Y'a-t-il eu entente concernant l'attribution des droits de la Ligue 1 de football pour la période 2016-2020 ? C'est en tout cas ce qu'a dénoncé hier Jean-Michel Aulas devant la presse. Comme le rapporte l'AFP, le médiatique patron de l'Olympique lyonnais a dénoncé l'entente entre Canal+ et la chaîne qatarie beIN Sports concernant l'attribution de ces droits télé pour 748 millions d'euros en avril 2014. En toile de fond, une intervention de François Hollande auprès de l'émir du Quatar afin que celui-ci veille à protéger les intérêts de Canal+, par ailleurs grand argentier du cinéma français.
Dans le désormais célèbre "Un président ne devrait pas dire ça...", Gérard Davet et Fabrice Lhomme relatent ainsi une conversation avec François Hollande sur ce sujet. "On a sauvé Canal. J'ai reçu discrètement (Rodolphe, ndlr) Belmer et (Bertrand, ndlr) Méheut (anciens patrons de la chaîne cryptée, ndlr). J'ai appelé l'émir du Qatar et lui ai dit: 'Vous allez venir en France en juin, on vous a défendus par rapport aux Saoudiens, on est à vos côtés, mais là, qu'allez-vous faire sur les Rafale ? Il y a aussi l'histoire du foot... Je souhaite qu'il y ait un partage'", leur a confié le président de la République.
"Je suis catastrophé et absolument irrité. C'est une affaire d'Etat. Il faut absolument que la justice, que le Conseil de la concurrence (l'Autorité de la concurrence, ndlr) s'auto-saisisse de cet ignoble arrangement sur le dos des clubs qui investissent, mais aussi sur le dos des supporters et des actionnaires", a dénoncé jeudi devant la presse Jean-Michel Aulas, adepte des coups de gueule. La manne des droits TV est partagée entre les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 par la Ligue de football professionnel. Cette dernière, tout comme les clubs, ont donc tout intérêt à ce qu'elle soit la plus importante possible.
"Je vais en discuter à nouveau avec Didier Quillot (directeur général exécutif de la Ligue de football professionnel, ndlr). Je sais que le conseil d'administration de la LFP n'a pas été reformé mais ceci étant, il faut prendre des décisions", a ajouté le médiatique président de l'OL.
Mercredi, Le Canard Enchaîné a révélé que la LFP envisagerait depuis deux semaines plusieurs recours. François Hollande bénéficiant de l'immunité présidentielle, la LFP réfléchirait à des poursuites en responsabilité pour "faute" contre l'Etat devant la juridiction administrative. La Ligue songerait aussi à une saisine de l'Autorité de la concurrence pour délit d'entente. Le nouveau conseil d'administration de la LFP, sorte de gouvernement du football professionnel français, sera élu le 11 novembre prochain, tout comme son président. Aucune décision dans ce dossier ne devrait donc être prise avant cette date.
"Je compte sur le président de la Fédération (Noël Le Graët, ndlr) et de la Ligue pour savoir qui a été lésé, de combien et que les clubs puissent récupérer ces sommes qui sont parties en fumée", a insisté Jean-Michel Aulas. "Les choses se sont passées dans notre dos de façon absolument anormale", a-t-il conclu.
Contactée, l'Autorité de la concurrence n'a pas souhaité faire de commentaire. Egalement contactée, la Ligue de football professionnel n'a pu être jointe.