"Affaire Cahuzac : le cauchemar continue", titre aujourd'hui Libération. Le quotidien dirigé par Nicolas Demorand revient sur une "piste explorée par Mediapart" (mais jamais publiée) selon laquelle Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, détiendrait des comptes bancaires illégaux à l'étranger.
"Depuis jeudi, un scenario noir circule dans tous les ministères : Mediapart aurait en sa possession les preuves que Laurent Fabius détient un ou plusieurs comptes en Suisse, explique Libé. Et comme Edwy Plenel (le patron de Mediapart, NDLR) se répand partout que son site se prépare à révéler un 'scandale républicain', la rumeur s'emballe. Info, intox ? Nul ne sait." Dans l'éventualité que cette rumeur devait se vérifier, le quotidien pronostique la chute de "tout le gouvernement", "immédiatement". Le journal raconte notamment que Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart, a rencontré Laurent Fabius dimanche pour confronter ses informations avec le ministre.
Dans un tweet publié dès hier soir, Edwy Plenel a affiché sa stupéfaction face à la Une du quotidien de gauche : "Libération perd la tête : il transforme en information une rumeur sur Fabius en prétendant démentir une non-information de Mediapart." Ce matin, le patron de Mediapart revient plus longuement sur l'article de Libération sur son site : "Après ne pas avoir accordé suffisamment de crédit aux informations documentées et recoupées de Mediapart sur le compte suisse de Jérôme Cahuzac, voici que (Libération) officialise et relaye une rumeur concernant Laurent Fabius, pour les mêmes faits (...) Nous ne l'évoquerions même pas si cette mise en scène, éloignée des règles les plus élémentaires du journalisme, ne s'abritait derrière la mention de Mediapart. Libération prétend en effet savoir ce qu'il en est des enquêtes en cours de notre rédaction, au point de dévoiler les supposés rendez-vous honorés par tel ou tel d'entre nous. Nous n'aurions jamais imaginé qu'un journal se voulant sérieux puisse ainsi violer le secret professionnel qui protège sources et investigations d'autres confrères."
Pour sa part, Laurent Fabius nie en bloc ces rumeurs. Le ministre a d'ailleurs annoncé son intention de porter plainte contre Libération.