Il prend la parole. Dans une interview publiée hier sur "Variety", Edwy Plenel revient sur son agression subie de la part de la réalisatrice Maïwenn. Le 8 avril dernier, le patron de "Mediapart" a déposé plainte pour "violences" après s'être fait tirer les cheveux par la comédienne dans un restaurant parisien. Le 10 mai dernier, invitée dans "Quotidien" sur TMC, l'actrice a assumé ouvertement avoir agressé le journaliste, ne souhaitant pas donner davantage d'informations.
Hier soir, Maïwenn a été la figure de proue du début du Festival de Cannes, en France, puisque son film "Jeanne du Barry" a ouvert l'événement cinématographique. L'occasion pour "Variety" d'interroger Edwy Plenel, en marge de la Croisette.
"Elle est ouvertement anti-MeToo et elle a fait un geste pour plaire à son monde, et c'est pourquoi elle s'en est vantée à la télévision. Nous pouvions voir une sorte de fierté qui faisait écho à ce monde", a déclaré le journaliste d'investigation, au sujet de la séquence dans "Quotidien".
Selon Edwy Plenel, Maïwenn l'a agressé parce qu'elle était contrariée par une enquête publiée par "Mediapart" concernant des allégations de viol et d'agression sexuelle contre Luc Besson, ancien mari de la réalisatrice et père de sa fille. "Nous avons publié ce qu'elle a dit à la police dans le cadre de l'enquête sur Besson. Lorsqu'elle s'est entretenue avec les forces de l'ordre, elle a évoqué des aspects compliqués de sa relation avec Luc Besson, notamment lors de leur séparation", a raconté le journaliste. Et d'ajouter : "Mais une fois que nous avons publié notre article, nous n'avons jamais reçu de protestation d'aucune sorte. C'était il y a environ cinq ans - cela signifierait que pendant tout ce temps, Maïwenn voulait se venger. Mais si c'est le ca,s pourquoi n'a-t-elle pas envoyé de mail ? Nous n'avons jamais reçu d'appel téléphonique d'elle".
"Je ne connais pas Maïwenn. Je ne l'ai jamais rencontrée. J'aurais été incapable de la reconnaître", a assuré le journaliste de 70 ans. Et de confier : "Cette agression a causé plus de stupeur qu'autre chose. Elle ne s'est pas attaquée qu'à moi individuellement, mais au symbole que je représente, en tant que fondateur et directeur d'un journal, qui en France a été à la pointe de toutes les révélations MeToo".
Edwy Plenel a ajouté que "certaines personnes dans l'industrie du cinéma voient (leur) travail, chez 'Mediapart', comme un censeur" : "Comme si nous les empêchions de faire ce qu'ils veulent, comme opprimer, harceler et profiter de leurs positions". "Vous êtes le premier journaliste à m'appeler. C'est intéressant et cela en dit long sur l'état des médias français", a-t-il lancé à "Variety". A titre d'information, contrairement à ce qu'indique Edwy Plenel, puremedias.com a tenté de le contacter après la séquence de Maïwenn dans "Quotidien". Celui-ci n'a pas souhaité répondre à nos questions et nous a renvoyé vers son avocat.
Mise à jour (17/05/2023 : 14h00) : Interpellé par puremedias.com à la suite de la publication de cet article, Edwy Plenel a réagi : "Cher confrère, toutes mes excuses. J'avais sincèrement oublié votre demande, n'ayant pas l'habitude d'être en relation avec puremedias. Dans ma réponse à Variety, je pensais aux médias généralistes, notamment audiovisuels, qui ont accompagné la promotion du film de Maïwenn".