Elle est l'une des voix féminines incontournables de RTL. Depuis 2011, Flavie Flament accueille chaque après-midi de 15h à 16h les auditeurs de la station du groupe M6 avec son émission "On est fait pour s'entendre". Leader sur sa tranche, l'émission ne s'est jamais aussi bien portée avec 544.000 auditeurs au quart d'heure moyen la saison dernière. Un succès qui permet à l'animatrice de décrocher un nouveau rendez-vous le week-end sur RTL. À la veille du lancement de celui-ci, puremedias.com s'est entretenu avec Flavie Flament.
Propos recueillis par Pierre Dezeraud.
puremedias.com : Vous lancez ce samedi, à 9h15, "Nous voilà bien !", un magazine hebdomadaire sur RTL. Que va-t-on trouver dans ce nouveau rendez-vous ?
Flavie Flament : Avec RTL, nous sommes partis du constat que la société d'aujourd'hui n'a jamais été autant offrante en matière de propositions pour mieux vivre. De nouvelles applications fleurissent tous les jours, de nouvelles initiatives locales qui permettent de vivre différemment le lien social émergent, de nouveaux modes de comportement comme le principe du "co" (co-voiturage, co-working, etc...) sont adoptés. Bref, l'heure est aux solutions pour mieux vivre, mieux être et mieux se sentir. Le principe de "Nous voilà bien !", c'est de faire chaque semaine un point sur toutes les nouvelles propositions qui sont faites en ce sens. L'idée, c'est de faire le tri pour permettre à nos auditeurs d'y voir plus clair.
Vous nous promettez que ce n'est pas un énième magazine où l'on parle de cuisine ou de développement personnel pour être dans l'air du temps ?
Non, je vous le confirme. On essaie toujours de se projeter dans cette idée réellement émergente de "mieux vivre", "mieux consommer", "être mieux dans sa vie et avec les autres". C'est l'une des nouvelles injonctions de nos sociétés. Et c'est forcément dans l'air du temps puisque l'offre n'a jamais été aussi pléthorique en la matière. Et il y a largement matière à faire une émission qui en parle mais qui fasse surtout le tri entre toutes les alternatives proposées car toutes ne se valent pas. Par exemple, samedi, nous allons parler de l'application anti-gaspillage "Too Good To Go" qui permet à des restaurateurs de revendre leurs invendus à un prix fortement décoté.
Il y aura des intervenants dans ce nouveau magazine ?
Oui, dans chaque émission, je serai entourée d'un intervenant pour chaque rubrique. Ce n'est pas à moi de parler de ces sujets car ce sont ceux qui les expérimentent et qui les vivent qui en parlent le mieux. J'aurai donc, chaque semaine, quatre à cinq invités puisque nous traiterons de quatre à cinq sujets différents. Ce seront des invités qui viendront me parler de leur univers. Par exemple, dans l'émission de samedi, je recevrai la chef Marie-Sophie L. pour parler de la "raw food" (cuisine sans cuisson, ndlr). Nous nous demanderons en quoi c'est bon pour la santé, comment s'alimenter de cette manière au quotidien, savoir s'il y a des contre-indications...
"J'avais envie d'arriver à des sujets plus concrets"
D'où vient l'idée de faire cette nouvelle émission ? De vous ou de RTL ?
Cela faisait quelques années que je faisais part à la direction de mon envie, au-delà du bonheur que me procure ma quotidienne, d'arriver parfois à des sujets plus concrets. Parfois aussi, il m'arrive de traiter un sujet dans "On est fait pour s'entendre" que j'aimerais approfondir. J'ai en tête un exemple cette semaine sur la guerre qu'il peut y avoir entre les végétariens et les omnivores. En sortant d'une émission comme cela, où on a traité le sujet de manière éthique et philosophique, on a envie d'aller plus loin dans le concret, de parler des nouveaux modes d'alimentation par exemple.
