L'échéance était fixée au printemps 2018. Après moult reports, le projet de plateforme de SVOD initié par Delphine Ernotte devait être mis en orbite d'ici les beaux jours. Ce ne sera finalement pas le cas puisque, comme le révèlent nos confrères des "Échos", le groupe audiovisuel public a officiellement acté ce matin la mise en pause momentanée du projet. Contactée par puremedias.com, la direction justifie cette décision par la volonté de "se laisser le temps de la discussion à plus grande échelle avec TF1, M6 et Orange".
Alors que France Télévisions travaille de manière isolée sur son projet d'offre de vidéo à la demande par abonnement depuis plusieurs mois, le contexte a changé à la faveur de la résurgence de l'idée de voir naître un Hulu ou Netflix à la française. Un projet qui avait déjà été avorté en 2015 mais qui regagne aujourd'hui en légitimité alors que France Télévisions, TF1, M6 et Orange discutent pour créer une plateforme "ombrelle" qui regrouperait l'accès aux chaînes et à leur service de rattrapage. Concrètement, MyTF1, france.tv et 6play seraient ainsi accessibles depuis un seul et même portail.
C'est à cette plateforme commune que pourraient s'agréger les offres SVOD des diffuseurs impliqués, dont celle de France Télévisions. Dans ce contexte, Delphine Ernotte, qui rêve d'une "équipe de France de l'audiovisuel", semble donc estimer qu'elle n'a aucun intérêt à lancer sa propre plateforme maintenant, préférant jouer la montre... ou jeter l'éponge ? En l'espèce, le service public se défend de tout abandon définitif du projet, qui laisse pourtant sceptiques de nombreux observateurs. "Même si les discussions n'aboutissent pas, notre projet de SVOD est prêt, nous avons des accords signés avec de nombreux producteurs", jure-t-on du côté de France Télévisions.
Reste maintenant à voir si les principaux acteurs impliqués, échaudés par l'échec de TPS il y a une dizaine d'années, parviendront cette fois à s'entendre autour d'un projet commun sur une offre payante alors que les négociations tendant à l'érection d'un "Netflix à la française" ont toutes échoué par le passé. La donne pourrait cependant changer alors que les diffuseurs français sont confrontés à l'urgence d'adapter leurs usages. À minima, la création d'une plateforme commune de rattrapage, sans segment payant, leur permettrait d'optimiser les frais engagés et d'élargir leur catalogue de contenus. Une idée à laquelle M6, qui s'attaque frontalement à Molotov, s'est montrée particulièrement favorable.