vous avez le besoin de fonder une famille, c'est assez basique.

Vous vous êtes parfois dit "Là, j'en ai trop dit" ? J'ai lu une interview où vous parlez d'une émission avec Michel Drucker et où vous sembliez regretter d'avoir évoqué votre future paternité.
Oui, c'est vrai, je n'aurais pas dû le dire, j'aurais dû attendre. C'est pas grave (rires). Des fois, ça porte malheur quand vous racontez des trucs qui ne sont pas encore arrivés. Un enfant, c'est un projet donc tant qu'il n'est pas là, je ne sais pas s'il faut en parler.

Du coup, j'allais vous demander quel est votre prochain projet (rires).
(rires) Là, je l'ai dit donc j'attends un enfant, ça va être imminent. Concernant mes projets, je me suis rendu compte que j'aimais profondément la salsa. Le 16 octobre 1991 est sorti mon premier album et je voudrais donc sortir un album le 16 octobre 2011. J'appellerai donc cet album "Dany Brillant a 20 ans" où je reprendrai tous mes anciens titres mais en salsa. En plus, je n'ai plus la même voix qu'à mes débuts. Il y aura aussi des inédits bien sûr.

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