Après Pierre-Étienne Léonard, Jean-François Laville, ancien rédacteur en chef de "Stade 2", a, lui aussi, obtenu la condamnation de France Télévisions. Le licenciement du journaliste a été jugé "sans cause réelle et sérieuse", selon une décision du conseil des prud'hommes datée du 25 août 2023 qu'a pu consulter l'AFP ce mercredi 13 septembre. Le groupe France Télévisions est, à ce titre, condamné à lui verser 150.000 euros. Sollicitée par l'AFP, la direction de France Télévisions n'a pas souhaité réagir.
Il y a un an et demi, France Télévisions avait une première fois été condamné à verser 150.000 euros pour le licenciement abusif de Pierre-Etienne Léonard. Il s'agit donc d'un deuxième revers pour le groupe public dans le dossier l'opposant aux trois anciens journalistes de "Stade 2".
En 2020, Jean-François Laville – comme deux de ses confrères, Pierre-Étienne Léonard et André Vernon – avait en effet été licencié après une enquête interne réalisé par le cabinet Interstys ayant relevé des faits de harcèlement et des propos sexistes. Celui-ci avait été mandaté par la direction du groupe public après la publication d'une interview de Clémentine Sarlat dans "L'Équipe", en avril 2020. L'ex-journaliste sportive de France Télévisions – actuellement aux commandes de "100% rugby" sur M6 – y rapportait avoir été victime de harcèlement et de sexisme au sein de la rédaction du groupe public.
Désireuse d'afficher "une politique d'exemplarité et de zéro tolérance envers le harcèlement", la direction de France Télévisions avait dans la foulée confié à Interstys le soin de mener des investigations sur les faits dénoncés par Clémentine Sarlat. Après avoir organisé une centaine d'entretiens, le cabinet avait pointé du doigt dans son rapport l'atmosphère sexiste régnant au sein du service des sports, scellant le sort de Pierre-Etienne Léonard, Alain Vernon et Jean-François Laville.
Mais le tribunal juge que l'organisation de ces investigations n'a pas été réalisée dans les conditions attendues. "Il aurait fallu que l'intégralité des membres de ce service (des sports, ndlr) soit invitée à être auditionnée" par le cabinet chargé de l'enquête interne, relève le conseil de prud'hommes de Paris dans son jugement. En outre, retranscrit l'AFP, "il a fallu l'intervention du juge des référés" le 1er avril 2021, "soit neuf mois après le licenciement" de Jean-François Laville "pour que France Télévisions communique l'enquête diligentée" et que le journaliste puisse "présenter utilement sa défense". Le groupe "n'a pas satisfait aux exigences du principe du contradictoire de façon spontanée", pointe la décision.
Il lui est également reproché d'avoir fondé le licenciement du journaliste sur des témoignages anonymes là où Jean-François Laville, qui avait fustigé son licenciement dans le livre "Viré", a pu produire une dizaine de témoignages identifiés attestant n'avoir jamais assisté à des "comportements sexistes, discriminants ou harcelants" de sa part.
Jean-François Laville entend faire appel de cette décision pour tenter d'obtenir la nullité de son licenciement. Dénonçant "une décision ignoble", Alain Vernon avait notamment déclaré en juillet 2021 avoir été "détruit" par son licenciement. Cette figure de "Stade 2" avait pour sa part été débouté aux prud'hommes le 30 août 2023, déplorant une décision dont il veut faire appel.