Un divorce difficile. En juin 2018, Franck Ferrand avait annoncé son départ d'Europe 1 après 15 ans de collaboration. Quelques jours plus tard, Radio Classique avait officialisé son arrivé dans sa grille. Mais l'ex-Monsieur Histoire de la radio du groupe Lagardère, contestant les conditions dans lesquelles se sont déroulés les événements, avait décidé de porter l'affaire devant le conseil des prud'hommes de Paris dès le mois de décembre 2018, pour une audience qui s'est finalement tenue le 4 février dernier, comme nos confrères de "L'Express" s'en font l'écho ce vendredi.
Défendu par Maître Richard Malka, Franck Ferrand réclamait d'importantes indemnités : 76.620 euros d'indemnité de requalification de CDDU (CDD d'usage) en CDI, 51.080 euros d'indemnité compensatrice de préavis, 5.108 euros de congés payés afférents, 106.416,66 euros d'indemnité légale de licenciement, 153.240 euros d'indemnité pour travail dissimulé, 306.480 euros de dommages et intérêts pour rupture du contrat aux torts de l'entreprise et 5.000 euros au titre de l'article 700, autrement dit les frais occasionnés par le procès, soit au total près de 704.000 euros.
"Laurent Guimier a supprimé mon émission pour y mettre un copain", n'a pas hésité à lancer Franck Ferrand lors de l'audience en faisant référence à son ancien patron et à l'arrivée de Fabrice d'Almeida en tant que consultant Histoire.
Mais le jugement rendu le 15 juin a débouté l'ex-animateur de l'ensemble de ses demandes. Le conseil a considéré entre autres que le délit de travail dissimulé n'était pas établi tout en se déclarant inapte à se prononcer sur la partie incriminée des contrats de prestation de service, au profit du tribunal de Commerce. Franck Ferrand dénonçait ces cinq contrats signés entre 2013 et 2018 en parallèle de ses CDDU pour son émission "Au coeur de l'histoire" sur Europe 1. Mais le conseil des prud'hommes, qui a relevé le caractère de travailleur indépendant de l'historien, note que c'est l'animateur lui-même qui a proposé cette option.
Quant au licenciement supposé être sans cause réelle et sérieuse, l'avocat d'Europe 1, Maître Pierre Lubet, n'a pas manqué de rappeler au cours de l'audience du mois de février qu'une proposition avait été faite à Franck Ferrand par la nouvelle direction de la station, alors placée sous l'égide de Laurent Guimier. Ce dernier lui avait proposé un CDI rémunéré 50.000 euros sur 13 mois, sans que Franck Ferrand ne juge nécessaire de donner suite, en l'absence de plus de précisions selon son avocat Richard Malka. Deux mois avant la rentrée 2018, des négociations étaient également en cours pour faire passer Franck Ferrand de cinq à deux interventions par semaine à l'antenne, ce qui aurait entraîné une baisse de sa rémunération.