Petite révolution dans le débat d'entre-deux-tours de ce soir. Après de très longues tractations avec les équipes des deux candidats, TF1 et France 2 ont finalement réussi à les convaincre d'accepter les fameux "plans de coupe" ou "plans d'écoute". Ces images montrant les réactions d'un débatteur aux propos de son adversaire devront cependant être utilisées avec une grande parcimonie par le réalisateur de la soirée, Tristan Carné.
Jusqu'à ce matin, les candidats, et plus particulièrement le camp de Marine Le Pen, refusaient ces plans de coupe qui peuvent se révéler dévastateurs pour un candidat. "Les deux candidats ont été un peu refroidis suite au 'débat à 11' sur BFMTV et CNews", expliquait d'ailleurs hier Michel Field à ce sujet, lors d'une visite sur le plateau. "Ils ont jugé qu'il y en avait eu un usage un peu intempestif. Les plans de coupe, ça fait toujours peur", avait-il glissé, alors en pleine tractations avec les proches d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen. De leur côté, TF1 et France 2 militaient pour le recours à cette technique, permettant de dynamiser visuellement le débat.
Les plans de coupe feront ce soir leur grand retour dans les débats d'entre-deux-tours après un bannissement de plus de quarante ans. Utilisés en 1974, ils avaient en effet été supprimés à la demande de Serge Moati, représentant de François Mitterrand pour le débat de 1981. Le journaliste expliquera plus tard que son camp espérait que cette mesure si stricte pousserait le camp Giscard à annuler le débat. Il n'en fût rien et cette loi devint même d'airain pour les débats suivants.
Une autre explication à cette interdiction des plans de coupe a été donnée hier par Michel Field. En 1981, François Mitterrand avait encore en tête une mésaventure survenue lors du débat de 1974. A cette occasion, le futur chef de l'Etat socialiste avait cité des chiffres du chômage devant un Valéry Giscard d'Estaing affichant ostensiblement une moue réprobatrice, tout en regardant des notes censées contenir les vrais chiffres. VGE, le sachant, avait ainsi déstabilisé son adversaire et tenté de le discréditer aux yeux des téléspectateurs. L'équipe Mitterrand s'apercevra après le débat que les fameuses notes de VGE étaient blanches. Le candidat avait entièrement improvisé sa désapprobation.