Une interview pas si révolutionnaire que ça ? Deux jours après l'entretien accordé par Emmanuel Macron à Edwy Plenel ("Mediapart") et Jean-Jacques Bourdin (BFMTV et RMC), les réactions continuent d'affluer. Dernière en date, celle du journaliste David Pujadas, qui présente l'émission "24h Pujadas" chaque soir sur LCI et a à son actif plusieurs interviews de présidents de la République. Le 15 octobre dernier, il avait fait partie des trois journalistes du groupe TF1 à qui Emmanuel Macron avait accordé le premier entretien depuis son élection. "L'interview présidentielle fait partie de sa communication, elle fait partie de la mise en scène qu'il fait de lui-même", souligne David Pujadas dans les colonnes de "L'Opinion" ce matin.
Mais, à lire ses impressions dans le quotidien, le journaliste n'a pas été totalement convaincu par ses deux confrères dimanche soir. "Je ne sais pas s'il faut parler de rupture parce que, finalement, Emmanuel Macron n'a pas dit grand-chose de plus que ce qu'il avait déjà dit ailleurs et qu'il n'y a pas non plus eu de questions qui l'auraient poussé dans ses retranchements", considère le journaliste.
Pour lui, la rupture, s'il y en a une, se situe plutôt dans la manière dont Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin se sont comportés face au chef de l'Etat. "Nous avons vu des journalistes qui ont exprimé des opinions sur ce qu'ils pensaient devoir être la fonction d'un président de la République, sa politique ou les critiques qu'ils pensaient devoir porter de son action". Et le journaliste de LCI de faire part de ses doutes : "Dans l'interview proprement dite, je ne sais pas s'il y a eu rupture".
Se mettant à la place des deux intervieweurs, David Pujadas pense que malgré la durée de l'entretien - 2h40 au total - les journalistes n'ont peut-être pas relancé le président autant qu'ils l'auraient souhaité. "Ils ont affiché leur singularité dans leurs prises de position éditoriale, mais ils éprouvent sans doute un certain sentiment d'inabouti sur le questionnement", selon lui. Le professionnel retient quand même quelques aspects positifs dans l'ensemble. "Malgré la confusion de certains passages, cela créé des moments plaisants et qui pouvaient avoir leur intérêt. Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel sont incontestablement des journalistes de talent et de tempérament", assure-t-il. Et de conclure : "Cette interview servira, comme celle de jeudi (face à Jean-Pierre Pernaut sur TF1, nldr)".