Molotov priée de passer à la caisse ? La semaine dernière, la plateforme française de streaming, qui permet de regarder gratuitement la télévision sur internet, annonçait être sur le point de passer la barre des 5 millions d'utilisateurs. Une ascension pour le moins fulgurante alors que Molotov en comptait moins de 1 million en avril 2017. Logiquement, la croissance hors-normes de la plateforme, qui mise sur le modèle dit du "freemium", aiguise les appétits alors même que les principaux diffuseurs privés présents sur le marché du gratuit se cherchent de nouvelles sources de financement.
C'est d'ailleurs l'objet du litige qui oppose encore TF1 et Canal+ et des revendications du groupe NextRadioTV. De son côté, si M6 est parvenu à signer sans embûches de nouveaux accords avec les principaux distributeurs, à l'exception de Free (les discussions sont encore en cours), le groupe dirigé par Nicolas de Tavernost a décidé de s'attaquer à Molotov. M6 réclame en effet à la plateforme une rémunération pour la diffusion de ses trois chaînes gratuites mais également que les utilisateurs de Molotov payent, via les offres payantes de la plateforme, pour accéder à celles-ci.
Interrogé par nos confrères du "Figaro", Jean-Marc Denoual, co-fondateur de Molotov, fait savoir qu'il n'a aucunement l'intention d'accéder aux demandes de la filiale de Bertelsmann. "Il n'est pas question de payer pour diffuser des chaînes gratuites" assure-t-il, se référant à la position des opérateurs télécoms et notamment d'Orange, qui a accepté de "relever le montant de sa redevance à TF1, en précisant qu'il payait seulement pour les services additionnels". Concernant le péage que le groupe M6 souhaite voir imposer aux utilisateurs de Molotov, Jean-Marc Denoual s'étonne de voir que le groupe "souhaite interdire (la plateforme) de distribuer ses chaînes gratuites gratuitement aux Français".
"Ce qui est étonnant, c'est que de son côté, il continue de proposer gratuitement M6, W9 et 6Ter sur 6play" poursuit-il, estimant que la pratique tend à "de la distorsion de concurrence". "Si M6 est convaincu de la pertinence du modèle payant pour les chaînes gratuites, qu'il le teste sur sa propre plateforme" juge-t-il, annonçant par la même occasion qu'il a alerté le CSA, l'Autorité de la concurrence et la répression des fraudes. Contacté par "Le Figaro", le groupe M6 rappelle de son côté qu'il a proposé d'accompagner Molotov dans l'expérimentation de son modèle freemium pendant une durée de deux ans.
Alors que cette échéance arrive très prochainement à terme, M6 estime désormais que "la valeur ajoutée qu(il) en tire pour (ses) chaînes thématiques ne justifie pas" la signature d'un nouvel accord sur le modèle freemium. Selon "Le Figaro", les discussions entre Molotov et M6 seraient au point mort. Alors que la survie de son modèle est en jeu, la plateforme demande au groupe audiovisuel la mise en place d'une médiation. Reste à voir si Nicolas de Tavernost fera preuve de bonne volonté alors qu'il s'est récemment déclaré favorable à la création d'une plateforme commune regroupant MyTF1, france.tv et 6play et qui serait donc en concurrence directe... avec Molotov.