Tout et le contraire de tout. La situation sanitaire est actuellement en train de se dégrader en France avec une augmentation conséquente du nombre de cas par jour et d'entrées en réanimation, liée à l'épidémie de Sars-CoV-2. Dans les jours à venir, le gouvernement prévoit donc de nouvelles mesures sur le plan national et local afin de faire face à ce qui est désormais unanimement considéré comme une seconde vague.
Selon "Le Figaro", des proches d'Emmanuel Macron ont très peu appréciés les propos des médecins "rassuristes" tenus sur les plateaux télés depuis deux mois. "Nous, les politiques, il suffit qu'on dise une demi-connerie pour être condamné à vie et qu'on ne nous lâche plus. Eux, ils se sont trompés sur à peu près tout, tout le temps, et personne ne leur dit rien...", a glissé une source anonyme proche de la majorité.
Un agacement entendu également ce matin dans "L'heure des pros" sur CNews. Invité par visioconférence par Pascal Praud, le professeur Jean-François Toussaint, connu pour ses positions rassurantes concernant la pandémie, s'est fait épingler par plusieurs débatteurs sur le plateau, dont Laurent Joffrin qui l'a qualifié de "farceur". L'ancien directeur de "Liberation" a vivement critiqué le fait que le médecin ait retourné sa veste concernant l'existence d'une seconde vague : "Il disait qu'il ne fallait pas s'inquiéter il y a quinze jours".
L'ex-journaliste a réagi aux propos du professeur de physiologie qui, quelques minutes plus tôt, parlait de "deuxième vague" et "deuxième phase" de l'épidémie, avec "une augmentation des hospitalisations de la réanimation" et "du nombre de décès". "Il faut savoir s'il s'agit d'une responsabilité collective ou bien d'une évolution complète de phase entre un virus et nos sociétés. Les mesures à prendre ne sont pas du tout les mêmes", a-t-il poursuivi, estimant que la mortalité du virus est liée uniquement "à la régression de l'espérance de vie", "la stagnation de celle-ci", "l'obésité", "la sédentarité", "les maladies cardiovasculaires" et "la température".
"Au mois d'août, je disais : 'Il n'y a pas de deuxième vague'. Je le disais au présent. Je n'ai jamais dit : 'Il n'y aura pas de deuxième vague'. Au contraire, j'attirais l'attention sur ce qui était en train de se passer dans les pays de l'hémisphère sud", a souligné le professeur Toussaint. Et d'ajouter : "A partir de là, ces données sur les pays européens allaient se produire en symétrie et de la même façon". Il a ainsi conclu que ce sont "ces effets liés à la nature des sociétés très développées avec ces facteurs de risque qui expliquent la mortalité" et qu'il n'y a pas "de relation entre le confinement et la mortalité du virus". puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
Si cette intervention a choqué Laurent Joffrin, c'est parce que les propos du médecin, qualifié de "rassuriste" par Pascal Praud et d'autres observateurs, paraissent totalement contradictoires par rapport à ceux qu'il tenait il y a encore quelques semaines. Fin août, alors que la courbe des cas confirmés de COVID-19 grimpait, il soulignait ainsi qu'il n'y avait "pas de gravité" et "d'urgence", accusant le gouvernement "d'instrumentaliser les indicateurs" et le conseil scientifique de faire peur à la population en réclamant des restrictions sanitaires.
A la mi-septembre, sur Radio Classique, Jean-François Toussaint ironisait sur le fait que "la deuxième vague n'était toujours pas là" et "qu'on l'annonce toujours pour dans quinze jours" : "Cela depuis début avril. Ca fait dix fois que les scientifiques réunis en conseil ont annoncé une vague qui n'est toujours pas venue".
Plus récemment, début octobre, sur CNews, le professeur Martin Blachier, qui alarmait sur la montée des cas depuis août, était sorti de ses gonds face à Jean-François Toussaint. Ce dernier prônant une immunité collective et un assouplissement des règles sanitaires avait estimé que son interlocuteur délivrait "des prédictions apocalyptiques". Les deux hommes s'étaient alors vivement écharpés sur ce sujet de la deuxième vague. "Il a dit tout l'été que c'était terminé et que la deuxième vague était de la pure fiction", s'est agacé Martin Blachier. La présentatrice Laurence Ferrari avait même dû intervenir entre les deux professeurs pour calmer les tensions. Ci-dessous, une vidéo datant du 18 août d'une intervention du professeur Toussaint sur CNews. Lors de celle-ci, il remettait notamment en cause la prédiction d'une seconde vague pour l'automne du Conseil scientifique.