Interview
Eurovision 2016 : Les coulisses des préparatifs de la prestation d'Amir
Publié le 11 mai 2016 à 18:01
Par Charles Decant
Nathalie André évoque pour puremedias.com toute la préparation qui se poursuit encore cette semaine à Stockholm avant le grand soir.
Amir chante "J'ai cherché" pour l'Eurovision 2016 Amir chante "J'ai cherché" pour l'Eurovision 2016© Eurovision.tv
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Ils seront environ 200 millions samedi soir à suivre la prestation d'Amir et des 25 autres finalistes de l'Eurovision 2016. C'est à Stockholm, sur la scène de l'Ericsson Arena, que le candidat français et ses concurrents se produiront dans un show magistral retransmis en direct sur France 2 et RFM en France. Outre Amir, cinq candidats sont déjà assurés de participer à la finale : l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni, membres du Big Five, ainsi que la Suède, qui accueille l'événement cette année après la victoire du Suédois Mans Zelmerlow l'an dernier. Dix finalistes ont également été dévoilés hier à l'issue de la première demi-finale. Les dix derniers participants seront annoncés jeudi soir, après la deuxième demi-finale retransmise chez nous sur France 4.

Et pendant que ces derniers se préparent, Amir ne chôme pas. Entre interviews pour les médias français et étrangers, le chanteur répète également pour peaufiner sa prestation. Car en coulisses, préparer un tel show ne se fait pas sans difficulté. Nathalie André, directrice des divertissements de France 2, révèle à puremedias.com les coulisses de ces longs mois de préparation et leurs nombreuses contraintes.

Propos recueillis par Charles Decant.

"Au début, on travaille sans aucun repère"

Vous nous avez déjà expliqué comment le choix du titre avait été fait, il y a quelques semaines. Une fois cette partie réglée, comment se met en marche la conception du tableau ?
Déjà, je commence par mon budget qui n'est pas énorme. Si je compare aux Russes, ils logent ici à Stockholm au prestigieux Grand Hotel et ils ont fait sur scène un travail énorme et qui demande un budget très conséquent. Moi, je fais avec mon budget. Ensuite, quand on a choisi la chanson d'Amir, on a voulu qu'il soit seul sur scène. Avec Edoardo Grassi, le chef de la délégation française, on avait vu la façon dont il bougeait. Il a vachement de charme, il a du charisme, il est sexy quand il bouge, donc on a voulu tout miser sur lui. Et avec nos moyens, à l'issue de discussions avec lui, on l'a imaginé au milieu de l'univers à la recherche de quelque chose.

Il y a des contraintes très strictes de l'Eurovision en termes de mise en scène...
Oui, on aurait fait les choses différemment si on avait eu plus de possibilités. On ne peut pas avoir plus de six personnes sur scène pour la prestation. Personnellement, je pense que soit on est très nombreux, au moins une dizaine de personnes avec une vraie chorégraphie, soit ce n'est pas très intéressant... Avoir trois pauvres danseurs derrière un artiste, je ne trouve pas ça bien. Donc on a fait ce choix. On a travaillé avec la société HK Corp, John Gitlis, qui sont en ce moment les rois du clip, qui font beaucoup de clips pour beaucoup de stars internationales. On a travaillé autour des paroles de la chanson, de la recherche dans laquelle se lance Amir.

Mais vous imaginez tout ça sans connaître encore la scène...
Oui, ce qui est très difficile, c'est qu'on nous envoie des maquettes de la scène très tardivement. On travaille sans aucun repère. Une fois qu'on a travaillé, on reçoit la maquette début mars, et là on se dit qu'on aurait pu faire mille autres choses. Mais on doit envoyer une partie de notre travail à la réalisation mi-mars : nos intentions de mise en scène, une partie de nos images, qu'ensuite on corrige. On est à très peu de temps de la finale, en fait. Donc ce n'est pas très simple.

"On s'est dit 'Mon Dieu, ça ne va pas du tout !'"

Donc quand vous découvrez les plans de la scène, qu'est-ce qui se passe ?
On réalise des choses qu'on ignorait. On découvre qu'il y a un bras de la scène qui avance dans la foule, par exemple. Donc on essaye dans un temps record, avec un budget moindre, de faire ce qui est possible, de faire les corrections possibles. On ne peut pas demander à une société de faire mille corrections !

Ensuite, vous arrivez à Stockholm, et là, les répétitions commencent.
Oui, on arrive jeudi dernier, et le vendredi, ce sont les premières répétitions. C'est un peu comme si on répétait dans une salle de 100 mètres carrés à Paris, devant une glace, et qu'on se retrouvait tout à coup à Bercy, sans avoir la possibilité de tester la mise en scène ou l'écran.

