Jean-Michel Aphatie écoute attentivement "On marche sur la tête", la quotidienne présentée par Cyril Hanouna sur Europe 1. Dans une séquence, repérée puis disséquée sur X (anciennement Twitter) par l'éditorialiste de "Quotidien", on entend l'animateur qui officie aussi sur C8 passer la parole à un certain "Stéphane de Vendée" dans le cadre d'un débat autour des attaques antisémites survenues à Amsterdam ce jeudi 7 novembre 2024, après un match de Ligue Europa entre le Maccabi Tel-Aviv et l'Ajax.
"Stéphane, bonjour, merci d'être avec nous sur Europe 1. Stéphane de Vendée", a lancé Cyril Hanouna avant que l'auditeur ne réagisse à un tweet de Marie Mesmeur. En réponse à un commentaire de Fabien Roussel (PCF), la députée La France insoumise d'Ille-et-Vilaine avait estimé que "ces gens-là n'ont pas été lynchés parce qu'ils étaient juifs, mais bien parce qu'ils étaient racistes et qu'ils soutenaient un génocide". Ce commentaire de l'élue est remonté aux oreilles du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui a déclenché à son encontre l'article 40 du Code de procédure pénale, pour apologie de crime.
"Bonjour, oui en fait, le nouvel antisémitisme a trois fondements", a estimé à l'antenne cet auditeur dont on ne sait alors encore rien. "Il y a un terreau arabo-musulman qui est travaillé par une propagande islamiste mais ce terreau est aussi électoral pour l'extrême gauche et LFI qui l'utilisent sans vergogne et renouent avec une vieille tradition. L'antisémitisme au XIXe siècle est d'abord de gauche", a-t-il insisté avant de qualifier de "scandale absolu" le fait que "la gauche républicaine" n'ait "eu aucun problème à s’allier avec ces gens-là, à les faire élire".
"Exactement, ils sont responsables", a acquiescé Cyril Hanouna. "La vérité, c’est que le système avait peur de perdre le pouvoir et les places", a repris l'auditeur avant que Cyril Hanouna en dise – après plus de deux minutes d'intervention – (enfin !) un peu plus son parcours. "Stéphane, je tiens à dire que vous connaissez ce que vous dites, puisque vous êtes ancien député européen. Vous parlez de ce que vous vous connaissez", a assuré l'animateur sans préciser sa couleur politique.
Après quelques recherches, que Puremédias a pu vérifier, Jean-Michel Aphatie de découvrir : "Stéphane Buffetaud a siégé à Bruxelles de 1997 à 1999 sous l’étiquette du Mouvement pour la France (MPF), groupuscule présidé par Philippe de Villiers", lui-même tête d'affiche de la grille de CNews, a écrit l'éditorialiste qui a assisté – sur le fond – à la convergence de point de vue entre l'animateur d'un côté et son auditeur de l'autre. "En fait, je comprends quelque chose depuis que je fais des émissions d’actualité, ils ont tous peur qu’il y ait un éclatement de tous leurs petits postes, de tous leurs petits privilèges. Ils se sont dit : si le Rassemblement national passe, c'est terminé", a estimé Cyril Hanouna, rejetant le barrage républicain de l'entre-deux-tours des législatives anticipées de l'été dernier. "C’est ce que je ressens, Stéphane, j’ai l’impression que c’est ce que vous dites également."
"Evidemment", a validé son interlocuteur, prié de patienter en ligne pour mieux revenir après la page de publicité. Ce n'est que près de dix minutes après le début de son intervention que l'auditeur d'Europe 1 apprendra de la bouche de Stéphane qu'en plus d'avoir officié à Bruxelles à la fin du XXe siècle, il a aussi été candidat, "soutenu par le Rassemblement national", dans la 5e circonscription de Vendée aux législatives anticipées de l'été dernier.
"J'avais l'investiture du Rassemblement national, j'étais soutenu par (Éric) Ciotti, le CNIP (Centre national des indépendants et des paysans, ndlr), Debout la France etc...", a-t-il précisé avant d'ajouter quelques instants plus tard : "Je suis aussi chroniqueur à 'Boulevard Voltaire'". Un journal classé à l'extrême droite – pour lequel travaille Gabrielle Cluzel, invitée régulières des émissions de CNews, autre antenne du groupe Bolloré – dont Cyril Hanouna apprécie la ligne éditoriale. "'Boulevard Voltaire', ils ont écrit deux, trois articles sur moi, je les remercie !". Stéphane Buffetaud de reconnaître alors : "J'en ai écrit un hier à propos d'Aphatie", accusé d'antisémitisme quelques jours plus tôt après avoir jugé Cyril Hanouna "au bord du gaz". "Ah c'est vous !", s'est étonné l'animateur d'Europe 1, déjà épinglée pour "manque de "mesure et d'honnêteté" par l'Arcom l'été dernier. Puremédias vous propose de visionner la séquence.
"Cette précision aurait (pourtant) été utile, voire nécessaire, dès le début de l’entretien, pour que les auditeurs d’Europe 1 soient informés sur la personne qui intervenait à l’antenne", a considéré, de son côté, Jean-Michel Aphatie sur X, rappelant par là une règle élémentaire du journalisme.
"Cette (précision) incombait bien sûr à Cyril Hanouna qui, à aucun moment, n’a présenté ainsi Stéphane Buffetaud. Et là encore, ni Gauthier Le Bret, ni Olivier Dartigolles n’ont relevé le caractère particulier de cet auditeur arrivé là, sur l’antenne de la radio, presque comme par hasard." Et l'éditorialiste de conclure : "Dans le début de (son) papier (sur moi), Stéphane Buffetaud citait Valérie Bénaïm qui dénonçait mes propos. Ceci pour dire que le dit Stéphane Buffetaud est un ami de la maison et que tout ce petit monde tourne en rond".