Si vous l'aviez déjà dans la tête depuis un petit moment, le travail de préparation de cette émission a dû être facilité.
Oui, c'est une émission que je fais avec l'équipe d'"On est fait pour s'entendre". Depuis le temps, nous sommes rompus à l'exercice de flairer l'air du temps. Il y a un travail journalistique réalisé en amont mais l'avantage, de la radio, c'est que c'est un média de l'immédiat. Donc, il y a toute une partie qui fait appel à la spontanéité. Il y aura des marques à trouver car je ne connais pas encore le public du samedi matin.
"On est fait pour s'entendre" entame sa huitième saison. On ne change pas une formule qui gagne ?
On ajuste tout le temps cette émission. C'est une part de son succès. Entre ce que l'émission était il y a sept ans et ce qu'elle est aujourd'hui, il y a eu une réelle évolution. La rigueur n'a jamais changé. En revanche, aujourd'hui, on a une souplesse que l'on avait pas forcément à l'époque. Quand j'ai voulu, il y a sept ans, faire venir des philosophes pour parler de vie quotidienne sur RTL, ce n'était pas dans l'air du temps. Aujourd'hui, la question ne se pose plus.
"Je partage les mêmes attentes que mes auditeurs"
Comment vivez-vous votre rapport à l'auditeur ?
"On est fait pour s'entendre" n'est pas qu'une émission de radio, c'est aussi une vraie communauté qui s'est développée, notamment sur les réseaux sociaux. Nous sommes en échange constant avec les auditeurs. Par ailleurs, notre particularité, c'est que les témoignages de nos auditeurs ne sont jamais des prétextes. On ne leur coupe jamais le micro. On ne se quitte jamais sans dire au revoir à l'auditeur et sans l'entendre nous répondre au revoir. Je crois que nous sommes l'une des seules émissions à le faire. Ça nous tient à coeur de considérer les auditeurs, pas simplement comme un support de notre succès, mais comme des participants à l'émission. Par ailleurs, je pense que les auditeurs ont besoin de sentir que leur point de vue est considéré. J'estime que j'ai toujours quelque chose à apprendre d'eux. Je ne suis pas là pour leur apprendre. Je ne veux pas être dans une posture et je tiens à garder cet état d'esprit à rebours des médias donneurs de leçons.
Qu'apportez-vous de votre personnalité à l'émission ? On a tendance à penser que les animateurs d'une émission de témoignages ne sont pas interchangeables...
"On est fait pour s'entendre" n'est pas uniquement une émission de témoignages. Je dirais que c'est plutôt une émission de partage, de réflexion et de solutions. Quand je faisais de la télé et que je ne me sentais plus à ma place, j'expliquais que je me sentais beaucoup plus proche de ceux qui regardaient la télévision que de ceux qui la faisaient. Je n'ai jamais voulu me déconnecter de la réalité. Je me suis retrouvée dans un milieu avec un métier qui m'a, parfois, entraîné loin d'elle. Et j'ai toujours voulu y revenir. Je n'aime jamais autant les choses que lorsqu'elles sont concrètes. L'émission de radio que je fais, c'est l'émission qui, à mon sens, correspond peut-être le plus à ceux qui l'écoutent parce que nous partageons les mêmes attentes !
"Revenir à la télévision ? Ce n'est pas exclu"
Après neuf ans en radio, êtes-vous en mesure de dire que c'est le média qui vous correspond le plus ?
Indéniablement, oui. C'est un média d'humilité et de travail qui a la grande force d'être proche des gens. Quand je rencontre les auditeurs, je me rends compte que je fais vraiment partie de leur quotidien. C'est un rapport presque charnel ! Après, je suis persuadée, parce que ce sont aussi mes premières amours, qu'il y a beaucoup de choses à faire en télévision. Notamment pour qu'elle soit plus proche de ceux qui la regardent. D'ailleurs, "On est fait pour s'entendre" est une mini-émission de télévision puisque c'est de la radio filmée. Je parle souvent à la petite caméra et on va d'ailleurs intégrer de plus en plus de choses pour créer une ambiance pour ceux qui nous regardent sur le web.
