De l'aveu même de sa Société des journalistes, "la rédaction de TF1 est à bout". La Une a enchaîné les contre-performances ces derniers mois en matière d'information. Bousculée par la nouvelle offre offensive de France 2 - qui n'a pas hésité à débaucher à la concurrence des talents pour se renforcer (Thierry Thuillier et Fabien Namias ces deux dernières années) -, TF1 a perdu son statut de chaîne de l'événement.
TF1 a particulièrement souffert pendant la campagne présidentielle : son prime time politique "Parole de candidat" a réalisé des audiences plus faibles que l'émission concurrente "Des paroles et des actes" tandis que les soirées électorales de France 2 ont été leaders. Même le débat Hollande/Sarkozy a été davantage suivi sur la chaîne publique que sur TF1. De surcroît, l'écart entre les deux 20 Heures ne cesse de se réduire en semaine : moins de 4 points ce mois-ci, du jamais vu (23,6% de PDA vs 20,0%). Et, contrairement à une idée largement répandue par certains, à concurrence égale, le 20H de Claire Chazal du vendredi est autant en difficultés que celui de Laurence Ferrari. D'ailleurs, pour la première fois, le 20H a affiché une audience inférieure au feuilleton "Plus belle la vie" hier, vendredi 25 mai (4,76 millions vs 4,83 millions).
Réunie cette semaine en assemblée générale extraordinaire, la Société des journalistes a souhaité alerter la direction de TF1. Dans un communiqué interne que puremedias.com s'est procuré, les journalistes de la Une "(constatent) que la rédaction est à bout, et (réclament) un nouveau souffle qui ne peut plus se limiter à un aménagement de ligne éditoriale", incriminant, sans la nommer, Catherine Nayl. Inimiginable il y a encore quelques années, la possibilité d'une motion de défiance envers la patronne de l'information de TF1 est de plus en plus invoquée parmi les membres de la rédaction, même si Nonce Paolini, le PDG, lui a réaffirmé publiquement sa confiance.
"Les journaux, les soirées électorales et la couverture de la campagne présidentielle n'ont pas été à la hauteur de ce que devrait être l'information de TF1 : innovante, réactive, intelligente et populaire, poursuit la SDJ. Le traitement de l'information a été trop souvent timide et conformiste quand nous ne sommes pas passés à côté d'informations majeures. Nous ne nous retrouvons plus dans les JT proposés ces derniers mois, le 20 heures semaine en particulier (...) TF1 n'est plus considérée comme la chaîne de l'événement."
Puis, la Société des journalistes de TF1 évoque quelques pistes pour inverser la tendance. "Le journal de TF1 doit pouvoir proposer chaque jour des informations exclusives, des reportages de bonne facture avec un sens du récit et une mise en images travaillée qui signerait, à elle seule, la marque de notre chaîne (...) La rédaction veut se battre pour que TF1 retrouve sa crédibilité et son savoir-faire et nous attendons tous un changement profond de l'organisation."
Dans une interview au Monde cette semaine, Catherine Nayl a reconnu la faiblesse actuelle de l'information sur TF1. "Je ne me cache pas la tête dans le sable. C'est une période agitée pour nous. Pour autant, notre journal reste largement leader. Sur le début de l'année, la moyenne est de 6,5 millions de téléspectateurs pour TF1 et 5,2 millions pour France 2." Puis, la directrice de l'information esquisse quelques pistes pour faire revenir les téléspectateurs : "Il faut casser l'effet mille-feuilles. Il y a entre 16 et 18 sujets dans une édition. Il faut faire des choix plus drastiques, traiter 7 ou 8 grands thèmes avec des angles, de la pédagogie, des éclairages. Les téléspectateurs sont déjà informés par Internet et les télévisions en continu, il faut aller plus loin dans la différenciation."