Et malgré tout, ces premières répétitions sont mises en ligne sur YouTube par l'Eurovision et aussi filmées par des amateurs...
Oui, et c'est incroyable que ces répétitions soient publiques et commentées ! Quand un grand chef cuisinier teste des plats dans sa cuisine avant de les mettre en salle, ils les teste au moins vingt fois ! C'est pareil pour tout ! En plus, la durée des répétitions est très courte. On a trente minutes, et on répète trois fois : une fois pour le son et la voix, une fois pour la lumière, et une fois pour la mise en scène. A la troisième fois, on s'est dit "Mon Dieu, ça ne va pas du tout !!"

Qu'est-ce qui ne va pas exactement ?
La voix, on l'a. La chanson, on l'a. Mais les planètes ne vont pas jusqu'au bout, par exemple. Donc, toute la journée du samedi, on travaille parce qu'il y a de nouvelles répétitions dimanche.

"Il faut le dire, on n'était pas content !"

Il y a encore moyen de faire des corrections auprès de HK Corp ?
On a de la chance de travailler avec des sociétés très réactives, c'était déjà le cas de Blondin l'an dernier, donc ils ont pu faire quelques corrections, même en plein weekend. Donc le samedi, l'artiste travaille comme un dingue, et nous aussi. Comment doit-il bouger, par exemple ?

Amir était assez statique sur la première répétition...
Oui. Mais il faut le dire, on n'était pas content ! C'est pour ça que ça ne devrait pas être public ! C'est terrible parce que les commentaires sortent sur les réseaux sociaux et dans la presse alors qu'on sait nous-mêmes que ce n'est pas bien. Donc le dimanche, on recommence, on fait des progrès, on re-répète le lundi et on refait des progrès. Aujourd'hui, on est mercredi. Amir a répété toute la matinée : sa voix, son placement, ses gestes... Il se sent plus libre. Il connaît la scène. Demain et vendredi, il y a encore deux énormes journées de travail pour arriver vendredi soir sur la première finale - on tourne deux fois la finale. Celle de vendredi sert aux jurys nationaux pour voter et fait aussi office de bande de secours. Le public, lui, vote samedi. Donc on n'arrête pas de travailler, et surtout lui, son coach vocal, son chorégraphe... On se retrouve pendant toutes ces répétitions face à un écran géant avec les numéros de caméras, les numéros de séquences, et on essaie de corriger dans ce temps record tout ce qu'on va montrer samedi. Il y a eu énormément de travail fait par tout le monde, donc maintenant, on croise les doigts.

Ce que beaucoup de gens ignorent, c'est que vous choisissez précisément chaque plan et chaque caméra. Quand la caméra s'arrête sur la plastique de la candidate arménienne, par exemple, c'est un choix de sa délégation...
Oui, mais pour l'avoir vécu l'année dernière, quand le réalisateur est en direct, avec la pression, avec le nombre d'artistes qui passent, beaucoup de choses ne sont plus exactement comme on l'a demandé. Et on ne peut pas imposer tout ce qu'on souhaite au réalisateur, il faut lui laisser une part de son travail. C'est une organisation tellement énorme, qui a tellement l'habitude, qu'on ne peut pas arriver et se prendre pour Scorsese en donnant des leçons. On donne une liste des principales choses qu'on aimerait qu'il respecte. En ce qui concerne l'Arménienne, la scripte de l'émission doit sûrement avoir sur sa feuille que la chanteuse passe sa main sur sa cuisse et que c'est un des temps forts à respecter. Comme nous quand Amir est au centre de la planète.

"Personne n'est gagnant jusqu'à samedi soir 0h30"

Vous parliez du travail de répétitions, mais en plus de ça, Amir doit assurer la promo auprès des médias français et étrangers...
C'est formidable parce qu'il y a beaucoup de journalistes qui nous soutiennent. Donc il faut faire la promo, mais aussi auprès des autres pays. Il faut faire la télé espagnole, la télé italienne... Tout ça, c'est du bonus, c'est formidable. Mais c'est beaucoup de temps ! On ne se rend pas compte que quand on est là, on est tous occupé entre 8h du matin et minuit, et qu'on fait énormément de choses. Et l'artiste est occupé non stop. On essaie de lui laisser quelques petits heures pour se détendre, faire attention qu'il n'attrape pas froid. En plus, il y a le stress pour lui, j'imagine... On voit les prestations des autres pays... J'ai appris l'année dernière que personne n'est gagnant jusqu'à samedi soir 0h30. On reste calme, on a juste cette grande chance que son titre soit classé dans les charts et joué en radio dans douze pays, qu'il y a un vrai soutien en France, où il est sur toutes les radios... ! On y va comme à une compétition sportive !

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