Cinéma
Un flic : Il y a un flic pour sauver le cinéma
Publié le 20 novembre 2010 à 11:52
Par puremedias
Même s’il pêche par son irrégularité, "Un flic", nouvelle collaboration de Melville et Delon, reste un excellent film, à voir ou à revoir ce soir à 23h40 sur France 3.  
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Jeune commissaire d'une brigade territoriale, Edouard Colemann est l'ami de Simon, propriétaire d'un night-club et, par ailleurs, trafiquant de drogue. Sorti en 1972, Un flic est un film intéressant à plus d'un titre. Il s’agit de la troisième collaboration entre Jean-Pierre Melville et Alain Delon, du tout premier rôle de policier donné à Delon, mais aussi du dernier film de Melvile, deux ans après le sublime Cercle Rouge.

Ca pourrait commencer comme un western. Un western moderne et urbain. Une bande de braqueurs, sorte de desperados melvilliens, c'est à dire affublés d'un chapeau et d'un imper', doivent affronter un vent assez violent avant d'entrer dans une banque. Lors du hold-up, l'un des bandits se blesse grièvement. L'argent sera enterré dans un champ, le blessé amené dans une clinique. De son coté, le commissaire Coleman, tel un shérif, est bien décidé à faire régner la justice.

Cette scène d'ouverture reste une des plus belles introductions du cinéma français. A la fois lente, hiératique, et posée, elle met rapidement le spectateur dans le bain. Le genre de scènes qui respire le cinéma et illustre parfaitement le prestige du cinéma français des années 70.



Malgré cette ouverture magnifique, même supérieure à celle du Cercle Rouge, Melville fait hélas une faute de goût qui atténue considérablement la qualité du film. Vers la moitié du récit, les braqueurs doivent utiliser un hélicoptère pour atteindre un train. Rien de bien mauvais sur le papier. Mais sur l'écran, c'est un véritable chemin de croix, et voilà Melville qui utilise des maquettes pour l'hélicoptère et le train, façon publicité pour Jouet club. Une faute de goût terrible, indigne de Melville, qui avait jusqu'ici fait un sans faute

Malgré tout, le film reste très agréable formellement. La mise en scène est épurée et Melville transforme cette simple histoire policière en véritable tragédie shakespearienne. L'auteur du Deuxième souffle transcende les codes du polar pour nous offrir un véritable drame humain. Car le commissaire Coleman a droit à un cas de conscience. Va t-il arrêter son ami malgré tout ? 


 
Alain Delon trouve là l'un de ses meilleurs rôles. Jouant un flic retors, incorruptible, et parfois mélancolique (la scène du piano), il livre une de ses meilleures compositions. Un grand personnage de flic inoubliable.
Delon compose aussi un personnage d'homme, sorte d'ultra viril solitaire, cow-boy silencieux et incroyablement droit, un peu hors du temps et dévoué à son travail. Comme le Jeff Costello de [film%]Samouraï[/film%], mais du bon coté de la loi. C'est aussi un homme en proie aux failles et aux doutes, pas forcément insensible, qui doit régler un cas de conscience en apprenant que son ami Simon est un truand. 

Citons les autres acteurs, tous formidables, notamment Richard Crenna, qu'on a pu apercevoir dans Rambo, et qui joue un bandit très charismatique et roublard. Quant à Catherine Deneuve, son rôle reste assez décoratif. Même si Un flic n'est pas le meilleur Melville, il reste un très bon cru, à découvrir ou redécouvrir. 

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