Est-ce un premier pas vers une retransmission de l'émission sur une chaîne du groupe M6 (propriétaire de RTL, ndlr) ?
Non, ce n'est pas notre vocation. Autant je pense qu'un programme comme "Les Grosses Têtes" peut s'y prêter, autant je ne crois pas qu'"On est fait pour s'entendre" ait sa place en télévision.
Votre retour à la télévision est évoqué tous les printemps. C'est devenu une arlésienne. Qu'en est-il ?
C'est vrai qu'on me le propose tous les ans. Je ne le ferai que lorsqu'il y aura un attelage parfait avec un diffuseur et un producteur autour d'un programme qui me correspond. Parce qu'il ne peut pas en être autrement. Aujourd'hui, mon équilibre est tel que je ne vais surtout pas prendre le risque d'aller refaire une émission de télévision qui me rendrait malheureuse. J'ai besoin d'être fière de ce que je fais. Ce n'est pas d'actualité mais ce n'est pas exclu.
Vous en avez discuté avec M6 ?
Oui, il y a eu des discussions avec le groupe mais pour l'instant, nous ne nous sommes pas rencontrés sur nos besoins.
"J'ai beaucoup de bienveillance à l'égard d'Europe 1"
Et en radio, après neuf ans sur RTL, vous n'avez pas envie d'aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs ?
Je ne suis pas persuadée que l'herbe soit plus verte ailleurs qu'à RTL. Qu'il y ait des sollicitations, ça fait partie du jeu mais c'est sur RTL que j'ai trouvé mon équilibre. Christopher Baldelli a misé sur moi il y a huit ans quand j'ai quitté TF1 et c'est lui qui m'a permis de faire ce qui me passionne. RTL continue d'être à mon écoute en me permettant de faire "Nous voilà bien".
Il se dit que vous avez été approchée par la nouvelle direction d'Europe 1 en fin de saison dernière...
Oui. Vous voyez, je suis toujours à RTL ! (sourire)
Avec sa nouvelle grille et ses nombreuses émissions interactives, Europe 1 veut remettre les auditeurs au coeur de son offre. Vous pensez que votre succès les inspire ?
J'ai beaucoup de bienveillance à l'égard d'Europe 1. C'est un média que j'entendais aussi quand j'étais petite même si mes parents écoutaient RTL. Il n'y a pas d'intérêt à se réjouir de la situation d'Europe 1 et je n'ai aucun plaisir à voir les gens se perdre. Je préfère quand la concurrence est saine. Par ailleurs, c'est très logique de vouloir renouer avec l'auditeur. C'est à la fois dans l'air du temps et dans l'ADN de cette station. Après, il y a un savoir-faire qui s'acquiert avec l'expérience mais je ne peux juger de rien puisque je n'ai pas eu l'occasion d'écouter les nouvelles émissions d'Europe 1.
Ces dernières années, vous êtes devenue une figure de l'engagement contre les violences faites aux femmes à travers votre livre "La consolation", le téléfilm sur France 3, le documentaire "Viol sur mineurs" et une mission de consensus sur le délai de prescription. La loi a changé et celui-ci a été allongé, comme vous le préconisiez. Comment va désormais se traduire votre engagement ?
La loi Schiappa, avec l'allongement de dix ans du délai de prescription pour les viols sur mineurs, est un énorme pas qui a été fait. C'est une victoire qui n'est pas seulement la mienne et qui donne raison à toutes les victimes qui libèrent leur parole. Je travaille toujours sur cette cause. Quand j'ai écrit mon livre, je voulais désigner un homme avant qu'il ne meurt sous les hommages. C'était vital pour moi. Je voulais aussi aider à la libération de la parole. C'est un combat qui était nécessaire et qui a changé ma vie. Cette aventure extraordinaire se poursuit désormais de façon différente.